Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
307226 juillet 2021 – Il y a une intéressante interview sur vidéo, d’Elisabeth Lévy, à la fin du texte publié par son journal ‘Le Causeur’, de Sophie de Menhon, « Zemmour candidat, que vais-je faire de mes mercredis soir ? » (21 juillet 2021). L’interview de Lévy, par “Les amis d’Éric Zemmour”, passe également, en solo, sur YouTube le 18 juillet 2021... Effectivement, elle-même est interrogée sur le même sujet de la candidature (possible, probable, etc.) d’Éric Zemmour à la fonction présidentielle, en 2022.
Le sujet que je veux aborder ici n’est pas celui du jugement de Lévy sur la candidature Zemmour, bien qu’il soit d’un très réel intérêt ert d’une assez grande justesse. (*) M’intéresse un passage où elle évoque la situation politique française, dans la perspective de l’évolution des 20-30 dernières années. Elle-même était d’une certaine “gauche” indépendante (la seule candidature à la présidence qu’elle ait activement soutenue est celle de Chevènement en 2002). Ces vingt dernières années, les choses ont extraordinairement changé, la pathologie bipolaire droite-gauche ne veut plus rien dire, fusillée par l’abus de neuroleptiques, et Elisabeth Lévy se verrait aisément, me semble-t-il et elle-même en gouaillant, comme une “réactionnaire de gauche”, ou une “souverainiste de gauche”, par ailleurs sans aucune inféodation de parti sinon celui de l’anti-festif Philippe Muray.
Cela, pour introduire et fixer le cadre de mon envolée spatiale, venons-en à ce passage qui concerne ce que je nomme dans ces colonnes du site, le wokenisme (“wokisme” pour les intellectuels français, pour faire court, mais je ne désespère pas qu’ils en viennent un jour à mon néologisme qui respecte mieux la grammaire anglo-américaniste, – je veux dire à partir de “woken”, qui fait plus shakespearien [?]). Elisabeth Lévy évoque le surgissement de ce “phénomène” du wokenisme en ces termes (le passage à 10’45”-11’35” de la vidéo) :
« Il y aussi une gauche qui n’existait pas, pour moi, lorsque ... lorsque j’ai écrit ‘Les Maîtres-censeurs” [en 2002]... Cette gauche-là n’existait pas... Vous n’auriez pas eu des gens défendant des réunions non-mixtes, ou défendant toutes ces âneries qui nous paraissaient... Moi, ce qui m’a frappé dans l’évolution idéologique... C’étaient des choses qui nous paraissaient des blagues, qui nous faisaient rire, l’écriture inclusive, les délires féministe... Moi, ça me paraissait... Je ne prenais pas ça au sérieux, cela me paraissait... Je dois vous le dire, je trouvais ça rigolo, tellement c’était dingue... Et puis moi, j’aime bien rire, donc... Et puis, ces poissons d’avril sont devenus notre quotidien, dans tous les cas le quotidien de ce qu’on entend à la radio, à la télé, dans les médias... A l’université ! Donc ça, je trouve çà assez frappant comme phénomène... »
Si je mets en évidence ce passage, c’est parce qu’il exprime exactement ce que je ressentis moi-même avec le choc si puissant de la montée et de l’extension extraordinairement rapides du “phénomène”, littéralement comme cette marée fameuse qui monte “à la vitesse d’un cheval au galop”, – à part qu’ils n’ont rien du Mont St-Michel, ces incôyables (type-Directoire), ces stupéfiants wokenistes. Je me souviens d’avoir lu il y a quelques années un article d’Alain de Benoist sur les “genres” ; bien dans son habitude à lui (son “genre” ?), étude théorique sérieuse, analyse, décorticage du concept, extraordinaire culture de référence, et bien entendu sans la moindre aménité ni même la moindre considération d’un avenir culturel et politique sérieux ; avec nulle part la moindre prospective sur la mise en place dans la culture et la politique actives, surtout à la vitesse où cela s’est fait. C’était le même attitude, dite en des termes plus stricts bien entendu, mais l’état de l’esprit similaire :
« ... toutes ces âneries... qui nous paraissaient des blagues, qui nous faisaient rire, l’écriture inclusive, les délires féministe... [...] Je ne prenais pas ça au sérieux, [...] je trouvais ça rigolo, tellement c’était dingue... »
Ainsi avons-nous tous été pris de court par la vitesse de la chose, comme si l’extraordinaire bêtise du phénomène représentait, dans cette époque étrange, une garantie de vitesse d’infection, de contagion irrésistible. Du Covid19 à la vitesse d’un tsunami... Certes, dans une époque de décadence, c’est bien cette sorte d’événements à laquelle il faut s’attendre ; mais aussi bête, aussi rapidement mis en place, accepté par tous les intellectuels du terroir de la bienpensance, les milieux friqués et qui pensent modernité-tardive en se donnant des airs, comme ça, avalé comme une purge, d’un seul coup, avant d’aller aussitôt aux toilettes pour vomir son torrent d’incôyables billevesées, chacun en rythme avec les autres. La façon dont l’entertainment, la publicité, la communication, le cinoche ont incurgité la gnole, sans coup férir.
Mon Dieu ! Quelle juste mesure de la bêtise d’une époque !
Car il faut bien me comprendre : comme je lis Elisabeth Lévy, comme je l’entends, comme je ressens moi-même un sentiment semblable, ce n’est pas l’effarement devant un exploit, une volonté qui force le destin, la puissance formidable des idées qui les imposent partout...
Ce n’est pas du tout ça ! Non, c’est parfaitement le contraire, le poids lourdingue et vaseux de la bêtise infantilisée, le poids brut et sans forme de la babiolesque couillonnade, l’anathème et les geignements furieux de l’hystérie capricieuse, devant lesquels toutes les puissantes digues inexistantes de nos “sachants” ont cédé avec empressement comme devant le rien qui emporte le tout, face auxquels toutes nos autorités constituées, nos institutionnels des salons et nos salonards des institutions, nos prestiges républicains, nos maîtres en Université, nos docteurs de la communication, nos artistes en Art Contemporain subventionné, nos évêques apostats et si rock’n’roll, nos jaquettes bigarrées de la pub à la coke, nos acteurs.trices engagé.es-dégagé.es, nos journalistes sérieux comme autant de papes de la presseSystème, nos vigilantes sentinelles de la Désintox, – tous, absolument tous dans le bêtisier des élitesSystème, comme un seul transgenre, ont immédiatement mis genou consolidé en terre et un sourire béat pour orner leur front bas au-dessus des sourcils, commençant aussitôt leurs prières psalmodiées comme on embrasse la terre foulée bientôt par les apôtres débarquant de leurs soucoupes volantes... Eux, certes, toute cette foule, ils n’attendaient que cela, en dansant “Valsez saucisses !” (**) comme s’il s’agissait de “la Carmalogne”, rythmées par les danseurs mondains Bouvard & Pécuchet.
Finalement, Elisabeth Lévy, c’est bien cela, les âneries, les blagues, les trucs dingues, les poissons d’avril, sont devenus le plat d’un jour sans fin. On ne pouvait pas prévoir cela puisqu’on pratique le fameux “ironisme éthique” de Nietzsche qui empêche de prendre au sérieux l’épaisse et étouffante bêtise. Je crois alors que, pour nous faire pardonner notre imprévision coupable, il ne nous reste que le rire destiné à alimenter l’ardeur d’un étude minutieuse de l’extraordinaire abaissement d’une époque prenant tout son plaisir et le reste à incurgiter goulûment ce torrent de bêtise.
Certes, je pense en effet qu’il y a là un fructueux et fabuleux terrain de réflexion à explorer. Il faut nous remettre de notre surprise et surtout ne pas nous la reprocher une seconde ; et aussitôt ces ablutions de l’esprit accomplies, examiner de près la bestiole accouchée par notre monstrueuse époque, comme un paléontologue se met à examiner le cerveau fulgurant d’un diplodocus explosé et désintégré par la fameuse comète wokeniste d’il y a à peu près 66 millions d’années (comptage approximatif). Ainsi le monde achève-t-il sa révolution, dans le sens de l’élipse rappelée par Hannah Arendt, retour à l’envoyeur,
(*) Sans doute y reviendrais-je, mais un mot tout de même. Elisabeth Lévy est une bonne amie de Zemmour, elle prend une grande attention à mettre en évidence son talent, son érudition, sa passion française, etc. Mais je crois que, manifestement bien qu’elle s’emploie à déployer des termes si prudents pour ne pas contrarier l’apôtre, elle juge que sa candidature ne serait pas une bonne chose. Elle pense qu’il n’a pas le caractère retors d’un politique et qu’il est peut-être trop ancrée dans ses convictions d’historien et de commentateur indépendants d’une part ; d’autre part, avec un cercle un peu trop livré à des “fans”, des “groupies” [« On ne s’en rend pas compte mais Éric est une véritable rock-star... »] pour disposer de conseillers capables de lui apporter une critique ou une contradiction fécondes, si nécessaires à un homme politique. A part cela, sans aucune chance de gagner sauf en cas d’accident extraordinaire et macroniste, donc assez suspect et dévoreur de légitimité comme on l’a vu ; perdant dans ce cas de la défaite beaucoup de sa liberté d’écrire et de son indépendance de commentateur non souillé par la politique. Le seul argument de Zemmour qui l’ébranle : « Je ne voudrais pas être comme Bainville qui regrettait tant de n’avoir pas essayé... ».
(**) Je précise en passant, par goût des vieilleries d’une IVème République bien trop villipendée : “Valsez saucisses”, d’Albert Paraz, né en Algérie, ami d’enfance d’Alphonse Juin, – Juin, fils d’un chef de gare du Constantinois (Algérie), Maréchal de France, chef de la 1ère Armée Française Libre, seul contemporain à tutoyer de Gaulle, et selon le Général Clark (US Army) qui commandait la campagne militaire alliée en Italie : « Le seul général allié à avoir fait montre d’un grand sens stratégique »... Sans rapport direct avec notre sujet mais qu’importe. Lisez, si vous avez quelques minutes à consacrer à l’absence de relation avec les misères de notre temps, la longue critique (datant d’août 2011) d’un lecteur anonyme du livre de Paraz, car il nous manque aujourd’hui un Paraz, pied-noir donc maudit, pour décrire le wokenisme...
« Paraz né en Algérie en 1897 ami d'enfance du Maréchal Juin, fait ses études en France et reçoit à l'École Normale de Physique et Chimie une formation scientifique, il n’exercera pas son métier d'ingénieur, il sera successivement représentant de commerce, journaliste (auprès de Winkler Opéra Mundi), fakir.. etc. Il publie son premier roman Bitru en 1936, rencontre Céline avec qui il se lie aussitôt d'amitié. En 1938 il obtient le prix Cazès pour Le roi tout nu !
Paraz gazé en 1940 passe sa vie de sana en sana avant de s'installer dans le Midi pour se soigner. Il passe ce qui lui reste d'énergie à défendre Céline et meurt d'un cancer en 1957 à l'âge de 60 ans.
Dans ce livre de 360 pages, Paraz brosse au jour le jour une série de tableaux de la France de 1950. Il démolit et descend tout en flammes, la radio, les éditeurs, le milieu du cinéma, mais aussi France Roche (91ans en 2011) et Simone Signoret, mais aussi JP Sartre, ses compagnons de sana et vomit le Tour de France.
» Écriture de mauvaise humeur assumée qui lui donne du bonheur, dans ce bonheur de râler il est alors plus proche de son ami Céline qu’il admirait tant.
» Les lettres de Céline à Paraz à la fin du livre sont brèves, incisives, intenses.
«(D’après la 4ème de couv)
» Mais ce livre conserve une étonnante fraîcheur : certains passages re les hommes politiques français sont d'une brûlante actualité en France mais aussi et plus surprenant un long passage sur le comportement de la communauté juive versus la communauté noire de NY.. mais écrit en 1947-1949 !
» Intéressante lecture, bonne lecture à tous. »