Les Américains à visage découvert face aux Européens

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Les Américains à visage découvert face aux Européens


17 octobre 2003 — Les projets européens, essentiellement en matière de défense, provoquent des réactions très fortes, au bord de l’hystérie, de la part des Américains — les projets européens, que ce soit pour adopter la constitution qui prévoit une défense autonome, que ce soit dans les démarches diverses actuellement en cours au niveau de la défense (d’abord entre l’Allemagne, la Belgique, la France et le Luxembourg, puis avec un virage des Britanniques vers les franco-allemands ces dernières semaines). Selon The Independent de Londres :

« Tensions between the European Union and the United States over defence burst into the open yesterday when America called a special meeting in Nato next Monday to discuss Europe's plans for military co-operation.

» The move followed frank exchanges within the alliance on Wednesday when the US made known its concerns over the direction of the EU's plans to boost defence cooperation.

» Nato sources said the informal meeting of ambassadors would discuss the direction of relations between Nato and the EU amid a climate of growing concern in Washington.

» The Americans are particularly concerned that some European Nato allies seem to have cut off communication prior to agreement among EU member states on defence cooperation in a new EU constitution. That could effectively present the US with a fait accompli, they say. »

Les sources consultées disent que les réactions américaines sont très violentes. L’intervention de l’OTAN dans les discussions européennes se fait contre tous les usages en la matière, représentant une ingérence criante dans des affaires non-US (une sorte de preventive strike en matière diplomatique, si l’on veut). Qui plus est, les Américains sont encouragés par les divisions européennes et, notamment, par des sollicitations clandestines de certains pays comme la Pologne et l’Espagne qui espèrent profiter des pressions US pour faire avancer leur cause dans les négociations européennes en cours.

La réaction américaine n’est pas une réaction de force mais juste le contraire : la réaction d’une administration aux abois qui ne veut pas, en plus de toutes les difficultés qu’elle rencontre, se voir reprocher d’avoir “perdu l’Europe”. Il n’y a aucune diplomatie dans ces interventions, aucun plan de quoi que ce soit, mais seulement la réaction violente d’un exécutif qui gère les différentes crises au jour le jour et en fonction du seul écho médiatique et washingtonien. Cette intrusion des US dans le processus européen central devrait dramatiser le débat, d’abord en déchirant certains Européens très atlantistes mais aussi très “européanistes” (le cas néerlandais est un bon exemple). Elle devrait aggraver le problème qu’affrontent certains, précisément les Britanniques, entre l’alliance US et les nécessités européennes.

En dramatisant le débat, effectivement, les Américains le portent aux extrêmes des grandes options, rejoignant les analyses les plus pessimistes à cet égard. Ils affirment in fine mais de plus en plus ouvertement que la seule préoccupation qu’ils ont en Europe est bien la poursuite de leur hégémonie, et c’est de plus en plus sur ce terrain que se situera le débat.