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981La nouvelle majorité en Pologne va certainement introduire de notables changements dans divers domaines, dont ceux de la sécurité nationale et de politique extérieure. Ce devrait être le cas notamment pour les relations de la Pologne avec la Russie, que le prochain nouveau gouvernement polonais devrait tenter d’améliorer; même ambition symétrique, d'autre part, pour les relations de la Pologne avec l’Allemagne et, d’une façon plus générale, les relations de la Pologne avec les autres pays de l’UE. Des sources européennes estiment que ces deux ambitions pourraient se marier d’une façon constructive et avantageuse pour la Pologne, en renversant la politique des jumeaux Kaczynski: au lieu d’être le point de tension qui, au travers de relations (exécrables) avec la Russie, exacerbe les relations médiocres de l’UE avec la Russie, se poser au contraire au travers de relations améliorées avec la Russie comme le point par où les relations de la Russie avec l’UE peuvent s’améliorer.
La question est de savoir dans quels domaines la Pologne va pouvoir intervenir pour se donner une base de départ pour une modification de sa politique. Un point est notamment mis en avant par les sources européennes citées: la question des anti-missiles US (BMDE) en Europe (en Pologne). Les Russes font savoir, d’une façon semi-officielle, qu’ils espèrent effectivement des modifications de la politique de la Pologne dans ce domaine de la BMDE. C’est notamment le sens de l’intervention du président du comité international de la Douma (chambre basse du parlement russe), Konstantin Kossatchev.
«Pour le député russe, la majorité des Polonais s'opposent à l'orientation pro-américaine de la politique étrangère de Varsovie. “Je pense que des décisions seront prises en vue de remettre en cause la participation de la Pologne à l'opération militaire en Irak et à la coopération (avec les Etats-Unis) en matière de défense antimissile”, a-t-il dit.»
Certains jugent que l’attitude la Pologne s’en tiendra à la simple demande faite aux USA de conditions plus avantageuses pour la participation à la BMDE (Guardian d’aujourd’hui : «Washington may be unhappy to see Mr Kaczynski go for other reasons. He had welcomed deploying US interceptor rockets in Poland as part of the Pentagon's missile shield programme. While Mr Tusk and his party are also in favour of missile defence in Poland, they will seek to drive a harder bargain with the US.»). Une possibilité plus large de ce point de vue est que la Pologne cherche effectivement, au travers d’exigences plus importantes, notamment pour ce qui concerne la souveraineté natinale polonaise, à amener les Américains à se détacher peu à peu de l’option polonaise.
Une évolution générale à envisager plus précisément, qui s’accorderait avec l’ambition politique de la fin de l’isolement de la Pologne, serait de chercher à transférer ce problème de la participation polonaise à la BMDE au niveau de l’OTAN et (surtout) de l’Europe, – ce qui serait une innovation de ce point de vue, l'Europe en tant que telle n'ayant pas été impliquée jusqu'ici. Le nouveau gouvernement pourrait chercher également à impliquer la Russie dans cette question. En d’autres mots, il s’agirait de “multilatéraliser” et d’“européaniser” le problème pour éventuellement faciliter l’évolution de la Pologne par rapport à la BMDE (retrait de la BMDE), ou de justifier sa participation par une caution multilatérale et un contrôle européen de cette participation.
Un autre domaine à surveiller est la position de la Tchéquie, autre pays européen sollicité d'entrer dans la BMDE. Le gouvernement tchèque, déjà isolé dans son pays sur cette question par rapport à une opinion publique et une opposition parlementaire très hostiles, va devoir subir un second isolement en perdant le soutien polonais. D'une façon générale ausi bien que politique, aussi bien que pour des motifs de cohérence opérationnelle, la Tchéquie peut difficilement ne pas suivre l'évolution polonaise.
Mis en ligne le 22 octobre 2007 à 13H35