L’éléphant affolé et les souris qui rugissaient

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L’éléphant affolé et les souris qui rugissaient

Régulièrement reviennent sur la table quelques éléphants blancs qui constituent la colonne vertébrale (en général de type-éclair au chocolat) du discours sur la stratégie américaniste depuis dix, vingt, trente, quarante, cinquante ans, jusqu’à George Kennan qui, effectivement, décrivait cette stratégie, ou “politique étrangère”, comme celle d’un “éléphant sautant de tout côté, effrayé par une souris” (“to jump around like an elephant frightened by a mouse”).

C’est Katrina Vanden Heuvel, éditrice de The Nation et épouse du professeur Stephen F. Cohen poursuivi en général pour trahison parce qu’il cherche une autre issue que nucléariser la Russie, qui écrit là-dessus en rappelant Kennan dans le Washington Post, le 25 août 2015. Elle vaticine d’une plume désabusée quoique restée alerte, à propos des programmes des candidats républicains du “parti unique” (ceux des candidats démocrates du “parti unique” ne valant guère mieux, à part disons le projet d’une guerre ou l’autre en moins). Ces divers programmes consistent effectivement à nous promettre un nombre respectable de souris, impliquant qu’on déclenchera autant de guerres anti-souris qu’il faut pour que l’éléphant puisse sortir indemne du magasin de porcelaines. (Pour ceux qui veulent quelques indications en français sur le texte de Vanden Heuven, Sputnik-français les leur donne, le 26 août 2015.)

«Appearing before the Senate Foreign Relations Committee in 1966, George F. Kennan, the legendary Cold War diplomat often called “the father of containment,” criticized the escalation of the war in Vietnam. The United States, he said, should not “jump around like an elephant frightened by a mouse.”

»Kennan’s “frightened elephant” is a strangely apt metaphor for the situation in which we find ourselves nearly a half-century later. In the GOP primary, the candidates are calling for a foreign policy defined by fear-mongering and senseless aggression. Their agenda includes plans to reverse President Obama’s nuclear agreement with Iran, abandon renewed diplomatic ties with Cuba, escalate tensions with Russia and deploy U.S. troops in Syria. Much like Kennan’s agitated elephant, the Republicans candidates see threats in Iran, Vladimir Putin’s Russia, Bashar al-Assad’s Syria and in the Islamic State and other Islamic extremist groups that are far out of proportion to any real harm they could ever inflict on U.S. interests. They are so out of touch with reality that even admitting the folly of the Iraq war has become a sign of weakness. The far greater danger, though, is the combination of paranoia and hubris that characterizes the foreign policies of the Republican candidates leading us into yet another self-inflicted foreign policy disaster. Once again, they would have us rush to embrace unnecessarily militaristic responses to otherwise manageable foreign policy challenges, bringing yet more chaos to the Middle East and Eastern Europe while costing the nation even more in lost lives and treasure.»

Nous sommes si complètement emportés dans le flot diluvien des nouvelles, des complots, des Grands Jeux, des divers “nouvelles cartes redessinées” du Moyen-Orient, des nouveaux systèmes de champs pétroliers, des vrais et des faux false flag, des attaques de l’Iran, et que ne sait-on encore, qu’on oublie que l’Histoire se fait et qu’elle jauge à son aune tout ce que nous croyons vivre et comprendre dans l’instant, sans souci que cet instant contredise l’instant précédent et nous prépare un nouvel instant qui dira le contraire. Nous avons vécu cela, bien entendu, avec 9/11 et ce qui a immédiatement suivi, – les invasions absolument, superbement catastrophiques de l’Afghanistan et de l’Irak, qui nous conduisent au chaudron bouillonnant actuel que certains continuent à juger comme une haute marque de l’intelligence respectivement américaniste, occidentaliste et du bloc BAO (au choix)... Mais il faut bien dire qu’au départ, l’aventure est très spécifiquement américaniste, et démarre comme un western, comme en a témoigné le général Wesley Clark quand il est exactement cité, avec ses “7 guerres en 5 ans” décidées en septembre-octobre 2001 (voir, pour mémoire, le 21 juillet 2015).

Monsieur Peter Frankopan, senior research fellow au Worcester College, à Oxford, nous raconte l’histoire de ces deux catastrophes initiales dans leur contexte le plus large, dans son livre The Silk Roads: A New History of the World, à partir duquel il a écrit pour The Independent un texte, ce 27 août 2015, qui se réfère à une foule de documents officiels de source US et autres qui ont été récemment déclassifiés et exploités... Il est en effet intéressant de noter que les historiens et les universitaires disposent désormais de sources importantes sur la période. Outre une masse de documents venant des “fonds” Snowden et WikiLeaks, – qui figurent désormais presque comme des “sources officielles” pour les susdits historiens, – concernant les processus de décision US durant ces conflits, il y a la mise à la disposition du public de sources inédites telles que des enregistrements audio couvrant des milliers d’heures de délibération et de communication de Saddam Hussein et de ses collaborateurs les plus proches trouvés dans la résidence du président irakien en 2003, ou, plus proche de nous, des cassettes récupérées lors de l’attaque du Pakistan contre ben Laden.

Il y a enfin de façon assez caractéristique un “programme sans précédent de déclassification de documents officiels” (US) pour permettre aux experts-Système de disposer d’un maximum de données pour comprendre et analyser les causes du très grand nombre d’erreurs qui constituent l’essentiel sinon l’intégralité de la politique US depuis 9/11. En effet, la chose, – notamment les désastres d’Afghanistan et de l’Irak, – semblent désormais être reconnue officiellement par les bureaucraties US concernées, selon les processus qu’elles suscitent. Ce point apparaît alors comme paradoxal puisqu’il amène comme effet que les erreurs et les échecs de politique et de stratégie qui entraînent en général un resserrement de la surveillance et du secret, conduit ici au contraire à la diffusion beaucoup plus larges de documents secrets ; bref, le pouvoir-Système voudrait savoir pourquoi il fait si mauvais, si longuement mauvais et si constamment mauvais... Cette politique est ainsi présentée dans le texte de The Independent : «the disastrous failures of US policy in Afghanistan and Iraq have led to an unprecedented programme of declassification of documents (some with significant redactions) as part of the cathartic process of trying to understand how so many mistakes were made before and after 9/11.»

C’est effectivement à partir de ces documents que Frankopan a travaillé sur son ouvrage. Ce qui est remarquable dans son texte de The Independent dont nous présentons une partie ci-dessous, c’est que les hypothèses les plus catastrophiques concernant la politique US qui furent faites en commentaires de ces évènements, se confirment en général. On y retrouve l’extraordinaire amateurisme des méthodes, le cloisonnement, l'absence d'intégration des différents acteurs, l’absence complète de preuves derrière les affirmations US alors qu’il aurait été pourtant aisé d’en fabriquer quelques-unes. (Par exemple, mais exemple essentiel par absence surprenante d’une manipulation efficace, qui a constitué l’erreur initiale dans la construction de la narrative pseudo-stratégique US : à partir du moment où l’attaque de l’Irak, circa-2003, était basée sur l’affirmation de l’existence d’armes de destruction massive [ADM] dans les mains des Irakiens de Saddam, comment les planificateurs et manipulateurs US, qui contrôlaient complètement le pays à partir d’avril 2003 et ont recherché justement ces ADM pendant plus d’un an, jusqu’à l’automne 2004, n’ont-ils pas eux-mêmes “planté” quelques séries d’armes chimiques ou biologiques dans l’une ou l’autre cache improvisé pour pouvoir proclamer que la guerre était justifiée et donc renforcer considérablement leur diplomatie ? C’est ce que craignaient ouvertement les Français en mars-avril 2003, après l’intervention de Villepin à l’ONU de février 2003. Le service chargé des questions de désarmement au Quai d’Orsay était persuadé que les services US procéderaient effectivement de cette façon pour pouvoir mettre la France et les pays réticents vis-à-vis de la guerre dans une très mauvaise posture. Cette absence de montage quasiment enfantin pour des forces habitués paraît-il à tant de manipulation est l’un des plus grands mystères de la guerre contre l’Irak, et la démonstration au moins de l’absence de coordination du monstre américaniste, et au-delà d’étranges comportements psychologiques typiques de l’américanisme [essentiellement l’inculpabilité et l’indéfectibilité].)

L’extrait ci-dessous, qui couvre le déclenchement des guerres contre l’Afghanistan et l’Irak, rend compte effectivement de la très grande inorganisation d’une politique réduite à une caricature de stratégie élaborée dans l’improvisation ; avec l’usage permanent de moyens inefficaces par leur poids même dans cette sorte de conflits, le développement constant d’arguments faussaires même vis-à-vis d’elle-même ; avec comme modus operandi les obsessions (Saddam) et les réalisations chaotiques usant de la redondance de la menace agressive (l’Iran), enfin et par-dessus tout comme tendance irrésistible la production échevelée d’un désordre selon une dynamique permanente d’amplification et de multiplication. Certains jugent cela habile ou le produit d’un calcul machiavélique s’inspirant du billard à au moins cinq bandes, ce qui montre combien la “stratégie” américaniste a peut-être eu comme seule réussite de simuler l’effet de se faire prendre pour une stratégie (la stratégie-American Dream). Le seul caractère qu’on puisse lui reconnaître à coup sûr est d’être absolument conforme à la politique-Système dont l’exécution opérationnelle renvoie complètement au Système et se traduit par la recherche de la déstructuration et de la dissolution, non comme moyen mais comme but en soi correspondant à la logique et à la mission du Système.

(Pour rappel : la “politique-Système”, qui touche aussi bien celui qui la produit que celui qu’elle touche ... «opérationnalise, dans une “politique” qui devrait être ainsi définie par inversion comme une “antipolitique”, l’absolutisme et le totalitarisme du Système, son homogénéité qui s’obtient par la décomposition des parties qu’il absorbe, notamment la décomposition identitaire. Cette “politique-Système“ est déstructurante pour celui qui s’y inscrit, de même que la “politique-Système” elle-même est déstructurante pour les objectifs qu’elle poursuit selon une course mécanique et aveugle, puisqu’elle voit l’ennemi dans tout ce qui est structure, et, au-delà, dans tout ce qui est principe, et qu’elle ne voit par conséquent comme objectif de destruction dans l’ennemi que la structure et le principe. Par conséquent, la “politique-Système” ne répond, selon nous, à aucun des critères d’efficacité habituels pour une politique, elle diffère totalement dans ses buts et ses objectifs. Elle est incompréhensible selon notre logique historique habituelle, celle qui a marqué toutes les grandes politiques classiques dans l’histoire, aussi bien les politiques déséquilibrées de conquête que les politiques sages d’équilibre... [...] [...Au plus la “politique-Système” provoque la déstructuration-dissolution, au plus elle se déstructure et se dissout elle-même selon sa logique, au plus elle perd la capacité de provoquer des effets, jusqu’à un point de basculement, ou d’inversion vertueuse, où sa propre déstructuration-dissolution prend le pas sur la déstructuration-dissolution qu’elle provoque.»)

L’extrait du texte ci-dessous, qui couvre effectivement le déclenchement des guerres contre l’Afghanistan et l’Irak, est précédé d’une partie mettant en place le contexte général, notamment la politique US vis-à-vis de cet ensemble stratégique qui va du sous-continent indien à la péninsule arabique. (C’est “l’arc de crise” comme avait coutume de dire dès 1978-1979 Brzezinski, considéré souvent comme l’inspirateur éclairé des fondements de cette “stratégie”, et qui reste effectivement par sa culture et ses jugements un parfait messager de la mise en place de la “politique-Système” par la manipulation originelle de l’islamisme, sous l’inspiration à son tour d’une psychologie absolument marquée par l’antirussisme propre à ses origines polonaises.) Le titre original de l’article est «Declassified CIA documents reveal how disastrous America’s post-9/11 plans really were».

dedefensa.org

 

 

... [H]ow disastrous America’s post-9/11 plans really were

... Control of the region lying between East and West was seen in the later 20th century through the prism of the Cold War and of competition with the Soviet Union. Nevertheless, the mineral wealth of the heart of Asia, particularly its oil and gas but also its pipeline infrastructure, made the belt commercially important as well as strategically vital. So perhaps it was not surprising that two days after the 9/11 terrorist attacks took place, an action plan was issued that set out the importance of engaging Iran and of contacting the authorities in Turkmenistan, Uzbekistan, Kyrgyzstan, Kazakhstan and China – Afghanistan’s neighbours and near-neighbours. A plan was set out to “[re-]energise” them urgently, with a view to preparing them for forthcoming military action against the Taliban. The first step of the response to 9/11 was to line up the countries of the Silk Roads.

In fact, ambitions were soon going well beyond ensuring their co-operation. By 30 September 2001, the Secretary of Defence, Donald Rumsfeld, was offering President Bush his “strategic thoughts” about what the US could and should seek to achieve as part of its imminent “war aim”. “Some air strikes against al-Qaeda and Taliban targets are planned to begin soon,” he noted, marking the start of military action. It was important, he wrote, to “persuade or compel states to stop supporting terrorism”. What he proposed next, however, was dramatic and astonishingly ambitious. “If the war does not significantly change the world’s political map, the US will not achieve its aim.” What this meant was then spelt out clearly. “The [United States government] should envision a goal along these lines: new regimes in Afghanistan and another key state (or two).” He did not need to specify which states he was talking about: Iran and Iraq.

While Iraq had long been an American bugbear, the case of Iran was more complicated. The revolution of 1979 had produced a spectacular failure in relations between the two countries; but by the mid-1980s, there were attempts to rebuild ties – partly because of mutual interests in opposing the Soviets in Afghanistan, but also because the US concluded that keeping the Iran-Iraq war going was in their interests. The result was the shipping of armaments to the Khomeini regime, in collaboration with Israel, who saw Saddam Hussein as a direct and serious threat: ties with Tehran became so close between the two that Prime Minister Yitzhak Rabin was able to declare: “Israel is Iran’s best friend, and we do not intend to change our position.”

There were signs of another thaw in relations with Iran after the terrorist attack on the Dhahran air base in Saudi Arabia in 1996 that killed 19 servicemen. An angry rebuttal was issued to President Clinton’s missive that Tehran was complicit in the bombing; but it was followed by a clear opening. The President should rest assured, the reply stated, that Iran had “no hostile intentions towards Americans”. On the contrary, the “Iranian people not only harbour no enmity but [also] have respect for the great American people”. Including Iran within an “axis of evil” a few years later, amid signs of an improving relationship, was opening a dangerous can of worms.

Then again, opening cans of worms seemed not to worry many of those taking decisions in the weeks and months after 9/11. Despite there being no evidence to link the hijackers to Iraq, attention was focused on a major invasion and on regime change. The question was simple, as planning notes for a meeting between Donald Rumsfeld and General Tommy Franks, the chief of Central Command, make clear: “How [to] start?” Three possible triggers were envisaged – all of which could justify military action. Perhaps Saddam “moves against the Kurds in [the] north?” wondered Rumsfeld in November 2001; maybe a “connection to Sept 11 attack or to anthrax attacks” (following mailings to several media outlets and to two US senators in September 2001); or what if there were a “dispute over WMD inspections?” This seemed a promising line – as revealed by the comment that follows: “Start now thinking about inspection demands.”

Over the course of 2002 and at the start of 2003, pressure was ramped up on Iraq, with the issue of chemical and biological weapons and that of weapons of mass destruction taking centre stage. The US pursued this with an almost evangelical zeal. In the absence of “incontrovertible evidence” of a link between 9/11 and Baghdad, one report noted, only Tony Blair could be relied on to support war, while another underlined the fact that “many, if not most, countries allied with or friendly towards the United States – especially in Europe – harbour grave doubts about… an all-out attack on Iraq”. Work therefore went into establishing a legal framework for full-scale war in anticipation of the likelihood that the United Nations would not give a clear mandate for action.

The head of the International Atomic Energy Agency, Jose Bustani, was ousted in a special closed session, pushed out for being uncooperative and unhelpful. Statements issued by weapons inspectors, meanwhile, were ignored. In January 2003, it was declared that “we have to date found no evidence that Iraq has revived its nuclear weapons programme since the 1990s” – which chimed with an update the same day by the United Nations Monitoring, Verification and Inspection Commission that although inspectors occasionally faced incidents of harassment, “Iraq has on the whole co-operated rather well so far” with the demands of inspectors.

This was rubbished by Colin Powell when he addressed the UN on 5 February 2003, and claimed that “every statement I make today… is backed up by sources, solid sources. These are not assertions. What we’re giving you are facts and conclusions based on solid intelligence.” They were nothing of the sort: trailers that were described as mobile biological weapons facilities “hidden in large groves of palm trees and… moved every one to four weeks to avoid detection” turned out to be weather balloons – just as the Iraqis had said they were. There was no nuclear weapons programme, just as the Iraqis had said. No support had been given to al-Qaeda or terrorists, either – as documents and audio tapes from Baghdad reveal: in fact, Saddam Hussein had reined in all those suspected or implicated in terrorism, in order to avoid punitive action.

It was not just the decision to invade Iraq that was spectacular for its idiocy; so too was the execution of the invasion plan. It was naively assumed that removing Saddam would turn Iraq into a land of milk and honey. There was no need to worry, insisted Paul Wolfowitz, the former president of the World Bank, who was then serving as Deputy Secretary of Defence, eight days after the invasion began in 2003. “We’re dealing with a country that can really finance its own reconstruction, and relatively soon.” Oil revenues, he breezily predicted, would bring in $50bn to $100bn over the next “two or three years”.

Expectations for the involvement in Iraq were as foolish as they had been in Afghanistan, where it was assumed there would be “no military involvement after the Taliban were defeated”. In Iraq, 270,000 troops would be needed to start with, according to plans drawn up by US Central Command; but three and a half years later, there would be no need for more than 5,000 ground troops. This all looked plausible when presented on PowerPoint slides to those who saw what they wanted to see. These were to be light wars, quick strikes that would enable a new balance to be established across a pivotal region of Asia – all to the advantage of the West.

Few today believe we did the right thing in supporting the attack on Iraq. Even Jeb Bush recently declared that he would not have supported it had he known then what he knows now. The cost and consequences of the military intervention have been catastrophic. The disruption in the Middle East has caused a fracture of Iraq and the rise of Isis if not in its place (yet), then as a new power to be reckoned with; the Taliban has regrouped and eats into the weak structures left behind by coalition forces on a daily basis; reputational damage to the West in the eyes not only of the Arabic-speaking world but beyond has been substantial too; then there is the credibility of the intelligence agencies who allowed reports to be “sexed up” by political masters to suit their own ends.

And there is the cost: not only the lives lost by servicemen, the value of which cannot even be estimated, not the tens of billions spent on the war. The biggest cost of the war, as new research from Harvard suggests, is the cost of looking after the 170,000 veterans who are 70 per cent or more disabled as a result of their injuries. The long-term cost to the US economy is estimated to be $6 trillion (£3.9trn) – or $75,000 for every single household in the United States.

If there is a silver lining, it is – perhaps – the shuffling of decks that brings Iran back to the table as a mainstream player within the region. The West finds itself short of friends in a region it has interfered in for too long with disastrous effects. The same mistakes have been made in the same region for too long.

Peter Frankopan