Le “Trump’s genius” et le Système autodestructeur

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Le “Trump’s genius” et le Système autodestructeur

Tout le monde y a cru, – nous voulons dire, toute la piétaille-Système, de toutes les tendances, notamment chez les officiels républicains (et surtout chez les candidats à la désignation), chez les officiels démocrates et dans le monde de la communication qui soutient le Système. Les commentaires du Donald Trump sur les musulmans dont il interdirait l’accès au territoire US (avec précisions après-coup : interdiction temporaire, ne concernant par les musulmans de nationalité US) avaient provoqué une tempête classique dans la psychologie-Système et dans la partie du système de la communication qui lui est inféodée. La réaction était unanime : c’est “le coup de trop“, la “monstruosité trumpesque” qui ne passerait pas cette fois ; la tendance serait brutalement inversée dans le public dont on sait l’allégeance au Système pour le bonheur que le Système procure au public, et Trump se dissoudrait dans les sondages, retournant très vite à ses tours et à ses $milliards pour laisser faire les gens sérieux. Du vent, The Donald !

... Erreur, une fois de plus. Décidément, le dégoût qu’engendrent le Système et ses élites/serviteurs, dégoût le plus souvent inconscient dans les peuples habitués à ne pas réagir, mais dégoût qui est en train de submerge et d’orienter les réactions intimes, tout cela est beaucoup plus puissant que la narrative étique et même squelettique, et certainement pitoyable des “valeurs”. Tous sont usés jusqu’à la corde, les élites/serviteurs-Système, “les valeurs“, les narrative, – tout cela épuisé, vidé de toute substance, transformé en “bulle” inconsistante. Reste la surpuissance du système, plus surpuissante que jamais, c’est-à-dire l’autodestruction en mode-turbo puisque désormais l’une (la surpuissance) alimente l’autre (l'autodestruction) directement.

Cela dit bien que nous n’avons guère d’estime pour les frasques de The Donald, ni d’indignation d’ailleurs, mais plutôt de  l’indifférence si nous parlons du contenu et de leur pseudo-signification pseudo-politique, ou pseudo-morale. Là ne se situe certainement pas le problème, même s’il est de bon ton, rue de Solférino ou dans les salons parisiens, de s’exclamer devant le danger du “populisme-fascisme”. Tout cela, absolument et complètement accessoire ; la seule chose qui importe est que Trump joue à fond son rôle d’antiSystème tout simplement parce que c’est le rôle de sa vie et qu’il se marre. On ne lui demande pas, ni de comprendre, ni d’en faire une idéologie, mais simplement d’être lui-même... Le résultat, c’est un accroissement notable, sinon spectaculaire de sa popularité sondagière après “le coup de trop” qui devait le couler. Comment disait l’autre : “Allo, Système, nous avons un problème...”

Il suffira de lire les résultats des très nombreux sondages après la tempête qui a suivi les commentaires de Trump. L’écho médiatique des résultats n’a pas été considérable, – on comprend pourquoi, mettez-vous à la place de la presse-Système, – il n’empêche que tous ces sondages ont été faits parce que la machine marche et que l’argent (celui des instituts de sondage) doit circuler. Le résultat attendu, espéré, assuré, était le premier signe sérieux de la chute de Trump dans les sondages ; on a eu l’inverse... On peut lire l’article de ZeroHedge.com là-dessus, le 10 décembre.

Cette remarque ci-après dans cet article est intéressante (le souligné de gras est dans l’article original), autant par les perspectives qu’elle suggère, – après tout, Matrix a été salué comme la représentation cinématographique de la situation d’un Système autonome qui a enveloppé la civilisation dans une prison virtuelle, – que par l’ambiguïté de la situation en fonction du personnage, et par conséquent de l’ambiguïté de la suggestion elle-même. (Il faut alors prendre les tonitruantes interventions de The Donald, non pas comme un programme, – sale fasciste ! sale populiste ! –,  mais comme les moyens de délivrer l’esprit de l’emprise du Système ; ou bien l’on est conduit à croire que The Donald est le Diable et que c’est l’analogie Matrix-Morpheus qui est un moyen pour instaurer le fascisme-populisme. C’est un choix à faire si l’on accepte l’exercice, et le nôtre est fait, rien qu’à la vision et à la connaissance de ceux qui l’accusent d’être le fourrier du fascisme-populisme...)

« The genius of Trump is that he’s been remarkably adept at making voters question whether what he says is actually crazy or just sounds that way because Americans have been conditioned to recoil at anything that breaks decorum or sounds like it might not be “PC.” And that plays right into his message. He makes you wonder if it’s you that’s the crazy one. Perhaps you’ve been put in a stupor by years of watered down stump speeches and Trump is just speaking plainly and saying what everyone knows is true but is too scared to say in public. If that’s true, he’s a kind of nationalistic Morpheus trying to pull you out of a dangerous, misplaced multiculturalism Matrix. Or at least that’s what he wants you to think. It could be that he is exactly what his detractors say he is: a demagogue that’s stark raving mad... » 

Quant aux résultats eux-mêmes, qui sont la preuve tangible du “génie de Trump”, au moins en matière de communication et de show (on dirait presque d’entertainment), l’article très court de Paul J. Watson, d’Infowars.com, le 10 décembre également ... Et l’on savourera, par rapport au piètre commentaire-Système de l’ombre de l’ombre du “Yes, we can” (“Trump s’est disqualifié”, avait dit BHO à propos de l’intervention de The Donald), le résultat d’un des sondages qui dit que 96% des Africains-Américains interrogés approuvent la proposition de Trump. Sacré résultat, BHO, voilà donc l’effacement de la barrière raciale puisque Blancs et Noirs s’accordent pour soutenir Trump ...

« Trump caused controversy earlier this week when he suggested putting a halt to all Muslim immigration until a proper vetting process could be put in place to identify terrorists. The media reacted with vitriol, framing Trump as a fascist and insisting that he had finally gone too far. However, poll results suggest that the Republican frontrunner has only increased his popularity amongst likely voters.

» A Bloomberg Politics poll found that nearly two thirds of likely GOP voters backed the proposal, with more than a third saying it has made them more likely to vote for Trump. A poll conducted by the Washington Post even found significant support (over a quarter) amongst Democrats for Trump’s policy. The online survey, which canvassed the opinions of Californians in San Diego and Fresno, reveals that more people in those cities “strongly agree” with Trump’s proposal than those who “strongly disagree”. Another poll conducted by MSNBC found that the vast majority of Americans disagreed that Trump had “gone too far” with his comments, with a huge 96% of African-Americans siding with Trump. Meanwhile, a new CBS News poll shows, “Thirty-five percent of Republican primary voters support Trump, up 13 points since October, and his highest level of support in CBS News polling.”

» Most of the interviews for the poll were conducted before Trump’s comments on Muslim immigration, but the man himself celebrated the new numbers. These polls again underscore the fact that while the media has heralded his demise over and over again, Trump appears to be invulnerable to smear campaigns, which have only served to bolster his popularity. »

... Bref, si nous laissons les réflexions sur la nature de Donald Trump dont l’alternative qu’elles proposent nous semble tranchée absolument, – entre l’option “fasciste déguisé en antiSystème“ ou “antiSystème déguisé en fasciste” notre choix est évident, – on est tout de même conduit à une autre sorte de réflexion. Cette popularité durable de The Donald malgré tous ces pseudo-faux-pas qui s’avèrent être autant de coups de maître renforçant sa popularité ne cesse de rendre de plus en plus extraordinaire la perspective des présidentielles de 2016. Cela n’est plus de la fiction, cette perspective, c’est demain matin littéralement, puisque les primaires débutent dans un peu plus de trois semaines. Plus que jamais se pose la question qui semble de plus en plus sans réponse : comment se débarrasser de Donald Trump ?

Il y a eu, après cette dernière sortie, de véritables appels au meurtre pour être quitte de ce clown, notamment venus de vertueux commentateurs de la vertueuse “gauche progressiste” se réclamant d’Obama (rien que cela), – ce qui montre que la vertu trouve toujours une manière fort originale de s’exprimer dans l’environnement de la postmodernité. Cette perspective, qui serait bien dans les us et coutumes de la Grande République, est de plus en plus affolante, tant la notoriété de Trump, les haines qu’il attire contre lui, etc., rendent extraordinairement risqués un attentat contre sa vie ou toute autre sorte d’agression de la sorte, et finalement jusqu’à devoir recéler plus de conséquences déstabilisantes au niveau du public qu’une résolution sérieuse du problème. Il y a bien des combinaisons moins “expéditives” qui s’échafaudent, comme la constitution de super-cagnottes pour lancer des campagnes médiatiques massives contre Trump, mais il apparaît bien difficile de penser que de telles initiatives pourraient avoir raison d’un clown de cette trempe, avec le soutien massif que toutes ses extravagances lui procurent.

Chaque nouvel incident, chaque nouvelle péripétie autour de Donald Trump, en confirmant sa position dominatrice, contribuent à rendre encore plus affolante la perspective de l’élection présidentielle de 2016 aux USA. Avec la panique dans l’establishment-Système qui ne cesse de grandir face à une bestiole de cet acabit, on se trouve devant une complète terra incognita, tant politique qu’institutionnelle, que psychologique, pour ce qui est de la perspective de la campagne présidentielle US. Par ailleurs, tout cela est d’une extraordinaire logique qui nous est largement supérieure : un incident aussi extraordinaire que la candidature-Trump vaut bien l’aspect extraordinaire de la situation au Moyen-Orient, ou celui non moins extraordinaire de la situation de Daesh ; un clown déguisé-en-président pour porter un coup peut-être décisif au Système, ce serait bien dans la logique du monde fictif que nous impose le Système. Le tourbillon crisique tourne de plus en plus vite, la surpuissance du Système tourne folle, produisant une dynamique d’autodestruction à un rythme fou, – et, au-dessus de tout cela, ou bien disons à côté, sur le bord de la route, The Donald se tordant de rire, comme s’il s’agissait d’une immense farce divine.

 

Mis en ligne le 11 décembre 2015 à 10H55