Les armes de ratage de haute précision en action au Liban

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Tout le monde ou presque a dû voir le film à la télévision : deux camions équipés pour l’extraction, garés dans un sous-bois, dans la banlieue de Beyrouth. Soudain, l’un des deux explose, touché de plein fouet par un missile de haute précision tiré par un avion de combat israélien. Un coup au but imparable, — sauf que, nous explique le commentateur, « les Israéliens ont pris ce camion pour un système lance-missiles » (faute compréhensible : l’arrangement du matériel d’extraction, posté sur la plate-forme arrière du camion, peut sans le moindre problème être pris pour une rampe de lancement de missiles).

Ainsi sont exposées, in vivo, les capacités extraordinaires et les limites dramatiques du tir de haute précision sur lequel reposent toute la logique et l’efficacité supposée de l’offensive aérienne israélienne. En un sens, plus la précision est grande, plus les effets de l’erreur possible sont dramatiques. Prenez un bâtiment identifié par erreur par les Israéliens comme un quartier-général déguisé du Hezbollah. Certes, il a les insignes standard d’un hôpital mais qui pourrait douter, chez les Israéliens, que les vicieux militants du Hezbollah utilisent les insignes d’un hôpital pour dissimuler leur QG. On attaque donc ce qui s’avère être un hôpital et, puisque la technologie marche formidablement, on le touche de plein fouet. Une erreur avec une bombe classique, qui aurait explosé à cent mètres, dans un parking de l’hôpital (car c’en est un) aurait fait dix blessés ; le coup de plein fouet au but fait cinquante morts.

La tactique d’Israël est maintenant d’attaquer tous les véhicules gros porteurs routiers pour stopper tout ravitaillement (du Hezbollah mais de tout le reste en même temps). Cela inclut les cars et les bus, camouflage idéal pour cette sorte de transport. Êtes-vous capables, en volant à 800 km/h et à 1.000 mètres d’altitude, même avec le meilleur GPS du monde, de distinguer un bus transportant des marchandises avec quelques passagers pour donner le change, d’un bus transportant 54 gosses ? Non, certes. Un bus avec 54 gosses à bord subira un jour un sort funeste.

Les Américains ont déjà connu ça. Ils n’en ont tiré aucun enseignement, sinon d’en rajouter dans la précision, dans le tout-technologique, dans les risques d’“erreur de haute précision”. Tsahal, confite dans son arrogance technologique, avec un chef d’état-major annonçant qu’on fera “revenir le Liban vingt ans en arrière” qui vaut bien le “nous allons ramener le Viet-nâm à l’âge de la pierre” du général LeMay, suivra la même voie. Comme cette arrogance va de pair avec l’empilement des erreurs de renseignement tactique, les “bavures” sophistiquées prennent rapidement le dessus sur les coups au but vertueux.


Mis en ligne le 20 juillet 2006 à 12H47