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2742Il nous est arrivé de citer Wesley Pruden, vieux briscard du commentaire politique et editor-in-chief emeritus du Washington Times. Il s’agit d’un homme, vieux journaliste à l’ancienne manière, qui en connaît un rayon à propos de la vilenie et des combines de Washington D.C., qui fait nécessairement partie du Système mais qui n’a pas laissé sa plume dans sa poche, qui manie le sarcasme comme Mark Twain et même irait-on jusqu’à dire, comme H.L Mencken... Ainsi Pruden se permet d’entretenir vis-à-vis du Circus Politicus de D.C. un regard à la fois perçant, désabusé et sans illusions, mais aussi et le plus souvent, sans concession en plus d’être très bien informé. Un homme qui, parce qu’il est du Système, n’est pas comme l’on dit de nos “amis politiques”, – si cette expression a un sens dans ces circonstances terribles où tous les êtres sont doubles, à la fois plus ou moins soumis et plus ou moins révoltés, – mais qui mérite à la fois le respect et l’attention qui sont dues à l’expérience et à une certaine honnêteté vis-à-vis de lui-même. Cette chronique, ou édito si l’on veut, sur les présidentielles-2016, est une belle œuvre de finesse et de lucidité sur l’essentiel, écrit dans un style polémique et ricanant comme à l’habitude, mais exsudant une vérité-de-situation exceptionnelle et tragique sur le caractère de l’événement : il s’agit de rien moins que « [l]’élection qui nous terrifie tous » (“The election to terrify us all”).
De son texte, nous extrayons aussitôt ce paragraphe, toujours marqué par le ton polémique et l’image ricanante, mais qui effectivement dit tout du sens de la chose, et qui justement le dit avec en arrière-plan ce cas exceptionnel et tragique dont nous parlons :
« C’est l’élection qui va pousser à son terme la théorie si longtemps répétée par les observateurs selon laquelle Dieu prend soin des petits enfants, des alcooliques et des États-Unis d’Amérique. Les petits enfants grandissent, les alcooliques deviennent sobres, mais cette année il semble bien que les États-Unis d’Amérique aient poussé le bouchon un peu trop loin. C’est comme si l’on défiait la fortune du destin et si l’on jouait inconsidérément avec la grâce de Dieu. » (« This is the election to test the theory, long held by the observant that God looks out for little boys, drunks and the United States of America. Little boys grow up and drunks sober up, but this year the United States of America may be pushing its luck. It’s certainly challenging fortune and trifling with the grace of God. »)
Cela nous rappelle deux choses en formes de citations significatives : la phrase finale de “La seconde Guerre de Sécession”, de Joe Dante, film à peine fictionnel tourné en 1997, où l’on voit, à partir d’un grand studio TV qui suit l’événement, une situation rocambolesque où règnent la tyrannie de la communication, le “politiquement correct” de l’humanitaire, l’inconséquence des machinations souvent grotesques et puériles des “communicants” et des politicards (le président décide d’un ultimatum de 72 heures au lieu de 48 heures sous la pression de son “communicant” [James Coburn] qui lui signale que dans 48 heures passe un épisode d’un feuilleton télévisé très populaire et que tout le monde se fichera bien de son ultimatum) ; où règnent encore l’incompréhension et l’incommunication dues surtout à l’irresponsabilité et à l’inattention, les humeurs accessoires, les circonstances vaudevillesques (un gouverneur [de l’Idaho] qui s’entiche d’une journaliste de la chaîne TV du studio déjà signalé) ; tout cela aboutissant à un affrontement armé entre le centre fédéral et les Gardes Nationales de plusieurs États de l’Union, dont l’Idaho en premier, marquant les débuts de la “Second Civil War” (titre anglo-américain où, contrairement à la première, la description de “guerre civile” va mieux que celle de “Guerre de Sécession”).
Lorsque nous en sommes là, au déclenchement de la “seconde guerre civile”, l’un des journalistes du studio qui a suivi jusqu’ici l’action comme un professionnel, jonglant avec le prime time et le direct, s’exclamant à propos de tel ou tel scoop, jonglant avec l’audience, réalise soudain comme s’il ouvrait les yeux la gravité de la chose en voyant les combats qui se développent et s’exclame à voix basse (bel exercice) mais comme pour tous ceux qui sont là, justement, comme s’il s’éveillait d’un long sommeil halluciné : « Mais comment en sommes-nous arrivés là ? » La deuxième chose, c’est la citation terrible de Lincoln de 1838, faite au départ pour magnifier la vertu et la puissance des USA, et qui aujourd’hui prend l’accent effectivement terrible et terrifiant d’une prophétie ; « Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant. » (Trop arrogante et assurée de son hybris destructeur, l’Amérique préférant le suicide à l’humiliation de n’être plus la nation choisie par Dieu et assurant en Son nom son empire sur le monde.)
Pruden synthétise les situations courantes, autour et au cœur de cette élection, sans s’attarder aux arguments : les deux candidats également détestés, chargés de défauts, – Trump et ses insultes, son insupportabilité de quelque mise en cause de lui-même que ce soit, même les plus dérisoires ; Hillary avec ses mensonges, sa corruption, sa cupidité extraordinaire (belle image : « Si elle se trouvait devant un agonisant avec une tenaille, elle lui arracherait les dents pour récupérer l’or qu’on y trouverait éventuellement »). Mais surtout, il s’attache au cas du directeur du FBI, Comey, avec sa façon de clore l’enquête sur l’emailgate de Clinton. Il expédie rondement l’affaire : après l’exposé du comportement de Clinton que donna le directeur du FBI, pendant 14 minutes, le reste allait de soi : il ne pouvait que recommander son inculpation, tous les experts de droit criminel et autres constitutionnalistes vous le diront. L’on sait qu’il ne le fit pas : « Quand il annonça qu’il la libérait de toute facture à honorer, vous auriez pu entendre, de le côte Est à la côte Ouest, les bouches béer et les yeux rouler dans leurs orbites »
Pruden rappelle que Comey est un homme connu pour sa grande intégrité, ce que nous croyons bien volontiers malgré tout ; Pruden n’évoque même pas l’hypothèse d’une pression spéciale ou de menaces pour le contraindre à cette décision, encore moins d’un “complot” certes, ce que nous croyons également... (Tout cela, ces convictions, parce que les choses vont très vite et trop loin aujourd’hui, distançant décisivement toute capacité d’organisation humaine comme en témoigne l’incapacité du Système de bloquer Trump : les évènements ont toujours un, deux coups d’avance sur les possibles manigances humaines.) Il nous semble que l’intervention de Comey du 7 juillet, qui suivait de quelques jours la rencontre entre Bill Clinton et la secrétaire à la Justice Lynch sur l’aéroport de Phoenix, découle d’un vent de panique qui s’est levé à la suite de cette rencontre, et dont on sent le souffle toujours aussi fort avec l’audition extraterrestre de cette même secrétaire à la Justice au Congrès ce lundi, audition au cours de laquelle elle refusa de donner son avis, ou bien affirma qu’elle n’avait pas d’avis c’est selon, à propos de la décision de Comey qui est sous son autorité de ne pas inculper. Au reste, l’on voit bien le caractère impréparé, catastrophique, etc., de l’intervention de Comey, – et au détriment du Système, certes, – puisqu’il ne fait qu’exacerber la vindicte furieuse contre Clinton, y compris chez les partisans de Sanders, de plus en plus nombreux à faire n’importe quoi sauf voter pour elle, et par là même gravement compromettre ses chances de l’emporter.
Pruden envisage simplement la théorie selon laquelle, simplement, Comey a décidé qu’il ne pouvait aller jusqu’à “faire ça” au Système, c’est-à-dire inculper, c’est-à-dire éliminer la seule candidate-Système ayant quelque chance dans cette élection ; parce que, simplement, il avait peur des conséquences pour le Système s’il prenait une telle décision... Enfin, Pruden termine par ce paragraphe où nous remplaçons le mot “Cour” par le mot “Système”. (Pruden s’était référé, suivant Charles Krauthammer, au cas similaire du Chief Justice John Roberts lors de son jugement sur la loi dite Obamacare.)
« C’est une théorie intéressante et il est vrai que la peur peut rendre faible un homme fort et lui faire oublier que sa fidélité va d’abord à la Constitution, et non [au Système]. La peur n’est pas du tout ce qu’une nation attend de son policier-en-chef, mais il semble bien que quelque chose a effrayé James Comey. C’est une bien étrange année. Personne n’a envie de voter pour quiconque lorsque l’espoir s’éteint et disparaît. »
Effectivement, le mot est bien choisi : la peur... La peur et la terreur à la fois, pour renvoyer au titre de l’éditorial : la peur qui renvoie à la certitude que l’on va vers des évènements terribles, et la terreur de l’inconnu car l’on ne sait rien de ces “évènements terribles”. Wesley Pruden publie son article dans le Washington Times du 12 juillet 2016.
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This might be remembered as the year when they gave an election and nobody came. The millions stayed home, the champagne went uncorked, and everybody lived in semi-misery ever after.
Partisans for neither party will defend their candidate. Hillary Clinton’s supporters, except for the yellow-dog Democrats who would vote for a child-molester if he were running as a Democrat, will agree that she’s a crook and a money-grubbing shrew who never misses an opportunity to enrich herself at the expense of God, country and everybody else. She would steal the teeth of a dying man if she had a pair of pliers to pull the gold fillings.
Donald Trump’s partisans, but for his true believers who mistake rant for reason, won’t try to refute the ample evidence that the Donald is an uneducated lout with a gift for the insult, eager to throw brickbats at irrelevant targets who once offended him.
But one of these worthies will take the oath to protect and defend us all next January. It’s enough to make a saint sneeze, a cat bark and the dog choke on the cheese.
This is the election to test the theory, long held by the observant that God looks out for little boys, drunks and the United States of America. Little boys grow up and drunks sober up, but this year the United States of America may be pushing its luck. It’s certainly challenging fortune and trifling with the grace of God.
Good men will puzzle a long time over why and how James Comey, the director of the FBI charged with investigating Hillary Clinton’s abuse of the nation’s most important security secrets gave the lady the pass she doesn’t deserve.
Donald Trump called the Comey decision proof that the investigation was “rigged,” and the “nation of laws” actually has two sets of laws, like an accountant’s double-entry books, with one set of laws for you and me and another set of laws for the high and mighty. Bill and Hillary Clinton write their own. They always have.
The law that Hillary flouted is on the books as “18 U.S.C. section 793 (f),” and it’s so simple that even a dropout from a mail-order law school can understand it. This law makes it a felony to mishandle classified information either intentionally or “through gross negligence.” Mr. Comey’s evidence is nothing short of devastating.
Anyone listening to Mr. Comey’s 14-minute recital of Hillary’s official misbehavior, describing her “gross negligence,” thought the FBI director was building to an announcement that he would recommend to Attorney General Loretta Lynch that she seek a criminal indictment of a woman he had just described as a wanton criminal. When he freed her with a soiled bill of health you could hear jaws drop and eyes roll from coast to coast.
Why had James Comey, who had steadily built a reputation for integrity and legal skill, first as a lawyer and then as a U.S. attorney, deputy attorney general and finally as the director of the FBI, so sacrificed his reputation in behalf of a woman that he clearly holds in such contempt? Lawyers and judges and learned pundits went quickly to work to figure it out.
Some, like Michael Mukasey, the former U.S. attorney general and before that the chief judge of the U.S. District Court for the Southern District of New York, were puzzled. “What is supposed to happen in a matter like this,” Mr. Mukasey wrote in an essay in The Wall Street Journal, “is, as the director mentioned, a ‘prosecutive’ decision — i.e., a decision made by prosecutors. It is not an investigative decision. Investigators are supposed principally to gather facts.” Mr. Comey, in other words, forgot his place.
Pundits raised the questions on every reader’s mind. Charles Krauthammer, the syndicated columnist for The Washington Post, observed that Mr. Comey summed up Hillary’s misbehavior as “extremely careless,” and asked the question obvious to everybody but Mr. Comey, “how is that not gross negligence?”
He suggested a plausible explanation for what Mr. Comey was trying to do. He reckoned the FBI director was taking as precedent Chief Justice John Roberts’ “tortured, logic-defying argument upholding Obamacare.” The chief justice imagined that his responsibility was to be faithful to the Supreme Court’s public standing, and thought the issue was too momentous for the court to resolve.
It’s an interesting theory, and it’s true that fear can make a strong man weak and forget that his faithfulness should be to the Constitution, not the court. Fear is not what anyone wants in the nation’s top cop, but something frightened James Comey. It’s a strange year. There’s nobody to vote for when hope dies.
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