Le vote de Mallarmé

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Le vote de Mallarmé

«Je dis: une fleur! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calice sus, musicalement se lève, idée même et suave, l'absente de tous bouquets.”

Après la découverte de cette fine fleur, il écrit dans une lettre à son ami Cazalis: «Je viens de passer une année effrayante, ma Pensée s’est pensée et est arrivée à une Conception pure. Je dois t’apprendre que je suis maintenant impersonnel, non plus Stéphane que tu as connu, mais une aptitude qu’a l’Univers spirituel à se voir et à se développer, à travers ce qui fut moi”.

«[A]ptitude qu’a l’Univers spirituel à se voir et à se développer, à travers ce qui fut moi». Tout est dit. Certes avec des mots appartenant à ce que notre poète appelle la "mentale denrée", le langage ordinaire, mais le sens en est clair: il s’agit d’une soumission de ce que j’ai été ou ai cru être, à l’Univers spirituel. Mallarmé se soumet, fait soumission. En ces temps de Soumission houellebecquienne (son livre vient à point illustrer le prophétique du Livre), il n’est pas sans intérêt de le rappeler. Parler, c’est se soumettre qu’on soit beauf, pékin, charlie, humoriste bouffeur de mentale denrée, ou gourmet bobo, intello raffiné aimant l’absente fleur, on est soumis à l’Univers. En arabe ça se dit: musulman.

Quand je parle, que je le veuille ou pas, je suis parlé et comme le je suis parlé n’a pas pour chacun les mêmes titres de noblesse, beaucoup de je suis parlé sont des je suis charlie, des je suis charlatan, charlot, coolie, bailli, etc., et en sont fiers. Et ces charlie votent dimanche... Il serait bon, en ces temps de liberté d’expression que chacun tourne sa langue sept fois dans sa bouche avant d’en laisser sortir de la denrée et qu’à la liberté d’expression, nos frères humains s’affairent plutôt, non à la liberté de penser, chose impossible si l’on suit Mallarmé, mais au “devoir de penser”, à un “penser qui se pense” et qui donc serait un penser authentique. Ce devoir accompli, on leur laisserait la liberté de s’exprimer en espérant que moins d’énormités en sortent sur “Daesh”, le “Syrien qui ne devait pas exister”, le “Poutine pervers” et autres insanités qu’éructent président, ministre, journalistes, calvistes, politologues, experts…

«Je dis: une fleur! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calice sus»... bon, bon d’accord on connaît!.. Alors : je dis marinelepen et, hors l’oubli où ma voix relègue son contour en tant que quelque chose d’autres que ses coulisses sues, musicalement, se lèvera l’idée suave de la future présente au grand banquet de l’absence démocratique? Certes, elle mâche beaucoup de mentale denrée, la pen, la femme qu’elle est n’est pas le Nom de l’Univers, mais enfin, s’il faut passer par la boucherie non casher pour se débarrasser des garçons bouchers qui taillent dans la viande nationale, on peut oublier un temps son régime végétarien et se mettre à la peine… Je me serais bien mis à la merluche mais un doute existe malgré qu’il ait dit qu’un tzar-poutine vaut mieux que deux tulauras démocrates. J’attends qu’il dise: « Je dis bachar et hors de l’oubli où ma voix relègue son contour, en tant que quelque chose d’autre que les ragots désuets, etc… ». Dans [bachar] il y a char et il y a bas. Bon profil pour un boucher à la Valls ou un autre crétin de la caste. Le nommer El-assad serait tomber en musulmonomanie et, fleurant le racisme, à dénoncer à fabi gai sot. Entre temps, l’étant niaou a retrouvé la jouissance de son être à la pensée qu’il gaza. "La littérature, d’accord en cela avec la faim, consiste à supprimer le monsieur qui reste en l’écrivant". Sacré Stéphane, on te ferait bien premier ministre et même président !...

Marc Gébelin