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436Parmi les pays européens, l’Allemagne est certainement le plus inquiet des intentions US de déployer des bases du système BMD (Ballistic Missiles Defense) en Europe continentale (en Pologne et en Tchéquie, peut-être en attendant d’autres). Hier, le ministre allemand de la défense Franz Josef Jung a suggéré que l’OTAN prenne en charge ces systèmes BMD. L’intention est bien sûr de tenter d’apaiser la Russie sans se brouiller avec les USA. Selon DPA :
«“I think the development of such a system should be integrated into the NATO military alliance,” Jung told reporters at the end of a meeting of European Union defence ministers in Wiesbaden, central Germany.
»Jung said Russia's worries about the US plan should continue to be discussed as part of NATO's dialogue with Russia, set up to discuss security and defence issues between the alliance and Moscow.
»“It is good for us to work in a spirit of partnership with Russia,” said Jung.»
Il faut d’abord noter que Jung est chrétien-démocrate. Il n’est pas assuré que sa suggestion ait le soutien sans faille des socio-démocrates de la coalition gouvernementale. Il n’est pas assuré non plus que les USA, ni d’autres pays de l’OTAN acceptent cette suggestion avec enthousiasme. Pour les USA, la bureaucratie du Pentagone serait plus qu’hésitante à un contrôle de l’OTAN sur des éléments d’un système global, dont certains autres éléments se trouvent aux USA. Or, il faudrait un contrôle réel de l’OTAN puisque, pour les Russes, une telle “garantie” ne pourrait être sérieusement considérée que dans ce cas. Cette remarque vaut si les Russes acceptent l’idée que le passage des BMD sous le contrôle de l’OTAN représente une garantie de quoi que ce soit. La raison inverse peut être invoquée : que l’OTAN intégrant les BMD voie son rôle amplifié en Europe, avec des prolongements extérieurs ; qu’ainsi elle devienne plus menaçante, etc. Les complications s’accumulent.
Il faut observer que la proposition du ministre allemand est le double inversé du début de la crise des euromissiles de 1977, ce qui confirme la similitude antithétique des deux crises. Comme nous l’écrivions hier : «Les Américains, conduits par un Jimmy Carter peu incliné au surarmement, se [firent] tirer l’oreille et, finalement, [réclamèrent] une décision collective et nuancée de l’OTAN (“double décision” de l’OTAN de décembre 1979 : déploiement des Pershing II et GLCM US en 1983, ouverture immédiate de négociations avec l’URSS pour tenter d’empêcher ce déploiement en obtenant l’arrêt de celui des SS-20 et la destruction des SS-20 déjà déployés). Ce processus indique que les Américains ne tenaient nullement à passer pour les initiateurs de ce nouvel armement en Europe de l’Ouest, ce qu’ils n’étaient en aucune façon.»
Cette fois, ce sont les Allemands qui veulent “pacifier” la décision américaniste par intégration dans l’OTAN, pour mieux la faire accepter par les Russes. Le résultat n’est pas garanti, — ni que l’idée de l’“otanisation” des BMD soit acceptée, ni qu’elle produise l’effet calmant voulu sur les Russes si elle est acceptée. De toutes les façons et dans tous les cas, on observe que la question des BMD américanistes en Europe ne cesse de prendre de l’ampleur.
Mis en ligne le 3 mars 2007 à 12H58