Le triomphe de l'Empire

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Le triomphe de l'Empire

La fin de l'année 2014 voit l'Empire, pour reprendre le terme employé par Vladimir Poutine dans sa conférence de presse du 18 décembre, triompher sur tous les plans. Nous avons noté ces succès dans plusieurs articles écrits au fil de l'actualité ces derniers jours. Il est temps désormais d'en faire une synthèse.

L'Empire, inutile de le définir, chacun devrait savoir ce qu'il en est. Il s'agit du système ou complexe politique, militaire, financier et médiatique qui domine une partie du monde, à partir de Washington et Wall Street. Certains, parmi les dominés que nous sommes, se plaisaient ces derniers temps à pronostiquer la montée de faiblesses au sein de l'Empire, susceptibles d'entraîner un jour sa chute. Mais c'était vivre d'espoir, pour se dispenser de voir la sombre réalité. L'Empire triomphe, il met à genoux ses rivaux potentiels, les uns après les autres.

Vladimir Poutine à genoux

La Russie, dirigée par Vladimir Poutine, vient de refuser d'affronter la puissance du dollar. Elle n'a pas cherché à s'en affranchir, en imposant le rouble, même dans les transactions qui la concernent directement.

Poutine pense lutter contre la spéculation s'en prenant au rouble, en mobilisant les réserves de la Banque de Moscou. Mais celles-ci ne dureront pas longtemps si le Système veut vraiment, comme tout le montre , la chute de la Russie en tant que puissance diplomatique et militaire indépendante. Il ne réussira même plus à trouver des acheteurs pour son gaz, surtout si l'idée lui venait d'exiger des paiements en roubles et non plus en dollars.

L'Europe à genoux

Le phénomène n'est pas nouveau. Nous le dénonçons ici depuis des années, sans aucun succès évidemment, car l'Europe est incapable de se constituer en puissance indépendante et souveraine. Elle a abandonné depuis longtemps toute autonomie dans le domaine vital de la guerre des réseaux. Le rapport français Urvoas, dont on n'a pas suffisamment parlé, montre ainsi que nos entreprises sont espionnées et pénétrées en permanence no seulement par leurs concurrentes américaines, mais aussi par la NSA, la CIA et le Département dEtat. Si la France dans ces conditions réussissait à vendre des Rafales en Inde, cela tiendrait du miracle.

Tout aussi significative est la « punition » imposée par Google à un gouvernement européen qui cherchait à taxer quelque peu ses énormes profits. Mais faut-il s'en étonner. Nous lui donnons, à lui comme à ses amis de web américain, des armes permanentes pour nous piller. Non seulement en consommant à tout va ses « services », non seulement en ne mettant pas en place des concurrents véritablement européens, mais en refusant l'harmonisation fiscale intra-européenne qui pourrait enfin faire réfléchir tout ce beau monde.

Cuba à genoux

Petit événement dira-t-on que la reddition qui sera vite complète du castrisme canal historique face à une Amérique à laquelle il avait réussi pendant 50 ans à s'opposer. Mais l'évènement est loin d'être mineur. Avec la reconquête de Cuba, c'est une bonne partie de l'Amérique centrale et même de l'Amérique latine qui s'interrogera. Ne serait-il pas plus diplomatique et profitable d'accepter sans discuter la domination de l'Empire. En ce cas, Washington pourra non seulement ouvrir ici et là de nouveau Guantanamo, mais surtout récupérer le contrôle des ressources naturelles et humaines de la région. Todos americanos, selon l'expression d'Obama. qui devrait devenir prophétique

Le BRICS ?

Certains feront valoir que ces succès de l'Empire ne s'étendent pas à l'ensemble du monde. Resteraient encore de gros morceaux à soumettre, la Chine et l'Inde en particulier. Ainsi le BRICS, (avec et même sans la Russie) serait un jour en mesure de disputer à l'Empire la domination du monde. Mais là encore, il ne faut pas se faire trop d'illusions. Si le BRICS passe du rêve aux réalités, il lui faudra des années. De plus, il n'est pas homogène. Les forces de l'Empire ont a montré que, comme dans la lutte des Horaces contre les Curiaces, elles savaient diviser pour régner.

 

Jean-Paul Baquiast