Le « tueur » nous salue bien

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Le « tueur » nous salue bien

• Fallait-il classer cette nouvelle dans la rubrique ‘RapSit-USA2021’, tant les USA de l’incroyable Biden sont présents dès lors qu’il s’agit de s’ébrouer dans le désordre délirant et la paralysie furieuse ? • Mais il est tout de même question de Poutine, qualifié de « tueur »par Biden, en plein marmonnement existentiel. • Les Russes, d’autre part, s’opposent à Twitter : si l’on peut douter que ceci ait un rapport avec cela, on ne doutera pas que l’un ou l’autre le fera. • A Washington D.C., il y a un “pouvoir introuvable” qui est comme la mèche allumée d’une bombe.

 

D’abord, le folklore habituel, et habituellement de pire en pire alors que par ailleurs la Maison-Blanche reconnaît officiellementqu’il y a une crise à la frontière Sud, due à la nouvelle politique bidenesque, – crise due à « l’espoir » que cette nouvelle politique a fait naître chez les candidats migrants nous dit délicieusement une voix autorisée, alors qu’ils étaient privés de cet « l’espoir » sous le règne du monstrueux prédécesseur de Biden.

(Initiative instantanée de la Grande République face à cette “crise” : un crédit de 5 $milliards aux pays d’Amérique Centrale qui envoient leurs migrants, pour les convaincre de convaincre leurs migrants de ne plus migrer : habile manœuvre prolongeant une politique elle-même habile, couronnée par avance de succès. On compte avec incrédulité, mais entrain malgré tout, les points de cette étrange tendance à faire tout, absolument tout, dans le sens le plus extrême de ce que vous conseille la bêtise. A croire que la bêtise est un complot, pas moins...)

Mais venons-en à notre introduction qui, à elle seule, justifie une réflexion sur l’état du monde.

... Car, pour Biden, Poutine est « un tueur » et il en paiera les conséquences. (Entretien avec ABC.News diffusé ce 17 mars.) C’est une habitude chez les dirigeants américanistes : redresseurs de tort, cow-boys, global cop, mais d’habitude il laisse un peu de mou dans les rênes, – Biden, rien du tout ! Le Figaro fait un article-standard là-dessus, – c’est-à-dire qui prend au sérieux les déclarations de Biden et les accusations antirusses ; et là-dessus (suite), nos lecteurs sont conviés à lire le déferlement de commentaires de cet article montrant que les lecteurs des articles de la presseSystème ne s’en laissent nullement conter, l’on dirait même qu’ils ne lisent cette sorte d’articles que pour mieux en rire. Ainsi sait-on mieux de qui la bêtise est l’inspiratrice.

Bref, quelques paragraphes de cet articlepour situer le climat, celui dont les Russes sont obligés de tenir compte, qui s’appuie sur l’empilement classique de toutes les inventions. On parle du domaine des simulacres et FakeNews diverses que débite implicitement Biden en mode-automate, et dont la presseSystème américaniste ne cesse de faire ses choux-maigres ; là-dedans, dans le contexte soutenant l’invective, pas le moindre écho d’un appel à l’aide d’une parcelle de vérité qui se serait égarée dans ce “petit tas” considérable de piètres et grossiers montages et mensonges ; dont, il faut le souligner avec une certaine émotion difficile à contenir, « un tout nouveau rapport », – mais oui, mais oui, nous sommes entre gens sérieux, – des brillants services de renseignement du système de l’américanisme, sur (on retient son souffle)... les ingérences russes dans l’élection présidentielle de 2020, – ou peut-être sont-celles de 2024 après tout, pourquoi pas, c’est selon, et “Valsez Saucisses !” :

« Interrogé par le journaliste qui lui demande s’il estime que le président de la Russie “est un tueur”, le président Joe Biden a acquiescé : “Oui, je le pense”. “Vous verrez bientôt le prix qu’il va payer”, a-t-il ajouté.
» Au sujet des ingérences électorales de Moscou, qui selon un tout nouveau rapport des autorités américaines se sont reproduites en 2020, le président américain a également affirmé que Vladimir Poutine “en paierait les conséquences”. “Nous avons eu une longue conversation lui et moi, je le connais assez bien”, a expliqué le dirigeant démocrate, qui affiche une plus grande fermeté à l'égard du maître du Kremlin que son prédécesseur Donald Trump.
» “Au début de la conversation, je lui ai dit: ‘Je vous connais et vous me connaissez, si j’en viens à la conclusion que vous avez fait cela, soyez prêt’ pour les conséquences”, a-t-il rapporté, sans préciser s'il faisait allusion aux ingérences ou aux autres faits reprochés côté américain à Moscou, notamment l’empoisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny puis son incarcération. »

La question que se posent les Russes après cette intervention est toujours la même, et plus que jamais, jusqu’à des interrogations psychiatriques plus que métaphysiques, depuis que les démocrates et Biden sont au pouvoir : faut-il faire semblant de le prendre vraiment au sérieux ? Le fait est que si Biden continue ses interventions, – et l’on ne voit pas comment il pourrait s’arrêter tant qu’on l’autorise à marmonner devant des pseudo-journalistes, – ils (les Russes) pourraient bien se trouver dans l’obligation de riposter.

Qualifier de « tueur » le président en exercice, ce qui reste une position de légitimité malgré la bave courante de l’éructant bloc-BAOen mission humanitaire, ce serait en d’autres temps un acte d’insulte d’un degré de provocation inadmissible ; encore plus lorsque le pays dont l’insulté est le président n’est pas négligeable, et quoi qu’il en soit du degré d’insalubrité intellectuelle de l’insulteur, lui aussi président, et lui aussi d’un pays qui n’est pas négligeable, donc chargé de responsabilités spécifiques. Mais l’on doit admettre que les Derniers Temps ne sont pas nécessairement comme “d’autres temps”, et alors la perspective reste ouverte et incertaine...

Tout de même, des réactions pour l’immédiat : « Qualifier Vladimir Poutine de “tueur” et menacer de le “faire payer” est une “attaque” contre la Russie, a dénoncé mercredi un haut responsable russe après les propos du président américain Joe Biden. “C’est de l'hystérie due à l’impuissance. Poutine est notre président et une attaque contre lui, c'est une attaque contre notre pays”, a écrit sur son compte Telegram Viatcheslav Volodine, le président de la chambre basse du Parlement et influent proche du président russe. »

Il se trouve que cette grave question (“faut-il faire semblant de le prendre vraiment au sérieux ?”) se pose alors que, par ailleurs, ces mêmes Russes ont été conduits à emprunter le sentier, non encore de la guerre mais au moins de la fermeté, dans une affaire impliquant un des fleurons de la puissance actuellement irradiante des USA : Big Tech, dans le chef du Tweeter de Jack Dorsey.

Est-ce considéré comme une ingérence de « tueur » ? Cette autre question pour le système de l’américanisme.

En effet, un ultimatum est adressé par les Russes à Twitter : si certains contenus de ses tweets ne sont pas censurés (bel et bien) du point de vue russe, la Russie prendra la décision de complètement bloquer Tweeter sur ses réseaux. L’ultimatumporte sur les contenus de pornographie enfantine, d’appels au suicide de de consommation de drogue :

« Les autorités russes sont sur le point d'annoncer l'interdiction du réseau de médias sociaux Twitter dans les semaines à venir, si la plateforme ne se conforme pas aux demandes de retrait des messages illégaux contenant de la pornographie infantile, des appels au suicide et à la consommation de drogues.
» C’est ce qu’a déclaré le chef adjoint de l'autorité de régulation des médias de la Fédération de Russie, Roskomnadzor. Vadim Subbotin à l'agence de presse Interfax : si “Twitter ne répond pas de manière adéquate à nos demandes - si les choses continuent comme elles l'ont fait - alors dans un mois, il sera bloqué sans avoir besoin d'une décision de justice”.
» Dans le même temps, Subbotin a exhorté Twitter à se conformer aux ordres de retirer le contenu spécifié afin d'éviter une interdiction. »

On doit comprendre, bien entendu, que même s’il ne s’agit d’une affaire de gouvernement à gouvernement, l’importance de Twitter est telle que ce réseau social est de facto considéré comme faisant partie de la sécurité nationale à Washington D.C. (D’ailleurs, tout ce qui a un rapport avec la Russie et peut donner l’occasion d’une affirmation antirussiste est automatiquement classé dans la rubrique “sécurité nationale”.)

On ajoutera dans ce domaine des réseaux sociaux une autre attaque russe, quelques heures après cette menace de bloquer Twitter, également contre Twitter dans le second cas. Cette fois, l’affaire a à voir avec un compte lié à l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski, déjà condamné et emprisonné, puis gracié par Poutine, et qui est resté un adversaire déclaré de Poutine. Khodorkovski fait partie de la galaxie oligarque rescapée des années Eltsine, dans tous les cas de la faction qui s’est rangé dans le camp anti-Poutine, soutenu par tous les services et ONG occidentalistes-américanistes engagés dans le programme de structuration communicationnelle et subversive de l’antirussisme depuis l’arrivée de Poutine.

« L’autorité russe de régulation des médias a déposé une requête auprès de Twitter, pour que la plateforme agisse contre un média fortement anti-Kremlin dirigé par un ancien oligarque des années 1990, au motif qu’il enfreint les lois du pays.
» MBK Media, le porte-parole de Mikhaïl Khodorkovski, magnat de l'époque d'Eltsine, a annoncé mercredi qu’il avait reçu un message de Twitter l’informant de cette demande.
» “Nous vous informons que Twitter a reçu une demande officielle du Service fédéral de supervision des communications, des technologies de l'information et des médias de masse de la Fédération de Russie (Roskomnadzor) concernant le contenu de votre compte Twitter @MBKhMedia comme violant les lois de la Fédération de Russie”, aurait relaté la correspondance.

Il n’est pas vraiment utile de se plonger dans les arcanes de cette affaire, absolument truffées de manœuvres, de simulacres, d’inventions de FakeNews de circonstance un peu de tous les côtés. Il importe surtout d’observer que ces diverses nouvelles (y compris le “Poutine est un tueur” de Biden) viennent en même temps, dans l’habituel climat délétère de paroxysme dans les relations Russie-USA, et alors que l’administration Biden toute neuve et toute pimpante, se trouve avec, parmi d’autres tourbillons, deux crises majeures sur les bras, dans une structure crisiqueextrêmement active et productive :
• une énorme crise sur la frontière Sud, où l’on voit que l’administration ne sait comment la traiter après avoir cherché pendant plusieurs jours, à l’aide d’une boussole, s’il y avait “crise” ou pas ;
• un projet de loi anti-filibusterqui déclenche chez les républicains, même les plus modérés comme le chef de la minorité républicaine du Sénat McConnell, des menaces d’une véritable insurrection procédurière pouvant faire verser le Sénat dans le chaos.

L’ensemble semble prêt à se constituer en un épisode crisique intéressant par son intensité et par les divers imbroglios qu’il recouvre. Inutile de broder des hypothèses ou des perspectives. La seule chose qui apparaît toujours plus évidente, qui ne cesse de se confirmer d’épisode en épisode, c’est l’extraordinaire fragilité du pouvoir en théorie hyperpuissant des démocrates. Il s’agit, si l’on veut, d’une sorte de “pouvoir introuvable” comme l’on parlait d’une “chambre introuvable” sous la Restauration en France, avec une énorme majorité qui semblait assurer une hyperpuissance et qui produisait désordre et paralysie.

Les effets de cette hyper-vulnérabilité washingtonienne, Biden-démocrates, doivent se faire sentir à un moment ou l’autre en Russie, parce que la Russie est un super-déflecteur et un bouc-émissaire de tout pouvoir à la dérive à Washington D.C., avec une psychologie chauffée au rouge dans son épisode maniaque sans fin. Nous ignorons si c’est le cas dans ces diverses nouvelles, y compris si le durcissement de Moscou contre Big Tech jouer dans cette sorte de partie, mais tout indique que tout est possible à cet égard, d’un jour à l’autre et d’une heure à l’autre, d’une mèche à l’autre et d’une bombe à l’autre.

 

Mis en ligne le 17 mars 2021 à 18H00