Le Système et ses termites

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Le Système et ses termites

21 août 2012 – Nous allons développer une réflexion en évoquant parallèlement, et intimement mêlées, deux affaires qui sont effectivement ajustées dans la chronologie, qui peuvent paraître différentes si elles sont considérées à telle ou telle lumière que les commentateurs-Système affectionnent, – idéologie, sociologie, culture, etc. Notre parti-pris est de les rapprocher de certains points de vue ayant rapport avec le Système : du point de vue de la psychologie du Système ; du point de vue des mécanismes du Système ; du point de vue de la situation du Système. Notre conviction est que l’intérêt devient alors très grand d’effectivement confronter ces deux affaires et de les apprécier selon ce que nous jugeons être leurs similitudes, qui sont, sinon nombreuses, dans tous les cas très importantes et, à notre estime, essentielles.

Les deux affaires sont respectivement :

• Le cas de Julian Assange, actuellement en “résidence” forcée à l’ambassade de l’Équateur à Londres, après avoir demandé et obtenu l’asile politique dans ce pays. On connaît l’arrière-plan fourni et très complexe de cette affaire.

• Le cas de la condamnation à deux ans de prison pour “houliganisme” de trois jeunes femmes du groupe punk nommé Pussy Riot, à Moscou, le 17 août. On connaît assez, pour qu’on se dispense d'un rappel en détails, les tenants et les aboutissants de cette affaire.

Il faut d’abord songer à réduire ces deux affaires à leurs apparences dérisoires. Pour Assange, le cas lui-même porte sur une affaire qualifiée de “viol” et qui se résume, dans ses détails les plus minutieusement exposés par des procédures postmodernistes auxquelles “rien de ce qui est humain ne leur est indifférent”, au port ou non d’un préservatif, dit “capote anglaise” aux temps d’avant la civilisation, pour un ou plusieurs rapport(s) sexuel(s) avec une ou deux jeunes femmes de nationalité suédoise. On sait ce qui se cache derrière, les nombreuses suppositions, accusations, etc., conduisant dans le circuit prévu à une première extradition d'Assange en Suède, puis, pouvant aboutir à seconde extradition vers les USA, où il serait réduit en charpie par le “système judiciaire” US, constitué dans ce cas en une machine destinée à assouvir la besoin de revanche et de punition du Système. Assange a donc préféré demander l’asile politique. Un commentateur aussi avisé que Glenn Greenwald estime cette démarche absolument justifiée, dans la forme et sur le fond (le 20 juin 2012, dans le Guardian).

Pour les Pussy Riot, qui ne connaît leur épopée ? Spectacle blasphématoire postmoderniste dans une cathédrale de Moscou, arrestation, procès parfois surréaliste dans sa procédure, condamnation pour “houliganisme” décrit comme un acte inique rappelant l’Inquisition, le temps où “l’on brûlait les sorcières” (cela ne devrait pas arriver aux Pussy Riot), tout cela assorti de commentaires proches de la nausée (dans le chef de ceux qui les ont expectorées) sur la “tyrannie médiévale” de Poutine. Mieux vaut, décidément, le “temps des Twin Towers” que le Temps des cathédrales, certes… (Le Guardian a largement illustré la formule de “medieval dictatorship”, le 18 août 2012.)

Dans les deux cas, ces deux affaires, – y compris celle d’Assange prise dans le contexte précis de la demande d’asile et de ce qui motive cette initiative, – relèvent de circonstances accessoires, sinon dérisoires, et elles devraient avoir cette importance. Le contraire s’est produit, et elles ont pris aussitôt une importance qu’on peut qualifier de globale, avec de nombreuses interventions officielles. Dans les deux cas, c’est l’action du bloc BAO, qu’on pourrait aussi bien considérer comme une machination ou une sorte de réflexe tellement conditionné qu’il en devient machinal, qui est à la source de ce développement, et qui en est la cause fondamentale. Dans le cas d’Assange, c’est l’extraordinaire menace britannique d’investissement par la force de l’ambassade équatorienne, le jour avant que le gouvernement équatorien se décide en faveur de l’asile, – et ceci ayant accéléré cela, bien entendu, – qui a brutalement fait “exploser” l’affaire Assange-asile politique. Un article de The Independent, du 19 août 2012 explique comment «[T]he calamitous Foreign Office note to Ecuador – interpreted there and elsewhere as a threat to raid the country's London embassy…» fut élaborée et envoyée au gouvernement équatorien, avec l’accord explicite du secrétaire au Foreign Office Hague. (Le Premier ministre Cameron lui-même, en vacances, intervint le lendemain auprès de Hague pour qu’il “rétropédalât” en catastrophe ; même pour un serviteur avisé du Système comme Cameroun, avec quelques heures de temps et quelques centaines ou milliers kilomètres de distance, l’aspect effectivement “calamiteux” de la chose est apparu évident. [Sur Hague, voir le commentaire de Gerald Warner, dans The Scotland du 19 août 2012.])

Pour les Pussy Riot, il y eut donc une mobilisation générale des légions avancées du monde postmoderniste, qui va du showbiz aux personnalités (dites “pipols”) de ce monde de la communication, de service et de garde, suivis docilement par les directions politiques et jusqu’à l’inusable lady Ashton, la Haute Représentante de l’UE, qui semble produire des communiqués comme Ford fabriquait ses modèles T. La “mobilisation générale” n’entraîna pas et n’entraînera sans doute pas de violence particulière ; elle va des 145 signes sur un message tweeter aux prises de position politiquement correctes pour tenter de relancer les ventes de son dernier CD de Madonna, et ainsi de suite, – jusqu’à la manifestation de protestation à Moscou, après le verdict, atteignant à son maximum de rassemblement à peu près 500 personnes. Les commentateurs russes ont eu tendance à suivre, mais en les modérant notablement de considérations réalistes (voir Novosti, le 17 août 2012), les commentaires occidentaux sur la dégradation dramatique de l’“image” de la Russie à l’étranger à cette occasion, sa dégradation dans l’ordre de la réputation démocratique et de la vertu postmoderniste. Il va sans dire que tout cela est cousu du fil blanc de l’époustouflante et bombastic hypocrisie du bloc BAO et de tous ses fidèles chevaliers servants. (Bombastic, superbe et sonore mot anglais pour exprimer ce qu’on désignerait comme une “extravagante et pompeuse arrogance”, qu’on verrait défiler dans les orphéons de village qui sont le cadre habituel de la pensée postmoderniste qui nous inspire tous.)

Tout cela va de soi, et ce qui nous importe se trouve dans les effets réels qui sortent déjà et sortiront de ces deux affaires… Comme d’habitude, ils sont selon notre estime catastrophiques, dans l’immédiat et à terme, pour le bloc BAO. Pour Assange, c’est du cousu-main avec la menace de Hague d'investir l'ambassade équatorienne à Londres. L’Équateur a saisi la balle au bond et a convoqué le ban et l’arrière-ban des groupements de la nouvelle Amérique latine, laquelle n’apprécie guère que les ex-puissances coloniales roulent des mécaniques alors qu’elles prennent des raclées monumentales dans tout ce qu’elles entreprennent et mènent joyeusement leur monde civilisé à l’abîme de l’autodestruction-Système. Il y a déjà eu une sévère admonestation des pays du Pacte Andin et le soutien exprimé de l’UNASUR à l’Equateur ; il y aura vendredi prochain la réunion de la grande Organisation des États Américains, la belle structure mise en place il y a un demi-siècle par les USA pour contrôler les deux Amériques et qui, aujourd’hui, ne leur ménage pas, aux USA, les bras d’honneur. (23 pays ont voté pour cette réunion sur le comportement britannique demandée par l’Équateur, 5 se sont abstenus, et 3 ont voté contre, – les USA, le fidèle Canada et l’imposant Tobago, l’une des îles de Trinidad.) Assange et le cirque de l’attaque-western de l’ambassade londonienne de l’Équateur, voilà un motif de plus de rallier le continent latino-américain contre les impérialistes anglo-saxons qui menacent d’attaquer leurs ambassades… Est-ce bien habile, Honorable Secretary Hague ? Un expert russe disait de l’affaire Pussy Riot : «Everybody’s laughing at us. But it’s just an isolated incident that will be forgotten in a week.» Il n’a pas à craindre cette hilarité de la civilisation-Système puisqu’on est occupé à rire ailleurs, et d’autre chose, comme l’écrit Gerald Warner, à propos de l’affaire Assange/Hague et de la menace d’attaque de l’ambassade de l’Équateur : «Hague is pursuing gunboat diplomacy without any gunboats. He has made himself and Britain a laughing stock…»

Contrairement à ce qui est évalué généralement et quoi que l’on pense de ces trois jeunes femmes plus pathétiques qu’inquiétantes et plus symboliques de la confusion catastrophique de notre temps que de l’annonce de la démocratie idéale, l’affaire Pussy Riot ne dégradera pas un peu plus l’“image” de la Russie dans le bloc BAO, parce que cette “image” est irrémédiablement négative et ne peut être pire, dépendant en cela d’une haine également irrémédiable du Système contre la Russie en tant que force de résistance contre son action déstructurante, et dépendant par conséquent non de la Russie mais de l’état de dégradation du Système, et d'un Système cherchant et fabriquant des causes extérieures à cette dégradation. Pourtant, contrairement à ce qu'annonce l'expert russe cité, l’affaire Pussy Riot n’n’est pas «just an isolated incident that will be forgotten in a week»… Mais la chose procédera dans un sens contraire à celui qu’en attend notre civilisation si satisfaite de ses élans libéraux. Elle renforcera en profondeur, c’est notre estimation, un vaste mouvement de regroupement et de mobilisation qui touche la Russie, autour de principes nécessaires, dans cet affrontement entre les forces déstructurantes et la résistance structurante. L’église orthodoxe y a sa place, comme outil de structuration et comme référence de spiritualité, et nullement comme mesure de la corruption du monde et des clergés en particulier, ni comme référence de probité dans un univers qui ne cesse de nous dispenser des leçons à cet égard ; bref, l’aspect terrestre de l’église orthodoxe, qui est largement faillible comme nombre d’institutions du genre, ne nous intéresse pas, puisque seule la dynamique politique et métapolitique de sa dimension spirituelle est ici de quelque intérêt. La querelle dont il est question aujourd’hui n’est plus celle de la valeur morale dont on voudrait se croire investie, d’un côté ou de l’autre puisqu’il s’avère qu’il y a deux côtés, mais celle de la façon et du sens, et du tour enfin, que prend l’effondrement de cette civilisation.

L’implosion du Système vers le “rien”

C’est une étrange comédie… Nous savons bien que, dans de nombreux cerveaux s’élaborent de nouvelles théories sur les manœuvre que dissimule tel ou tel acte de telle ou telle direction du bloc BAO, ou de toutes ensemble après tout, mais il s’agit d’une autre activité. Nous parlons de la vérité de la situation… C’est donc, comme nous l’avancions, une étrange comédie, où les directions politiques des pays du bloc BAO s’agitent comme dans une danse de Saint-Guy, avec leurs divers appendices, essentiellement des éléments clefs du monde de la communication-Système, jusqu’au showbiz et au monde-“pipol”. Il n'est pas vraiment nécessaire de monter quelque complot que ce soit, tout le monde réagit et démarre au quart de tour, dans le même sens, de l’enflure, de l’ingérence futile, grossière et inutile, de la bombastic arrogance, pour qu'à chaque fois le bloc BAO se retrouve dans une position déséquilibrée, en complet contrepied avec lui-même, subventionnant les ennemis d’hier qui seront ceux de demain, réclamant des choses impossibles et repoussant les démarches de simple bon sens.

On tente de le montrer par ailleurs (ce 20 août 2012) : la diplomatie BAO est devenue inexistante et complètement invertie dans ses effets parce qu’elle n’existe plus que sous la forme caricaturale de la contradiction d’elle-même. La stratégie de la communication qui l’a remplacée, qui conduit à soutenir des causes dérisoires et complètement sollicitées (Pussy Riot), à investir des forces et des efforts considérables dans de grossières entreprises d’humeur, de caprice, de simple et cruelle vengeance (Assange), conduit à des résultats catastrophiques en donnant à chaque fois, et à très bon compte, des arguments supplémentaires à l’hostilité anti-BAO. (On observera, de ce point de vue, que les affaires Pussy Riot et Assange relèvent de la même stratégie de communication que celle qui a été suivie par le bloc BAO dans l’affaire syrienne, avec le succès qu’on voit.) On croirait que le Bloc BAO travaille pour entretenir la vindicte de nations diverses et de groupes de nations diverses, les provoquer gratuitement, exercer sur eux des pressions aussi grossières qu’inefficaces, les pousser à la radicalisation, alors que, dans le même temps, il aurait besoin des uns et des autres dans diverses circonstances, et d’une façon générale pour affirmer une perception de leadership à laquelle nombre d’entre eux céderaient s’ils étaient un peu plus ménagés.

Le concept d’“agression douce”, très spécifique au départ et développée essentiellement à l'intention de (contre) la Russie, est en train de devenir une stratégie spécifique d’agression permanente. Il s’agit d’un pas supplémentaire dans une stratégie générale de subversion et de dissolution des structures existantes, selon la logique implacable et aveugle, universelle dans son opérationnalité, du Système qui hait littéralement, jusqu’à la passion incontrôlable, tout ce qui n’est pas désordre et chaos. Les sapiens qui fournissent les régiments de cette entreprises d’entropisation, des directions politiques aux divers segments du système de la communication identifiés plus haut, sont semblables aux fameuses termites qui rongent le Système lui-même, et c’est exactement ce qu’ils font. Ce sont elles, ces directions politiques et ces “élites” de la communication, soumises à la maniaco-dépression née de la terrorisation de leurs psychologies, qui se trouvent absolument soumises aux règles inverties du monde orwellien de 1984. Orwell avait raison sauf qu’il s’était trompé dans le casting : ce sont les prétendus organisateurs de ce monde orwellien qui sont les premiers croyants et les premiers esclaves des fameuses équations inverties (“la guerre c’est la paix”, “la dictature c’est la démocratie”, “l’ignorance c’est la culture”, “la bassesse c’est la hauteur” et ainsi de suite) ; et ils appliquent ces équations de communication en priorité pour définir et faire évoluer la situation du bloc BAO lui-même, donc en jouant leur rôle de termites.

Le plus remarquable dans ce qui a marqué les deux évènements que nous commentons, c’est d’une part la dégradation exceptionnelle, qualitative, professionnelle, du personnel chargé de poursuivre ces opérations ; c’est d’autre part l’absence de substance dramatique, jusqu’au vide complet, qui caractérise les “causes de communication” enfourchées pour manipuler l’“agression douce”… Contempler le spectacle d’un Hague signer la lettre de menace contre l’ambassade de l’Équateur, qui affole même son Premier ministre pourtant abîmé dans les délices de ses vacances annuelles ; vouloir faire de l’anecdote Pussy Riot une seconde “affaire Dreyfus” adaptée aux temps postmodernistes, tout cela montre la décadence accélérée de l’architecture du Système… La stratégie du Système repose désormais sur un ensemble de réseaux et de tunnels de type termitière qui sont comme autant d’éléments constituant un étage de soubassement qui serait en état de pourrissement accéléré, avec la solidité de sa fonction d’assise évoluant à mesure. La stratégie “des réseaux” des philosophes déconstructeurs et postmodernistes se trouve là dans sa pleine application. (Voir aussi notre texte du 22 juillet 2011, sur “l’apocalypse molle type deleuzien…”.)

Le problème du Système est lié à son hermétisme, à son autosuffisance même et à la suffisance de cette autosuffisance, à son affirmation arrogante et irrémédiable qu’il est irrésistible en opérant de la sorte et qu’il ne peut être question qu’il opère autrement. Son mouvement de surpuissance se transformant en mouvement d’autodestruction, l’attaque déstructurante constante de subversion et de dissolution qu’il réalise s’appuie sur un socle lui-même de plus en plus subvertie et en cours de dissolution par sa propre action,– le pourrissement du soubassement signalé précédemment. C’est comme si un géant d’un poids gigantesque, ayant besoin d’une assise solide pour se tenir, préparer et asséner ses puissants et terribles coups de massue, se découvrait sur une assise de plus en plus friable, se transformant un sable fluide et fuyant, sous l’effet de la dissolution de son propre pourrissement de cette assise ; ainsi, le coup de massue perdant de plus en plus de sa force, ratant de plus en plus l’objectif, revenant de plus en plus parce qu’entraîné par sa dynamique contre le géant lui-même. S’appuyer sur le monde du showbiz et les “pipols” qui vont avec, sur une Madonna & Cie, pour mener une campagne politique antirusse à propos des Pussy Riot, c’est séduisant comme plan-marketing à exposer dans une riche salle de réunion de Goldman-Sachs ou du Bilderberg, mais dans la vérité de la situation du monde c’est d’une substance extrêmement légère, jusqu’à en être complètement inconsistante, complété en cela par un système de communication dont les caractères sont la volatilité, la versatilité et la piètre fiabilité (son côté Janus).

Le Système n’est pas en train de révéler ses vices et ses défauts, – on les connaît déjà. Il est en train de révéler le vide qui forme sa substance. (Un vide comme celui d’une Hillary si l’on veut, cette parfaite sapiens du Système : «Elle est extrême et vide à la fois, ce qui solde bien les comptes»). Sa substance révélée de plus en plus inéluctablement comme une non-substance, le Système devenant le trou noir de lui-même et s’aspirant lui-même, dans un processus d’implosion revenant, encore plus qu’à “s’écraser violemment et à se concentrer en un volume réduit” (définition courante de l’implosion), à “se réduire en un volume débouchant sur le rien”. Ainsi voit-on ce phénomène caractéristique : plus le Système implose, plus sa matière qui semblait faire sa substance animant sa surpuissance se révèle être un vide de toute substance, jusqu’à une anti-substance entraînant son autodestruction…

Un Assange signifie certes beaucoup de chose mais son rôle et son efficacité n’ont cessé de diminuer en importance, et il semblerait logique dans la circonstance où nous sommes que le Système devrait n’en ait fait qu’une bouchée ou bien ne pas perdre son énergie dans des conditions si douteuses à une traque qui n’est que d’un piètre rapport ; au contraire, dans le cas évoqué, lui-même, Assange, met le Système imprudemment aventuré et sans assise ferme dans l’humeur absurde de prendre des risques dont il ne mesure pas les conséquences ; bientôt, comme le géant déséquilibré recevant le coup de massue destiné à l’adversaire qui lui échappe, il apparaît que cet adversaire est devenu un nom, une “cause célèbre” à propos de laquelle un continent qui n’attend que cela se mobilise pour infliger, une nouvelle fois, une humiliation au bloc BAO, au Système, – et c’est le coup de massue “en retour”. Les Pussy Riot sont trois jeunes femmes pathétiques, qui doivent sans aucun doute connaître des élans et des souffrances ; mais en tant qu’objets et arguments du Système, s’il s’agit de mettre la sainte Russie, ses us et ses coutumes, son histoire et ses traditions, en position de vieillerie à mettre à la poubelle, eh bien ces trois malheureuses ne sont plus rien, aussi vides que le Système qui croit les manipuler… Personne, parmi ces divers acteurs dont fort peu sont à la hauteur de leur rôle, n’est vraiment en cause selon une responsabilité avérée ; ce qui est en cause, c’est l’inexistence de la substance du Système, enfant du “déchaînement de la Matière”, et ce Système, laissé à sa propre haine impitoyablement réductrice, s’enfonçant irrémédiablement dans une dynamique de réduction de lui-même au “rien” qui est l’aboutissement des entreprises d’autodestruction.