Le vrai rôle de l’ISG

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Andrew J. Bacevich est un spécialiste universitaire US des questions de sécurité d’un réel talent. (Il est professeur d’histoire et de relations internationales à l’université de Boston.) Nous l’avons déjà rencontré et noté ses qualités qui font de lui cette rareté : quelque chose qui n’est pas très loin d’un esprit indépendant. Garder cela alors qu’on se trouve au sein de l’establishment US n’est pas un mince exploit. D’où l’intérêt que nous devons accorder à ses avis.

Lorsque Bacevich écrit ce qu’il écrit dans le Christian Science Monitor du 28 novembre sur l’ISG de Baker, c’est particulièrement significatif. L’ISG est au travail depuis longtemps, on connaît le rôle essentiel qu’il doit jouer avec son rapport qui devrait être publié d’ici une à deux semaines. Publier une condamnation aussi violente de ce groupe, lorsqu’on est, en plus, aussi bien informé que l’est Bacevich, nous en dit long sur la réalité du rôle du groupe Baker. Bacevich a fait le tour du problème et cet article présente des conclusions. Elles sont sans appel.

A la lumière de ce que nous rappelons ci-dessus, la réalité est qu’il est tout à fait justifié de prendre pour argent comptant l’appréciation de Bacevich.

«Even as Washington waits with bated breath for the Iraq Study Group (ISG) to release its findings, the rest of us should see this gambit for what it is: an attempt to deflect attention from the larger questions raised by America's failure in Iraq and to shore up the authority of the foreign policy establishment that steered the United States into this quagmire. This ostentatiously bipartisan panel of Wise Men (and one woman) can't really be searching for truth. It is engaged in damage control.

»Their purpose is twofold: first, to minimize Iraq's impact on the prevailing foreign policy consensus with its vast ambitions and penchant for armed intervention abroad; and second, to quell any inclination of ordinary citizens to intrude into matters from which they have long been excluded. The ISG is antidemocratic. Its implicit message to Americans is this: We'll handle things —now go back to holiday shopping.

(…)

»The ISG will provide cover for the Bush administration to shift course in Iraq. It will pave the way for the Democratic Congress to endorse that shift in a great show of bipartisanship. But it will hold no one responsible.

»Above all, it will leave intact the assumptions, arrangements, and institutions that gave rise to Iraq in the first place. In doing so, it will ensure that the formulation of foreign policy remains the preserve of political mahatmas like Baker and Hamilton, with the American people left to pick up the tab.

»In this way, the ISG will make possible — even likely ¬— a repetition of some disaster akin to Iraq at a future date.»

Dans ces conditions, et puisque effectivement l’ISG n’est qu’une entreprise de rafistolage convoquée en urgence, qu’il n’est évidemment pas à l’abri des divisions internes et de l’étouffement bureaucratique qui caractérisent le système, nous aurions tendance à encore plus insister même sur les chances réduites de l’ISG de mener à bien sa piètre mission. Etant une émanation du système et de ses ambitions les plus médiocres, l’ISG en a aussi les défauts. Parmi ceux-ci, il y a l’impuissance et la paralysie qui apparaissent très vite lorsqu’une mission délicate est entreprise. Non seulement l’ISG est une entreprise de rafistolage mais il se pourrait bien qu’il ne rafistole rien du tout.


Mis en ligne le 29 novembre 2006 à 08H43