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18 février 2004 — Aujourd’hui, les trois chefs d’État et de gouvernement des trois principales puissances européennes se rencontrent à Berlin. Blair, Chirac et Schröder ont tenu diverses réunions de la sorte, la plus récente en septembre dernier, et déjà à Berlin. Mais depuis cette rencontre de septembre 2003 et avec celle-ci plus précisément, la crainte est née qu’on assiste à une institutionnalisation d’une sorte de “triumvirat” européen. Il faut dire que les facteurs poussant à cette démarche ne manquent pas, ne serait-ce que les arguments que donnent ceux-là mêmes qui, aujourd’hui, s’inquiètent de la perspective d’un triumvirat.
C’est en effet parce que l’élargissement à 25 arrive, que les premiers effets de cet élargissement se sont faits sentir avec le blocage de la constitution en décembre 2003, que les réunions à trois prennent du corps et peuvent ressembler à une sorte de “triumvirat”. Le problème est bien là : ceux qui dénoncent le “triumvirat” pourraient bien être les mêmes qui, à cause de leur comportement, donnent tous les arguments du monde pour que s’établisse un triumvirat. (On verra notamment, pour expliciter cette question, l’article publié le 10 février 2004 dans le Christian Science Monitor, sous le titre de « Europe's small states fear domination by “big three” ».)
En attendant que ces craintes périphériques soient apaisées (elles le seront aussi vite que les Polonais s’apercevront de l’impasse où les mène leur politique pro-américaine, c’est-à-dire rapidement), une partie très importante du sommet sera consacrée à la mise en place d’une proposition de force de réaction rapide européenne. Ce devrait être là la partie essentielle de la rencontre, de même qu’il s’agit de la partie essentielle de l’association à trois.
Les indications précédant le sommet montrent qu’effectivement un accord a été conclu entre les trois pays pour la constitution d’une force d’intervention rapide de l’Union européenne. Cet accord porte sur une force où la rapidité d’action (déploiement en 15 jours) a été privilégiée par rapport à l’importance du contingent (1.500 hommes). Le modèle d’intervention choisi est l’opération Artemis, qui fut déclenchée début juin et qui a duré jusqu’en septembre.
• Le choix de cette formule tient essentiellement aux moyens disponibles (au début, on parlait d’une force de 60.000 hommes, c’est-à-dire en réalité 20.000 hommes avec la possibilité de deux rotations). Les forces armées de tous les pays occidentaux sont aujourd’hui surchargées par les interventions et limitées par les moyens budgétaires.
• La formule permet d’autre part une présentation politique avantageuse pour ceux qui craignent des réactions américaines défavorables, ou pour ceux qui craignent l’affirmation d’une concurrence avec l’OTAN.
• D’autre part, l’affirmation politique que constitue cet accord a un poids plus grand que l’outil militaire sur laquelle elle porte. C’est ainsi que la décision sera principalement interprétée.
Militairement, il n’est pas assuré que l’appréciation selon laquelle cette formule témoigne d’une faiblesse des moyens et d’une prudence politique soit fondée sur le terme. Elle reflète une appréciation de circonstance mais, sur le fond, la formule d’intervention type-Artemis représente un choix fondamentalement différent du type d’intervention lourde, comme celle des Américains en Irak. Artemis est plus le choix d’une approche politique et militaire spécifique que l’illustration d’une faiblesse par rapport à Iraqi Freedom. (Voir notre texte sur une comparaison des deux formules et des deux opérations.)
Ci-dessous, le texte de présentation de l’accord et de la réunion d’aujourd’hui, publié par l’hebdomadaire Defense News, à partir d’une dépêche AFP.
By Agence France Presse, Brussels, 126 Febbruary, 2004.
Britain, France and Germany head into summit talks this week on the back of unprecedented cooperation on the military front that is finally putting flesh on the bones of the EU’s common defense policy.
Their burgeoning military alliance is expected to be one of the themes addressed by Tony Blair, Jacques Chirac and Gerhard Schroeder when they meet in Berlin on Feb. 18.
The three countries -- the largest and most powerful in the European Union -- have been trying to rebuild their ties after falling out spectacularly over the U.S.-led war in Iraq last year.
Their rapprochement bore fruit at a Blair-Chirac summit in November where the British prime minister and French president announced plans to create rapid reaction forces deployable at short notice to hotspots, notably in Africa.
Germany has now come on board the Franco-British initiative, diplomats said last week, to create battle groups of about 1,500 troops which could be dispatched rapidly to flash-point areas on behalf of the EU.
The troop contingents, in particular ready to take on missions in support of the United Nations, would be deployable within 15 days and able to remain on the ground for a month, diplomats said.
The initiative is based directly on experience of the EU’s first-ever military mission outside Europe, in the Democratic Republic of Congo last summer, when a French-led force helped quell fighting in the Bunia region.
In December the EU adopted plans for an independent military planning cell proposed by Britain, France and Germany which would seek to enhance the bloc’s defense capability.
The unit will be based with the EU’s existing military staff in Brussels, where NATO also has its headquarters.
Blair has been at pains to reassure Washington that the EU initiatives will not rival NATO, the U.S.-led military alliance that forms the bedrock of Europe’s defense.
But Chirac and the German chancellor are known to favor beefing up the EU’s own ability to act in the military field. The bloc, however, does not yet have the means to match their ambitions.
The EU originally wanted to create a rapid-reaction force of 60,000, but this has been scaled back because military capabilities do not stretch to the soldiers and equipment needed.
Nevertheless, with the backing of its three most powerful nations, the EU is now in a much better position to advance its fledgling common defense policy, which is widely seen as a non-starter without British involvement.
[Notre recommandation est que ce texte doit être lu avec la mention classique à l'esprit, — “Disclaimer: In accordance with 17 U.S.C. 107, this material is distributed without profit or payment to those who have expressed a prior interest in receiving this information for non-profit research and educational purposes only.”.]