L’épigénétique enseignée à Obama et Hollande.

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L’épigénétique enseignée à Obama et Hollande.

Le monde selon les théoriciens et les praticiens de la guerre sans fin – dirigée ces vingt dernières surtout contre le monde arabe et/ou musulman - fonctionnerait selon un modèle newtonien.

Il serait régi par des déterminismes, toujours les mêmes, répétés et aucun d’entre eux ne peut modifier significativement son état d’équilibre immuable.

Bush et Blair avaient réussi à mobiliser une coalition importante pour porter l’estocade à un Irak déjà bien affaibli par dix ans d’embargo et, ironie de l’histoire, par son renoncement à maintenir opérationnel son stock d’armes de destruction massive.

Obama et Hollande peinent à convaincre les alliés d’hier contre le dictateur de l’heure.

La faible portée du ‘déjà vu’ proféré par des myopes en stratégie

Le couple BB avait utilisé un argument qui mobilisait un affect puissant, la peur, les missiles vecteurs de mort devaient atteindre Londres en moins d’une demi-heure.

La paire actuelle OH espère soulever la compassion par quelques images. L’émotif est encore une fois convoqué mais la capacité à s’indigner s’émousse car de telles images, il s’en voit et s’en est vu à de multiples occasions. La force mobilisatrice de la colère morale est moindre que celle suscitée la peur, plus primitive et essentielle à la survie.

Dix ans après 2003, la mémoire collective a conservé intact le souvenir des mensonges des faiseurs de guerre, certains, comme Colin Powell, s’en sont repentis publiquement, ainsi que des arrangements avec la vérité des medias à leur ordre.

Dix ans après 2003, la crise de surproduction du capitalisme s’est aggravée et il apparaît même aux citoyens les plus cyniques qui résident dans les pays du bloc occidental qu’une bonne petite guerre, cela n’arrange pas l’économie.

Irak, Pakistan, Yémen, Libye, Mali, toutes ces destructions n’ont eu aucun effet perceptible sur l’emploi alors qu’elles déstabilisent le monde et augmentent les risques de terrorisme en disséminant les armes et les raisons de les employer à une échelle incontrôlable car imprévisible d’acteurs non étatiques.

Les Européens les moins avertis n’adhèrent pas à la logique très spécieuse qui consiste à punir un régime qui aurait tué mille citoyens de manière non orthodoxe en exterminant des centaines de milliers de Syriens par une méthode plus acceptable.

Il ne s’agit pas non plus d’une vulgaire affaire de gaz et de matières premières ou de passage de conduites pour ressources énergétiques.

La Syrie est menacée d’extinction officiellement depuis les déclarations de Bush dès 2001 qui l’avaient classée dans les pays de l’Axe du Mal. Parmi les multiples péripéties organisées pour la déstabiliser, la sortie de l’armée syrienne du Liban et l’organisation d’un tribunal international mis en place pour accuser Damas d’avoir assassiné Rafik Hariri.

Elle mérite la destruction car elle est constitutive d’un véritable arc de résistance à l’occupant sioniste toujours vertueusement occupé à semer le désordre et l’affaiblissement durables des pays qui l’entourent.

Des données consistantes prouvent l’implication des US(a) dans le financement de brigades d’opposants à Bachar Al Assad agitateurs propagandistes ennemis du Hezbollah et montrant beaucoup de sympathie compréhensive pour Israël.

Les deux miracles ou le dépassement de la Matière par l’Idée.

La majorité des députés du Royaume-Uni a refusé d’obtempérer aux injonctions du Premier Ministre, elle a voté en défaveur de la guerre. Et cela relève du miracle, c’est-à-dire d’une rupture avec ce qui avait cours habituellement. Cette audace qui les a portés à rejeter d’être caution pour un massacre perpétré au prétexte d’allégations grossièrement fabriquées risque de sauver nombre d’entre eux de pathologies comportementales.

Obama requérant l’approbation du Congrès pour sa grande œuvre tricotée autour d’une ligne rouge est la première partie du deuxième miracle qui se réalisera pleinement quand l’assemblée des élus du peuple la lui refusera.

Les ‘investissements’ boursiers n’assurent plus les 15% de rendement, 2008 et Bernard Madoff sont passés par là. L’amenuisement des ressources de l’AIPAC et du CMI pour acheter les voix ne doit pas être le facteur majeur de la lame de fond anti-guerre.

L’hésitation obamesque vaut capitulation en période de campagne de recrutement de l’opinion.

Un vertige devant les conséquences de la réplique à l’attaque contre la Syrie a dû saisir les élites. Ni le blocus de dix ans ni la guerre dite civile de deux ans et demi n’ont anéanti le peuple syrien resserré autour du régime d’Al Assad pour éviter le chaos qui mine l’Irak voisin. La Russie et l’Iran interviendront en réponse à l’agression de leur allié.

La séquence géorgienne de 2008 donne un aperçu de tonalité de la réaction encourue.

Le camp de la sagesse ménage le (fou) fort en armes

Le dénouement de cette montée vers une déflagration mondiale au décours de laquelle Israël aurait disparu a été fourni par le parti de la sagesse, responsable et lucide.

Mais déposséder la Syrie de son stock d’armement chimique sans poser la question du nucléaire sioniste reviendrait à une victoire totale du voisin israélien libéré de la menace neurotoxique sans être dépourvu de ses bombes atomiques terrorisant toute la région.

La guerre « civile » syrienne alimentée par les milliers de Takfiristes mercenaires des Ibn Séoud se perpétuera, occupant une partie du Hezbollah.

Les Takfiristes considèrent qu’il est légitime d’ôter la vie à tout mécréant, le musulman qui n’est pas de son obédience stricte et littéraliste certes, mais aussi le chrétien et le juif.

Ils savent fabriquer des pesticides volatiles de mauvaise qualité mais efficaces sur les humains dans de bonnes conditions météorologiques ou dans des réseaux de transport souterrains.

Ils savent aussi se déguiser en rasant leur barbe.

L’inné est une accumulation d’acquis

L’épigénétique est ce domaine qui s’intéresse à la modification du matériel génétique sous l’influence de l’environnement par incorporation d’informations qui modulent, répriment ou exaltent l’expression génomique. Sans mutation réelle, des transformations durables parfois radicales et transmissibles témoignent d’un apprentissage.

Le vivant en interaction avec son histoire se modifie et évolue en intégrant les expériences, il n’est pas séquestré dans une course immuable et routinière sur une trajectoire autour de deux foyers. Il n’est pas aisé dans les situations métastables de prédire le moment et la forme de l’adaptation en cours, dans certains cas se manifestent de vrais miracles.

L’acquisition ‘épigénétique’ du doute vis-à-vis des faiseurs de guerre date de plus loin que septembre 2001 ou mars 2003, elle plonge ses racines dans les attentats de la gare de Bologne et dans l’incident du golfe du Tonkin.

Badia Benjelloun