Les Allemands d’EADS revendicatifs vis-à-vis des USA et (surtout) des Britanniques

Mardi, à une conférence organisée par le quotidien allemand Handelsblatt, Tom Enders, co-directeur général de EADS, représentant l’Allemagne, est intervenu sur les questions de commerce avec les USA. Enders se référait notamment et de manière explicite au traité qui vient d’être signé entre USA et UK sur le commerce des armements qui dispenserait les Britanniques de certaines licences et autorisations (ce traité reste évidemment à être ratifié et ce ne sera pas une mince affaire.)

Enders a estimé que les difficultés pour les Britanniques d’atteindre un tel accord bilatéral avec les USA montrent qu’il serait bien plus approprié de faire entrer un tel accord dans les discussions actuelles entre USA et UE sur le commerce (et alors, l’accord recherché ne concernerait plus les seuls Britanniques mais tous les Européens) .

Enders : «[The difficulty of the US-UK agreement] shows how difficult it is to get such an agreement. We are trying to do this within the EU-U.S. economic council set up by German Chancellor Merkel ... to make this an EU topic and not a bilateral one.» (Merkel vient de lancer le Transatlantic Economic Council la semaine dernière. Il sera présidé par le Commissaire européen à l’industrie Guenter Verheugen et par Allan Hubbard, assistant du président Bush pour la politique économique. On n’attend pas de résultats sérieux avant plusieurs mois.)

Deux remarques peuvent être proposées, selon les interprétations faites en marge de cette intervention :

• Pour la scène européenne intérieure d’abord. Il s’agit d’une attaque précise et très forte contre le comportement britannique recherchant des accords bilatéraux avec les Américains. EADS, les Allemands (et les Français) sont furieux du traité USA-UK dans ceci qu’il établit une discrimination inacceptable entre un pays de l’UE et le reste de l’UE. Cette appréciation risque de fournir un des principaux sujets de polémique contre les Britanniques dans les semaines à venir. Il est important et significatif, dans ce cas, que ce soit un Allemand qui ait mené cette attaque. Les Allemands jugent désormais les “relations spéciales” USA-UK comme directement dommageables pour les projets de grand marché transatlantique chers à Merkel.

• Pour la scène extérieure (transatlantique) ensuite. Le traité USA-UK n’est pas encore ratifié (par le Sénat) et l’on dirait qu’il est loin de l’être. L’affaire BAE d’une part, le durcissement néo-protectionniste (ou “nationaliste économique”) après le retrait de la Fast-Track Authority (FTA) de l’arsenal du président par la Chambre des Représentants d'autre part rendent une ratification très aléatoire. L’affaire de la FTA est un coup de frein puissant donné aux initiatives de libre-échange US. Cette perspective peu optimiste concerne également les projets de grand marché transatlantique de Merkel, mais les Britanniques seront tout de même les premiers à en essuyer les plâtres.

Mis en ligne le 4 juillet 2007 à 18H38