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828Le succès extraordinaire du livre Rogue State: A Guide to the World's Only Superpower, de William Blum, à la suite d’une citation de ce livre dans le message d’Osama Ben Laden, a provoqué une fureur homérique de GW Bush. Depuis la diffusion du message de Ben Laden, en cinq jours, le livre est passé de la 205,763ème à la 27ème place dans le classement d’Amazon.com.
(On a parlé d'un chiffre de vente d'ores et déjà pharaonique pour les quelques jours depuis l'annonce de Ben Laden, autour de 150.000 exemplaires. Il s'agit de commandes, Rogue State datant de 2001 et n'étant pas disponible en nombre. Amazon.com nous avise qu'une nouvelle édition (la 3ème) est en cours d'impression. Rogue State a paru en français, sous le titre L'État voyou, éditions Parangon. Excellent livre de référence... Nous ignorons si notre appréciation aura le succès de celle de Ben Laden, — mais voilà, cela est dit.)
La rage présidentielle, relayée par diverses sources vers les médias, tient également au fait que William Blum, qui a 72 ans et qui est un “dur de dur” de la dissidence US, s’est bien gardé de verser dans l’hypocrisie de refuser ce patronage involontaire de Ben Laden. Al Jazeera.net rapporte : « “This is almost as good as being an Oprah book,” [Blum] told The Washington Post, referring to the successful book club run by American television media celebrity Oprah Winfrey. “I was not turned off by the endorsement,” he told a New York radio station. “I am not repulsed and I am not going to pretend I am.” »
Les médias “officiels” US tentent comme ils peuvent (nous compatissons) d’exprimer leur désapprobation, selon les consignes de la Maison Blanche ; chose difficile à partir du moment où la cible est en train de gagner des montagnes de dollars, ce qui constitue la référence indiscutable de la vertu là-bas. Aussi trouve-t-on de ces passages un peu tordus, qui suintent discrètement la désapprobation (dans l’article du Post cité plus haut). D’abord le titre, avec le mot “glad” entre deux guillemets méprisants, comme quelque chose qui pue (« The Author Who Got A Big Boost From bin Laden — Historian “Glad” of Mention As Sales of Book Skyrocket ») ; puis ce passage (avec la même citation que ci-dessus, remise dans son contexte): « “I was not turned off by such an endorsement,” he informed a New York radio station. “I'm not repulsed, and I'm not going to pretend I am.” He patiently reiterated the thesis of his foreign-policy critique — that American interventions abroad create enemies.
» You could almost hear the ticking of a stopwatch. These were Blum's 15 American minutes, brought to him by a murderous zealot on the other side of the world who had named him to a kind of Terrorists Book-of-the-Month Club. The CIA duly verified the audiotape from bin Laden, and there it was: Blum had a bona fide book blurb from the evil one. »
Mis en ligne le 24 janvier 2006 à 13H34