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31 octobre 2003 — Dans le courant du mois d’octobre s’est établie à Washington un nouveau think tank regroupant des experts, chercheurs, commentateurs, etc, opposés à la politique “impériale” de l’administration GW Bush. Il s’agit de Coalition for a Realistic Foreign Policy (CRFP), qui se dit « opposed to the peril of Empire » et qui vient d’ouvrir son site à http://www.realisticforeignpolicy.org/. Un article de Jim Lobe, — “Thinkers Launches Ant-Empire Drive”, déjà mentionné sur ce site, en avait fait l’annonce le 17 octobre. (Il est certain que le journaliste Jim Lobe, excellent commentateur des matières américaines intérieures et l’un des spécialistes des néo-conservateurs, sera l’un des principaux soutiens écrits de ce regroupement.)
C’est un événement important dans la mesure où il s’agit d’une coalition regroupant des personnalités d’horizons différents, de droite comme de gauche, de conservateurs radicaux comme certains membres du Cato Institute (Ted galen Carpenter), voire les libertariens du Independant Institute (Ivan Eland), des conservateurs classiques (dits “paléo-conservateurs”) comme le journaliste Scott McConnell ou l’historien Charlmers Johnson à des libéraux modérés qu’on classerait plutôt au centre-gauche, comme Charles Kupchan. Néanmoins, on serait mal avisés de trop s’attacher à ces étiquettes. Il s’agit d’abord d’un rassemblement apolitique d’intellectuels des questions de défense et de sécurité. Les membres du groupe se présentent effectivement de cette façon : « We are a diverse group of scholars and analysts from across the political spectrum who believe that the move toward empire must be halted immediately. We are united by our desire to turn American national security policy toward realistic and sustainable measures for protecting U.S. vital interests in a manner that is consistent with American values. »
Les buts de cette association sont sans surprise. On les connaît au travers des écrits de nombre des membres de ce regroupement, qui représentent sans aucun doute un poids d’opinion non négligeable. C’est une critique centrale de la politique extérieure mise en place par les néo-conservateurs et appuyée par GW Bush (plut^pot dans ce sens, sans aucun doute).
« Against the backdrop of an ever-bloodier conflict in Iraq, American foreign policy is moving in a dangerous direction toward empire.
» Worrisome imperial trends are apparent in the Bush administration's National Security Strategy. That document pledges to maintain America's military dominance in the world, and it does so in a way that encourages other nations to form countervailing coalitions and alliances. We can expect, and are seeing now, multiple balances of power forming against us. People resent and resist domination, no matter how benign.
(...)
» The need for a change in direction is particularly urgent because imperial policies can quickly gain momentum, with new interventions begetting new dangers and, thus, the demand for further actions. If current trends are allowed to continue, we may well end up with an empire that most Americans-especially those whose sons and daughters are, or will be, sent into harm's way-don't really favor. The issue must be the subject of a broad public debate. The time for debate is now. »
Il faut signaler également que la logique du groupe CRFP s’appuie sur une référence explicite aux valeurs américaines, ce qui tend à) rendre le groupe encore plus bipartisan. Sans aucun doute, ce passage est important :
« The American people have not embraced the idea of an American empire, and they are unlikely to do so. Since rebelling against the British Empire, Americans have resisted the imperial impulse, guided by the Founders' frequent warnings that republic and empire are incompatible. Empire is problematic because it subverts the freedoms and liberties of citizens at home while simultaneously thwarting the will of people abroad. An imperial strategy threatens to entangle America in an assortment of unnecessary and unrewarding wars. »
La formation de cette association est intéressante du point de vue du moment choisi. Elle est moins formée pour s’opposer à la politique impériale de l’administration, — cette tendance existe d’ores et déjà, et très forte dans la presse de commentaire, en même temps que la crise de capacités US limite
• Faut-il persister dans l’existence d’une structure de sécurité nationale qui mobilise 3,5% du PNB, qui emploie près de deux millions de personnes, qui alimente une industrie dont la puissance permet de manipuler toute politique, etc ?
• L’Amérique ne doit-elle pas retrouver une politique extérieure plus modeste, limitée d’abord à la protection de la sécurité des USA ?
Ces questions sont beaucoup plus importantes que celles du multilatéralisme versus l’unilatéralisme. Elles peuvent effectivement contribuer à orienter le débat électoral de 2004, si elles trouvent de l’écho dans le public et sont imposées aux candidats.