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852Difficile de dire quelque chose de nouveau lorsqu’on doit dire quelque chose de conforme. C’est un problème pour Obama qui doit apparaître à la fois comme nouveau (pour les électeurs) et conforme (pour le système). Démonstration: son appel, à Berlin, devant la foule type-“festival de rock”, à une “grande coopération” entre les USA et l’Europe dans la lutte contre le terrorisme; répétition du thème à Paris, devant un Sarko ébahi par cette idée épatante. Excellente idée, certes, à part que c’est en cours depuis bien longtemps… (On imagine que Sarko, qui fut ministre de l’Intérieur, a du l’en informer.)
C’est Eric Egland, un major de l’USAF qui participa à cette coopération anti-terroriste, qui rappelle la chose (dans l'International Herald Tribune du 1er août), en précisant d’ailleurs que l’une des meilleures coopérations transatlantiques à cet égard est entre les USA et la France, – cela, bien avant Sarko-président évidemment.
«In Paris,
»But there's one problem. We Americans already have a counterterrorism partnership with the European Union. And it works. Indeed, despite news media caricatures of aggressive Americans feuding with pacifist Europeans, both groups are quite serious about protecting citizens by working together.
»The urgency of this partnership became clear after investigators discovered that a cell in Hamburg, Germany, had helped in Al Qaeda's attacks against America on Sept. 11, 2001. After bombings in Madrid and London, the partnership expanded.
»Since then the number of attacks and plots aimed at our European allies has dropped. And here in the United States, of course, Al Qaeda has been unable to attack since 9/11.
»Officials in the American and European military, intelligence and law enforcement communities created this success, and a strong counterterrorism partnership made it possible. The key pillars are better intelligence sharing and closer law enforcement cooperation.
Egland fait une description de la réussite de la coopération entre les USA et les pays européens… Cette coopération et cette réussite, si elle ne sont pas spectaculaires et donc fort peu mises en évidence, constituent des faits établis, parmi les plus solides de la lutte anti-terroriste internationale et occidentale. La discrétion nécessaire du processus lui-même implique combien une telle coopération ne peut évidemment constituer une de ces “causes médiatiques” qu’affectionnent les hommes politiques transatlantiques. Obama s’en est saisi simplement parce qu’il lui fallait quelque chose sur quoi appuyer son appel au renouveau transatlantique, quelque chose qui fasse référence référence à la sacro sainte “guerre contre la terreur”, quelque chose qui ait un aspect mobilisateur transatlantique, et l’on a choisi quelque chose qui marche très bien depuis des années et en toute discrétion.
Après avoir détaillé l’un ou l’autre exemple de coopération réussie (entre les USA et la France, entre les USA et l’Allemagne), après avoir rappelé l’architecture de traités et d’accords existant entre pays, organisations, services des pays occidentaux et transatlantiques, Egland ajoute, sur un ton acide : «In 2004, J. Cofer Black, the State Department's coordinator for counterterrorism, testified about the success of these partnerships before the Senate Foreign Relations Committee's subcommittee on European affairs. Had Obama, who now heads that subcommittee, read the transcripts from the meeting, which took place before he came to office, or had he held a similar hearing, he might have known that the partnerships he called for last week already exist.»
…Mais l'on sait d’ores et déjà qu’à la tête de sa sous-commission sénatoriale chargée des affaires européennes, Obama n’a pas montré une attention très remarquable aux affaires européennes. Aucune vraie surprise dans tous ces constats, sinon la confirmation que la tournée européenne d’Obama fut une opération de relations publiques destinée aux USA (d’ailleurs plus ou moins bien réussie). Obama est d’abord un candidat “de l’intérieur”, préoccupé principalement par les affaires intérieures US; il évoluera peut-être s’il est élu, c’est à voir; en attendant, il en est là. Quant aux relations transatlantiques dont les deux bords proclament qu’il faut les régénérer, force est de constater qu’on en est, là aussi, au stade de l’incantation. Tout ce qui peut être fait dans le domaine de la coopération dans les conditions politiques présentes est fait, comme cette coopération anti-terroriste; le reste n’est que vœu pieux et relations publiques effectivement. Les relations transatlantiques en tant que “grande cause” dont on voudrait faire un flambeau pour faire renaître la mystique du temps de la Guerre froide ressortent du domaine du virtualisme. La chose n’est pas vraiment nouvelle.
Mis en ligne le 2 août 2008 à 19H36