Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
616
18 mars 2005 — Nous signalons à nouveau le texte fort important de l’historien américain Chalmers Johnson sur la Chine, — un véritable travail d’historien, justement, plus encore qu’une analyse géopolitique. L’étude de Johnson est centrée sur le rôle de plus en plus central de la Chine dans les relations internationales.
L’intérêt de cette étude est de nous faire prendre conscience, même si ceci n’en est pas l’idée centrale, du fait considérable que nous sommes en train de changer d’époque, et cela avec une très grande rapidité. Le texte nous fait réaliser, au-delà même de la réflexion de Johnson, que l’époque de la “guerre contre la terreur” et du terrorisme comme point d’intérêt central des affaires du monde est en train de se clore. Une nouvelle époque s’installe, qui est celle de l’affrontement multipolaire, avec des acteurs tels que la Chine, les USA et l’UE principalement, mais aussi le Japon et l’Inde.
Le passage ci-dessous suggère ce changement, avec la notion évidente par rapport à ce qu’on sait des habitudes politiques et politiciennes de Washington, d’Américains “distraits” pendant trois ans par l’absurde folie irakienne, et “laissant” la Chine s’installer en position centrale avec les deux autres centres de puissance (USA et UE). Dans cette vision, même des thèmes présentés comme universelles et promus comme des publicités de poudre à lessiver, comme essentiellement le thème de la “démocratisation” du Moyen-Orient, sont destinés à s’évanouir assez rapidement. Ils occuperont encore quelques temps les chroniqueurs parisiens mais ne compteront plus guère. Dans ce contexte, l’affrontement israélo-palestinien ou la question libano-syrienne devraient se “régionaliser” et perdre de leur importance, sinon des poussées médiatiques qui font beaucoup de bruit et laissent peu de trace. Seule devrait émerger de la situation au Moyen-Orient la querelle avec l’Iran, parce qu’elle concerne un grand pays et qu’elle implique les trois grands pôles de puissance (USA et UE, c’est l’évidence, mais aussi la Chine, liée à l’Iran par un énorme accord énergétique de $100 milliards de gaz et de pétrole à livrer en 25 ans).
(On ajoutera que, dans ce contexte, l’affaire de la levée de l’embargo des armes européennes vers la Chine est évidemment fondamentale puisqu’elle débouche sur une querelle USA-Europe majeure. Les trois pôles majeurs sont réunis dans une polémique dont les termes sous-jacents sont fondamentaux.)
« On April 25, 2001, during an interview on national television, President Bush was asked whether he would ever use “the full force of the American military” against China for the sake of Taiwan. He responded, “Whatever it takes to help Taiwan defend herself.” This was American policy until 9/11, when China enthusiastically joined the ‘war on terrorism’ and the president and his neocons became preoccupied with their ‘axis of evil’ and making war on Iraq. The United States and China were also enjoying extremely close economic relations, which the big- business wing of the Republican Party did not want to jeopardize.
» The Middle East thus trumped the neocons' Asia policy. While the Americans were distracted, China went about its economic business for almost four years, emerging as a powerhouse of Asia and a potential organizing node for Asian economies. Rapidly industrializing China also developed a voracious appetite for petroleum and other raw materials, which brought it into direct competition with the world's largest importers, the U.S. and Japan.
» By the summer of 2004, Bush strategists, distracted as they were by Iraq, again became alarmed over China's growing power and its potential to challenge American hegemony in East Asia. The Republican Party platform unveiled at its convention in New York in August proclaimed that “America will help Taiwan defend itself.” During that summer, the Navy also carried out exercises it dubbed ‘Operation Summer Pulse '04,’ which involved the simultaneous deployment at sea of seven of our twelve carrier strike groups. An American carrier strike group includes an aircraft carrier (usually with 9 or 10 squadrons of planes, a total of about 85 aircraft in all), a guided missile cruiser, two guided missile destroyers, an attack submarine, and a combination ammunition-oiler-supply ship. Deploying seven such armadas at the same time was unprecedented – and very expensive. Even though only three of the carrier strike groups were sent to the Pacific and no more than one was patrolling off Taiwan at a time, the Chinese became deeply alarmed that this marked the beginning of an attempted rerun of 19th century gunboat diplomacy aimed at them. »