Le système pénitentiaire US, programme-Système génocidaire

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Le système pénitentiaire US, programme-Système génocidaire

La chose ne cesse de stupéfier, même les plus conformes des membres de la secte américaniste, principale branche du Système : l’Amérique, Land of the Free, devenue “nation de l’emprisonnement”. Serait-ce la seule occurrence où ce rassemblement hétéroclite que sont les USA mériterait effectivement l’appellation de “nation”, méritant ainsi une légitimation selon l’inversion des valeurs, ou une légitimation invertie ? C’est un retour, également inverti et affreusement ironique, aux origines : Tocqueville fit son voyage fameux aux USA, en 1831, d’où sortit De la démocratie en Amérique, pour étudier l’exemplaire système pénitentiaire de la Grande République.

Sur son blog, sur CNN.News, Fareed Zakaria consacre un article à «The incarcération Nation», où il salue une intervention protestant contre cette situation du révérend Pat Robertson, pourtant meneur de l’extrême droite chrétienne qui est d’habitude partisane d’une répression pénitentiaire sévère. Une telle intervention (de Robertson) marque combien la situation pénitentiaire aux USA est de plus en plus reconnue comme une dynamique-Système absolument hors de contrôle, et frappant d’une façon discriminatoire avérée les minorités raciales (les Africains-Américains essentiellement). Le fait qu’un seul des candidats à la présidence (Ron Paul) considère ce problème d’une façon radicale et selon son caractère raciste dans son programme, pour proposer de terminer abruptement la “guerre contre la drogue” et tenter de reprendre le contrôle du processus, donne une bonne mesure de l’acquiescement et de l’asservissement de la direction politique aux consignes du Système. (Ron Paul est ainsi le seul candidat à la présidence authentiquement antiraciste, et le seul à avoir fait l’objet d’une campagne organisée, autant des libéraux que des conservateurs du Système, de dénonciation de ses opinions racistes. C’est une remarquable performance-Système.)

Zakaria : «Something caught my eye the other day. Pat Robertson, the high priest of the religious right, had some startling things to say about drugs.

»“I really believe we should treat marijuana the way we treat beverage alcohol,” Mr. Robertson said in a recent interview. “I've never used marijuana and I don't intend to, but it's just one of those things that I think: this war on drugs just hasn't succeeded.” The reason Robertson is for legalizing marijuana is that it has created a prison problem in America that is well beyond what most Americans imagine. “It's completely out of control,” Mr. Robertson said. “Prisons are being overcrowded with juvenile offenders having to do with drugs. And the penalties, the maximums, some of them could get 10 years for possession of a joint of marijuana. It makes no sense at all.” […]

« …What changed was the war on drugs and the mindless proliferation of laws that created criminal penalties for anything and everything. If you don’t believe me, listen to Pat Roberston again. Here's a quote:

“We here in America make up 5% of the world's population, but we make up 25% of jailed prisoners.... Even though these prisoners may have been sentenced by some court or some offense, should they be behind bars. Here's the thing: We have now over 3,000 – the number must be might higher than that, but over 3,000 federal crimes, and every time the liberals pass a bill – I don't care what it involves, they stick criminal sanctions on it. They don't feel there is any way people are going to keep a law unless they can put them in jail.... So we have the jails filled with people who are white collar criminals.”

»In the past two decades, the money that states spend on prisons has risen at six times the rate of spending on higher education. In 2011, California spent $9.6 billion on prisons, versus $5.7 billion on higher education. Since 1980, California has built one college campus; it's built 21 prisons. The state spends $8,667 per student per year. It spends about $50,000 per inmate per year.»

Ce rapport statistique est étonnant et extrêmement significatif : les USA regroupent 5% de la population du globe et 25% de la population pénitentiaire du globe. (Similitude symbolique et révélatrice avec des rapport équivalent pour les USA : 5% de la population du globe, 25% de la consommation de pétrole du globe, 5% de la population du globe, 29% du nombre de personnes classées “riches” et “très riches” du globe [en 2008] aux USA, largement en tête là aussi, et ainsi de suite… Il y a un rapport inverti de cause à effet à envisager, du plus grand intérêt.)

C’est bien la “guerre contre la drogue” qui a accru d’une façon exponentielle le nombre de personnes affectées d’une façon ou d’une autre par le système pénitentiaire (prison, libération sur parole, contrôle judiciaire, etc.), soit 7,1 millions de personnes aux USA en 2012. Cette “guerre contre la drogue” affecte, on l’a dit, d’une façon disproportionnée les minorités raciales, essentiellement les Africains-Américains mais également les Latinos. Le fait est avéré et sert de fondement argumentaire à la proposition de Ron Paul de cessation de cette “guerre”, qui s’avère être ainsi, pour lui, plus un système à peine dissimulé mais habilement soft de “nettoyage” ethnique et raciste qu’une action de la moindre efficacité contre l'usage de la drogue.

L’aspect opératoire fondamental de cet accroissement exponentiel est bien entendu l’argent et l’orientation de fonctionnement du système capitaliste vers le rapport exclusif du profit. Le Goulag US est complètement privatisé, sous le terme d’“industrie pénitentiaire”. Sa rentabilité est fonction du nombre de prévenus, et le système fonctionne donc, “objectivement”, sans nécessaire impulsion humaine ni nécessité sociale particulière, dans le sens de cet accroissement exponentiel, aveuglement et hors de tout contrôle. Les conditions de détention, fameusement assimilables aux USA à une situation de torture et de dégradation constante, constituent effectivement une entreprise d’extermination par la dégradation physique et psychologique inscrite dans le cadre légal du système pénitentiaire (toujours cette même logique de l’inversion diabolique pour la fonction de la “légalité” dans ce cas). Adam Gopnik montrait, en janvier dernier, que le système pénitentiaire US a dépassé, en nombre de personnes ainsi neutralisées et marginalisées par rapport aux normes du Système, sinon conduites à l’élimination, une population supérieure à celle du Goulag stalinien et à celle de l’esclavage aux USA en 1850 ; cela mesure la marche vers la perfection exterminatrice de cet ensemble. (Voir le 26 janvier 2012.) Il s’agit bien d’une tendance-Système qui exprime une volonté automatisée d’extermination de segments de la population jugés improductifs, inadéquats, voire simplement jugés nuisibles selon la référence raciale. Cela convient très largement pour rencontrer les caractéristiques techniques du génocide ; en admettant qu’on pourrait y inclure le fait d’une sorte de “volonté génocidaire” quasiment autonome du Système remplaçant le facteur humain à cet égard, on compléterait une définition actualisée, “postmodernisée”, du génocide.

La finalité du Système, dans cette manifestation qui est l’une des plus expéditives et efficaces du point de vue des effets exterminateurs habilement inscrits dans les normes théoriques de la morale-Système, est effectivement, du point de vue de la population, l’extermination pure et simple. Cette finalité s’inscrit dans une logique génocidaire et, bien plus définitivement et ontologiquement, dans une logique entropique de dissolution du monde par le biais de la transformation achevée de notre civilisation en contre-civilisation. Tout cela se passe dans le cadre d’un apparat-Système où les USA continuent à être considérés comme le modèle de démocratie et de liberté. Cela représente une remarquable performance du Système et mesure le degré d’asservissement des psychologies humaines qu’a réussi à imposer ce même Système. L’ensemble présente un cas exemplaire de la situation d’hermétisme à laquelle parvient le Système, qui confirme alors qu’il mérite l’appréciation d’être le support le plus efficace possible pour rendre opérationnelle l’intervention exclusive du Mal dans l’évolution de notre contre-civilisation.


Mis en ligne le 2 avril 2012 à 05H56