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34785 novembre 2021 – On sait l’estime où, selon mon jugement, l’on doit tenir Jonathan Turley, le premier constitutionnaliste aux USA, dans cette matière labyrinthique et incertaine qu’est l’interprétation et l’application de la sacro-sainte Constitution aux Etats-Unis. Lorsque Turley écrit d’une affaire, d’un acte, d’un fait, qu’il est d’un caractère « sismique », à l’image d’un tremblement de terre, on peut être sûr que nous nous trouvons devant la possibilité, sinon la probabilité d’un événement d’importance. Dont acte...
« Le bureau du conseiller spécial John Durham a confirmé l'arrestation d'Igor Danchenko, une source clef de l’ex-espion britannique Christopher Steele. Il s’agit de la troisième arrestation de Durham, qui se dirige vers la phase d'accusation de son enquête sur les origines du scandale de la collusion russe [dans l’élection de Donald Trump]. Durham est décrit comme étant soit douloureusement méthodique, soit positivement glacial en tant que procureur. Mais il est largement reconnu pour être un procureur acharné et absolument apolitique. L'arrestation de Danchenko est un développement sismique et confirme que Durham est loin d’avoir terminé son enquête. »
Comme le note Turley, Durham prend son temps et agit avec discrétion, pour vous sortir des coups fumants. Amateur de base-ball, Turley parle de lui en citant le « Eephus pitch », terme de base-ball que je ne me risquerais pas à traduire, mais qui renvoie (!), aux frappes coupées, slicées, liftées, amorties du tennis et du volley ball, etc., voire au “service flottant” du volley (pratiqué à mon époque, – je ne sais si le terme existe encore, – une frappe redoutable, qui vous donne une balle à la trajectoire latéralement courbe, erratique et d’apparence faussement lente dans sa progression, un peu comme une feuille dans le vent, mais tournant sur elle-même très rapidement, très difficile à apprécier pour une réception sans faute).
Pour faire bref, on croyait le procureur spécial sur le ‘Russiagate’ Durham endormi, en tranquille burnout, à la retraite par procuration, mais il réapparaît soudain à la mi-août, comme un “Eephus”, une balle “flottante” qui vous présente une trajectoire complètement inattendue, voire incongrue. Aujourd’hui, il vient avec du lourd, du très-très lourd, du quelque chose qui peut mettre complètement à nu le “simulacre suprême” que fut le ‘Russiagate’, qui faisait de Trump une marionnette de Poutine.
Pour vous donner une idée du manège, décrit un peu partout comme chez ‘RedState.com’, juste ce passage de Nebojsa Malic, dans RT.Com :
« ...Une autre accusation est liée à un cadre anonyme d’une société de relations publiques proche des démocrates. Bien qu'il ne soit mentionné que comme “PR-Executive-1”, les journalistes d'investigation ont établi une correspondance avec Charles H. Dolan de Ketchum Public Relations.
» L’un d’entre eux est arrivé à cette conclusion en recoupant la déposition d’Olga Galkina, une amie d’école de Danchenko qui a été identifiée comme l’une de ses sources de seconde main l’année dernière.
» Plus tard dans la journée, un avocat représentant Dolan a confirmé qu'il était bien “PR-Executive-1”. Son implication met en place une chaîne de dominos dans le “Russiagate” : Les démocrates ont transmis [via Dolan] des informations [infos-bidons, dites FakeNews] à Danchenko, qui les a transmises à Steele, qui les a vendues à Fusion GPS [entreprise connectée aux Clinton], qui les a divulguées aux médias [de la presseSystème], qui ont à leur tour accusé Trump de “collusion” avec le Kremlin.
» L’acte d’accusation confirme également la révélation de 2020 selon laquelle le FBI était au courant des fausses déclarations de Danchenko au début de 2017, mais a continué à utiliser le dossier Steele comme motif d’espionnage de la présidence Trump. Le dossier a servi de base au mandat FISA initial pour espionner la campagne Trump via [l’espionnage de son] ancien assistant Carter Page, à partir de l'élection de 2016 et après la prestation de serment de Trump. »
Pourquoi parlerais-je d’un “Watergate” de ‘Russiagate’ ? (*) Selon au moins deux éléments :
• parce qu’avec l’inculpation de Danchenko, on arrive au cœur du “complot” (pardonnez ce terme pour une affaire impliquant les démocrates et Hillary) dit ‘Russiagate’, pour impliquer Trump dans un “complot” (cette fois, le mot convient !) russe, de Poutine lui-même, pour faire perdre The-Donald (raté) et lui pourrir sa présidence jusqu’au bout (réussi) ;
• parce que Durham est un dur de dur, un inflexible-incorruptible, qui ne lâche jamais sa proie lorsqu’il la tient entre ses mâchoires ; il devrait donc aller jusqu’au bout sur la piste fraîche de l’imposture, notamment grâce aux pouvoirs extraordinaires donnés à un procureur spécial.
Cet extraordinaire montage que fut le ‘Russiagate’, extraordinaire parce qu’aussitôt gros comme une maison et en plus d’une stupidité sans bornes, comme l’est le document Steele lui-même qui est son document essentiel, a une très grande importance. Par la méthode du mensonge le plus grossier, de la campagne systématique, ou disons systémique puisqu’ils s’alignent dans la presseSystème comme dans un système, il est à la base et il est fondateur des accusations d’ingérence lancées contre les Russes depuis. La plus petite élection, même partielle, même à Trifouillis-les-Oies, est honorée d’une suggestion d’une ingérence de Poutine lui-même, ”aux manettes”. Plus c’est gros a-t-on conclu, mieux ça passe.
Lre rôle dévolu à Poutine et à la Russie a son histoire. Jusqu’à Trump et au ‘Russiagate’, on pouvait taper sur Poutine dans le cadre de l’expansion militaristo-impérialiste russe qui, comme on le sait bien, ravage le monde depuis des décennies. Il avait organisé un putsch à Kiev, envahi en marche arrière le Donbass, menacé la Géorgie (capitale, Atlanta), installé ses frontières à une proximité inquiétante des bases uniquement-défensives de l’OTAN, attaqué les djihadistes tentant d’organiser leur démocratie, violé la souveraineté syrienne combien de fois en installant l’imposteur russe Saddam Al Assadov à Damas, et tant de choses de la même infamie.
Mais le ‘Russiagate’ a soudain changé le territoire du simulacre en le poussant au plus intime. Il a ouvert les portes de l’entre-nous et soudain, – ce fut un miracle, – voilà qu’on découvrit un coupable absolument sur mesure pour toutes les avanies, les horribles circonstances, les escroqueries et les affreux soupçons que les événements de nos vertueuses contrées faisaient peser sur nous, c’est-à-dire sur les honnêtes élites et directions des contrées de la civilisation. Imaginez l’aubaine : nous avions pris, la main dans le sac, la cause de toutes nos conséquences.
Ainsi ‘Russiagate’ ouvra-t-il une nouvelle période de notre riche vie politique. Même ces merveilleux Français, ces glorieuses phalanges déployées ‘En-Marche’, purent nous révéler le pot-aux-roses ; que ce soit les frasques de Benalla ou celles de Griveaux, que ce soit les gilets habillés de jaune, nous tenions le coupable : Poutine aux manettes !
Ainsi cette affaire de l’entêtement du très sévère Special Attorney Burnham, le Robespierre de la modernité-tardive, le « douloureusement méthodique » et le « positivement glacial – est-elle une aubaine, – et dans l’autre sens cette fois. Je n’avance rien qui ne soit garanti car le Système sait se défendre, mais j’observe que nous sommes sur deux voies qui, par miracle et si miracle il y a, pourraient déboucher sur des perspectives exaltantes.
• Aux USA même, à Washington D.C., à “D.C.-l’hyperfolle”, son enquête peut conduire à des mises en cause bouleversantes, qui viendraient se coller sur un pays déjà plongé dans une immense crise pour la porter à ébullition. Hillary Clinton est en bout de piste et en haut de la liste. Bien d’autres peuvent déjà craindre de sentir le vent du boulet, y compris le Saint des Saints, Barack Obama, qui risquerait de connaître une situation délicate puisque, comme le rappelle Turley :
« Même pour ceux d’entre nous qui ont suivi et écrit sur l'enquête sur la Russie pendant cinq ans, beaucoup de choses ont été révélées l'année dernière. Il a été révélé en octobre, par exemple, que le président Obama a été informé par son directeur de la CIA, John Brennan, le 28 juillet 2016, de renseignements suggérant qu'Hillary Clinton prévoyait de lier le candidat de l'époque, Donald Trump, à la Russie comme “un moyen de distraire le public de son utilisation d'un serveur de messagerie privé”. La date était significative car l'enquête sur la Russie a été ouverte le 31 juillet 2016, soit trois jours plus tard seulement... »
• Pour l’instant, Trump se tait, attendant son heure si l’horloge va dans le bon sens. Imaginez ses cris épouvantables si l’on arrive à la conclusion, évidente par ailleurs mais qui porterait alors le sceau magique et insoupçonnable du procureur Spécial, que le ‘Russiagate’ est bien ce que l’on sait, un montage, un simulacre mis en scène par des réseaux de comploteurs au service des plus grandes personnalités démocrates, globalistes et gauchistes de salon ! Nos convictions en seraient fortement ébranlées, avec la presseSystème bien obligée d’en dire quelques mots. Comment faire appel à un bouc-émissaire si ce bouc-émissaire se trouve blanchi par les plus hautes instances de la justice américaniste ? Il faudrait alors imposer à notre narrative une inflexion épouvantable et insupportable. Il faudrait nuancer notre jugement sur Poutine et la Russie, et tout le reste.
Nous sommes gravement menacés de voir notre intégrité battue en brèche, notre image, notre narrative, nos impératifs jugement sur Poutine. Nous dansons sur un volcan, notre équilibre ne tient plus qu’au fil de l’équilibriste survolant l’état critique qu’il voudrait sans fin d’« une “stabilité du déséquilibre”, où tous les acteurs s'efforcent de maximiser leurs résultats personnels et de réduire leur exposition aux risques déchaînant l’instabilité »... Car la culpabilité affirmée sans fin de Poutine et commencée avec le ‘Russiagate’, est certainement le pilier central, la poutre-maîtresse de notre “stabilité dans l’instabilité”. Si le pilier cède...