Les BRICS attendent Lula

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Les BRICS attendent Lula

• La victoire de Lula au Brésil, bien que d’extrême justesse, implique la possibilité de considérables changements dans les relations internationales... • Non pas tant contre la politique de Bolsanaro, mais en étendant et en renforçant décisivement celle-ci, jusqu’à  faire du Brésil un acteur essentiel. • Lula, c’est l’un des grands fondateurs du groupe BRIC devenu BRICS, que les USA ont mis 15 ans à bien comprendre. • Avec lui, les BRICS passeront de la défensive à l’offensive. • Lula pourrait être un médiateur de luxe pour la Russie en Ukraine. • Contributions : dedefensa.org et Steve Ellner.

Il est vrai que l’administration Biden, dans sa dimension idéologique, neocon aussi bien que démocrate, attendait (attend toujours ?!) dans l’événement de Lula redevenu président brésilien un nouvel atout pour Washington. Il est vrai que ces idéologues continuent à juger aujourd’hui que les USA ont présentement beaucoup d’avantages, comme ceux d’écraser, deux concurrents d’un seul coup de maître ukrainien, – l’Europe exsangue de ses propres sanctions antirusses, et la Russie dont l’armée ne cesse de s’effondrer. Le véritable “avantage” de ces idéologues neocon-démocrates, c’est de vivre dans le royaume de la ‘fantasy’ où un seul monstre évolue, dont le nom terrible est Donald Trump.

C’est ce que nos signifie avec justesse Steve Ellner lorsqu’il énonce en ouverture de son texte, ce jugement expédié en deux brefs paragraphes :

« Le président Joe Biden a tenu une promesse faite à Lula da Silva en le félicitant pour les élections “libres, équitables et crédibles” quelques minutes après que les résultats de dimanche ont déclaré Lula vainqueur du président sortant Jair Bolsonaro.

» Les experts ont interprété les paroles de l'administration Biden sur l'élection brésilienne comme une démonstration qu'elle soutenait Lula plutôt que son adversaire, connu sous le nom de “Trump tropical”. Ce raisonnement est au mieux trompeur, sinon complètement erroné. »

Il faut vraiment vivre en ‘fantasy’ pour voir dans l’élection de Lula un atout pour la politiqueSystème des USA, et avoir la mémoire bien courte. Mais rien ne doit nous étonner de la part de ces ‘pundits’, surtout pas la “mémoire courte”, eux qui n’ont de mémoire que celle de l’histoire récrite à l’avantage de leurs seuls fantasmes. Pour eux, la seule chose qui importe est l’élimination d’un homme (Bolsanaro) qui était ami de Trump. Par conséquent, on donnera sans grande peine quitus à Ellner d’aussitôt qualifier ce jugement d’« au mieux trompeur, sinon complètement erroné », car le retour de Lula est un grave revers de plus pour cette politiqueSystème.

Il suffit de se rappeler ce que Lula disait au Premier ministre anglais Brown en mars 2009 pour comprendre ce que signifie son retour. Et lorsqu’il dénonçait “l’homme blanc aux yeux bleus”, – typiquement caricatural de l’anglo-saxon, “Aryen globaliste” de la City et de Wall Street, – Lula n’était pas un wokeniste avant l’heure mais exactement au contraire : un tiers-mondiste antiaméricaniste dénonçant cette politiqueSystème que les wokenistes des universités US et des grandes marques néocapitalistes-“progressistes” de la globalisation soutiennent à fond... Les ‘pundits’ ont oublié une telle chose qu’ils n’ont jamais vraiment entendue, encore moins comprise s’ils avaient seulement écoutée... Tant mieux bien entendu, et ne leur en demandons pas trop :

« Au Brésil, Gordon Brown a poursuivi sa tournée pré-sommet, mais il a été embarrassé lorsque son hôte, le président Luiz Inacio Lula Da Silva, a déclaré que la crise financière était causée par des “Blancs aux yeux bleus”. Il a déclaré lors d'une conférence de presse conjointe avec M. Brown qu'il n'avait jamais rencontré de banquier noir.

» “C'est une crise qui a été causée par des gens, des blancs aux yeux bleus. Et avant la crise, ils avaient l'air de tout savoir sur l'économie”, a-t-il dit. “Une fois de plus, la grande partie des pauvres dans le monde qui n'avaient pas encore [obtenu] leur part du développement causé par la globalisation, ont été les premiers à en souffrir”. ”Comme je ne connais pas de banquiers noirs, je ne pourrais donc que dire que cette partie de l'humanité, qui est la principale victime de la crise mondiale, devrait payer pour la crise ? Je ne peux pas accepter cela. Si le G20 devient une réunion juste pour organiser une autre réunion, nous serons discrédités et la crise pourra s'aggraver.” »

Ce Lula-là connaît la musique. Il était déjà en 2009 l’homme des BRICS (les BRIC, alors en gestation), partisan actif sinon militant de ce regroupement, et c’est bien “l’homme des BRICS” qui est de retour. Lula gardera tout ce que la politique étrangère de Bolsanaro pouvait déplaire aux USA, notamment une proximité évidente de la Russie, l’amie des BRICS, dans l’actuelle ‘Ukrisis’, en y rajoutant une tendance clairement offensive, clairement d’actualité lorsqu’on l’entend dire dans une interview de 2019 ceci qui en fait un maximaliste de la chose :

« Les BRICS n'ont pas été créés pour être un instrument de défense, mais pour être un instrument d'attaque. »

Si Lula est égal à ce qui fut et qu’il semble être resté, et même plus encore dans une situation où le ‘Grand Sud’, ou ’Sud Profond’, ou mieux encore les ‘Neo-NAM’ (nouveaux non-alignés conduits par la Russie, la Chine et l’Inde) se trouvent lancés dans une vertigineuse ascension pour détruire l’ordre américaniste-occidentaliste (bloc-BAO), il devrait jouer un rôle essentiel dans cet actuel mouvement ; non seulement avec les BRICS, dont il est l’un des plus ardents partisans, mais dans toutes les crises enfantées aujourd’hui par la GrandeCrise. Paré de la vertu de n’être pas un “homme blanc aux yeux bleus”, et homme du tiers-monde parfaitement conscient des véritables enjeux et de l’hyper-manipulation par les ‘Anglos’ des concepts comme l’antiracisme et la démocratie, de l’impérialisme dissimulé (à peine) derrière la communication, un Lula pourrait jouer un rôle formidable dans la guerre en Ukraine par exemple, en tant qu’un médiateur que Poutine accueillerait à bras ouverts. Un homme comme Lula, que les Européens et les ‘pundits’ washingtoniens n’ont strictement aucun moyen d’arrêter ni de discréditer comme ils font d’habitude, peut jouer un très grand rôle dans la recomposition en cours, en l’accélérant décisivement.

Steve Ellner, qui écrit à l’origine son article pour ‘Consortiumnews.com’, est professeur retraité de l’Universidad de Oriente au Venezuela et actuellement rédacteur en chef adjoint de ‘Latin American Perspectives’. Son dernier livre est une coédition de ‘Latin American Social Movements and Progressive Governments : Creative Tensions between Resistance and Convergence’ (Rowman and Littlefield, 2022). Il expose parfaitement la situation que Lula pourrait développer.

Son article met bien en évidence les potentialités de l’activisme réaliste de Lula. Les quelques critiques de gauche contre lui (et contre les BRICS), représentent une pureté idéologique, – “être complètement ‘de gauche’ uniquement avec des acteurs ‘de gauche’ ou ne pas être”, – qui fait parfaitement le jeu de Washington ; par contraste et bon sens, ils suggèrent en réalité ce qu’on devrait juger être une bonne mesure du réalisme antiaméricaniste dont Lula pourrait faire preuve. Il faut souligner combien, avec lui, les BRICS pourraient prendre de l’ampleur en Amérique Latine (outre l’Argentine, on songe au Mexique, à la Colombie [surprise, surprise], au Venezuela, etc.).

dedefensa.org

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Pourquoi Lula devrait inquiéter les USA

Le président Joe Biden a tenu une promesse faite à Lula da Silva en le félicitant pour les élections "libres, équitables et crédibles" quelques minutes après que les résultats de dimanche ont déclaré Lula vainqueur du président sortant Jair Bolsonaro.

Les experts ont interprété les paroles de l'administration Biden sur l'élection brésilienne comme une démonstration qu'elle soutenait Lula plutôt que son adversaire, connu sous le nom de “Trump tropical”. Ce raisonnement est au mieux trompeur, sinon complètement erroné.

En réalité, ce qui devrait inquiéter gravement Washington, c'est la réémergence d'un puissant mouvement non-aligné et la perspective de voir un progressiste comme Lula à sa tête. Au cours de ses deux précédentes présidences, Lula s'est présenté comme le porte-parole du Sud.

Les temps ont changé depuis lors. Il y a un nombre croissant de gouvernements idéologiquement diversifiés, qui étaient autrefois soumis aux États-Unis et qui défient maintenant audacieusement les diktats de Washington, créant ainsi un terrain fertile pour l'expansion d'un bloc de nations non alignées qui a été revigoré par l'opposition à la position de l'OTAN en Ukraine.

La grande majorité de la population mondiale, de la Chine et de l'Inde à l'Amérique du Sud et à l'Afrique, n'a pas adhéré au régime de sanctions contre la Russie et se rassemble progressivement autour d'un nouveau système économique, financier et commercial émergent, alternatif à l'Occident.

En outre, l'incapacité totale des grandes puissances mondiales, notamment les États-Unis et l'Europe occidentale, à négocier un accord pour mettre fin au conflit ukrainien, ouvre un espace pour un leader comme Lula, qui tout au long de sa carrière a excellé dans la négociation avec des politiciens de diverses orientations politiques.

La politique étrangère au premier plan

La victoire de Lula dimanche a été très serrée, avec 50,9% des voix contre 49,1% pour Bolsonaro.  Tout comme lors de ses précédentes présidences (2003-2010), le centre et la droite, y compris les partis alliés de Bolsonaro, contrôleront le Congrès. Ce rapport de force défavorable obligera sans aucun doute Lula à faire des concessions sur le plan intérieur, notamment en adoucissant éventuellement sa promesse de campagne de taxer les riches.

En revanche, en matière de politique étrangère, il sera soumis à moins de pression intérieure et il est prêt à tenir sa promesse électorale de jouer un rôle clé dans les affaires régionales et mondiales. Dans son discours de victoire prononcé dimanche à Sao Paulo, il s'est engagé à renverser le statut international de “paria” du Brésil, résultat du mépris de Bolsonaro pour la diplomatie et de ses déclarations scandaleuses, comme celle de blâmer la Chine pour le Covid et Leonardo DiCaprio pour les incendies en Amazonie en 2019.

Peu après son arrivée au pouvoir en 2003, l'establishment de Washington considérait Lula comme un modéré fiable et un contrepoids aux brûlots tels que Hugo Chávez, Evo Morales et Néstor Kirchner. L'ancien ministre mexicain des affaires étrangères, Jorge Castañeda, dans son célèbre livre ‘Leftovers : Tales of the Two Latin American Lefts’, a fait l'éloge de Lula, qu'il a qualifié d'équilibré, et l'a opposé à la « mauvaise gauche » de Chávez et Cie, qu'il a qualifiée de « populiste » et d’« antiaméricaine ».

Mais la caractérisation favorable de Lula a changé en 2010, non pas en raison des politiques intérieures de Lula, mais plutôt de sa politique étrangère, en particulier sa reconnaissance d'un État palestinien sur la base des frontières de 1967. Une demi-douzaine d'autres gouvernements latino-américains lui ont ensuite emboîté le pas. La même année, Lula, selon les termes de Reuters, « a provoqué la colère de Washington » en raison de ses entretiens avec Mahmoud Ahmadinejad et de sa défense du programme nucléaire iranien.

Après cela, Lula n'était plus la réponse pragmatique de la gauche au populisme irresponsable, mais était plutôt dépeint comme un populiste lui-même. Le Wall Street Journal a titré un article sur le premier tour des élections présidentielles du 2 octobre, qui a placé Lula en tête, « Le populisme gagne les élections au Brésil ».  Mary Anastasia O'Grady, rédactrice en chef du WSJ, écrivait :

« Le candidat Lula promet à nouveau la modération. Son plus grand avantage politique est son image de populiste bienveillant. » 

La rhétorique est un élément important du populisme, mais dans le cas de Lula, ce qui inquiète les États-Unis, ce sont les actions concrètes qu'il pourrait prendre en tant que président et qui remettraient en cause l'hégémonie américaine. La menace provient en grande partie du bloc de cinq nations puissantes qui forment les BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.

Les fonctionnaires et les experts sceptiques de Washington ont considéré les sommets de ce groupe comme des “discussions” entre des gouvernements qui n'avaient rien ou presque rien en commun. C'était l'essentiel du tweet « Remember BRICS ? » du secrétaire d'État de l'époque, Mike Pompeo, lorsqu'il a quitté ses fonctions, dans lequel il insinuait que la peur de la Russie et de la Chine éprouvée par l’Inde et le Brésil rendait l'organisation inutile. Aujourd'hui, deux ans plus tard après l'Ukraine et avec Lula comme président élu, ce scepticisme semble complètement infondé.

Lula a été emprisonné en 2018 sur ce que ses partisans disent être des accusations de corruption forgées de toutes pièces. Dans une interview en prison en 2019, il a déclaré : « Les BRICS n'ont pas été créés pour être un instrument de défense, mais pour être un instrument d'attaque. » Les références qu'il a faites cette année sur le chemin de la campagne aux BRICS, ainsi qu'à des organisations régionales telles que la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) (dont Bolsonaro s'est retiré) et l'Union des nations sud-américaines (UNASUR), ont renforcé ce message. Après avoir rencontré Lula le lendemain de son triomphe, lundi, le président argentin Alberto Fernández a déclaré : « Avec Lula, nous aurons désormais un militant pour notre candidature » à l'adhésion aux BRICS." 

Washington considère l'expansion des BRICS comme une menace, exacerbée par l'adhésion de la Russie et de la Chine à l'organisation. Dans les dernières semaines de la campagne présidentielle brésilienne, le National Endowment for Democracy (NED), a écrit :

« Avec les BRICS ... qui vont s'élargir pour inclure l'Argentine, l'Iran, et peut-être l'Égypte, l'Arabie saoudite et la Turquie, la Russie pourrait acquérir encore plus de partenaires, qui représentent ensemble un pourcentage important du PIB mondial et un grand pourcentage de la population mondiale. »

Dans quelle mesure Lula est-il “neutre” ?

Washington ne peut pas non plus être très satisfait de la position de Lula sur le conflit ukrainien. Lula a insisté pour que les BRICS jouent un rôle dans la recherche d'une solution négociée et s'est engagé à tenter de négocier un accord de paix. 

Selon les mots de Telesur, Lula a déclaré que « la paix pourrait être atteinte à une table de bar, ce qui a provoqué un malaise dans la représentation diplomatique de l'Ukraine au Brésil ».

Mais il n y a pas seulement la crainte que Lula soit plus proche de la Russie et de la Chine que de Washington (ce qu'il est) qui empêche les décideurs américains de dormir. Contrairement à Washington, Lula a reconnu la légitimité de la démocratie vénézuélienne et, selon le journaliste Ben Norton, a déclaré aux médias locaux que le président reconnu par les États-Unis, Juan Guaidó, est un « criminel belliciste qui devrait être en prison ».

À la veille de l'élection, Lula a déclaré à l'Economist :

« Les gens ne parlent que du Nicaragua, de Cuba et du Venezuela. Personne ne parle du Qatar. Personne ne parle des Etats-Unis. »

Une monnaie BRICS

Lula a insisté, depuis que son Parti des travailleurs a perdu le pouvoir en 2016, sur le fait que la principale lacune des BRICS était son incapacité à lancer une nouvelle monnaie pour rivaliser avec le dollar. Dans une interview depuis la prison, Lula s'est souvenu :

« Lorsque j'ai discuté d'une nouvelle monnaie... Obama m'a appelé, me disant : “Essayez-vous de créer une nouvelle monnaie, un nouvel euro ?”. J'ai répondu : “Non, j'essaie simplement de me débarrasser du dollar américain”. ».

Les perspectives d'une monnaie de réserve des BRICS sont beaucoup plus prometteuses en 2022 et ses cinq pays membres sont derrière cette idée. En effet, cette année, les monnaies des cinq nations BRICS ont surperformé l'euro.

L'armement politique du dollar par Washington va au-delà de la rivalité des superpuissances avec la Russie et la Chine, puisque les sanctions internationales imposées par les États-Unis ont apporté la misère aux populations du Sud, notamment à Cuba, au Venezuela, en Iran et au Nicaragua.

Un pôle contre plusieurs

La notion de “monde multipolaire” fréquemment invoquée par Lula prévoit l'émergence de divers blocs, dont celui des nations non alignées. Un article de Shivshankar Menonor, expert en sécurité nationale, paru dans le numéro de cet été de ‘Foreign Policy’, reflète la pensée de beaucoup de personnes à Washington qui se méfient du non-alignement.

« Lorsque le système international est défaillant ou absent [...], il n'est pas surprenant que les dirigeants se tournent vers le non-alignement. Plus les États-Unis, la Russie, la Chine ou d'autres puissances font pression sur d'autres pays pour qu'ils choisissent leur camp, plus ces pays seront attirés par l'autonomie stratégique, ce qui pourrait créer un monde plus pauvre et plus cruel à mesure que les pays réduisent leur dépendance extérieure et consolident leurs lignes de démarcation. »

Certains membres de la gauche sont également mal à l'aise. Le militant politique de longue date Greg Godels qualifie la multipolarité de

« notion d'abord discutée par des universitaires bourgeois à la recherche d'outils pour comprendre la dynamique des relations mondiales » et ajoute « il n'y a aucune garantie que les pôles qui émergent ou défient le super-pôle de l'après-guerre froide soient un pas en avant ou un pas en arrière simplement parce que ce sont des pôles alternatifs. »

La présence du gouvernement raciste de l'Indien Narendra Modi au sein des BRICS et le désir de l'Arabie saoudite de s'y joindre jettent des doutes sur le caractère progressiste de l'organisation.

La récente décision surprenante de l'Arabie saoudite de se démarquer des États-Unis en rejetant l'appel de Biden à pomper davantage de pétrole pour faire baisser les prix internationaux et nuire à la Russie ne rend pas la nation moins réactionnaire. Mais c'est précisément la raison pour laquelle le leadership d'un progressiste comme Lula au niveau mondial revêt une telle importance, – et inquiète Washington.

Le premier mouvement des non-alignés (NAM) a été fondé dans les années 1950 par des dirigeants comme Josip Broz Tito, Gamal Abdel Nasser et Kwame Nkrumah, qui étaient tous de gauche et engagés dans le socialisme. Le mouvement a joué un rôle clé en faveur de la décolonisation, du désarmement et de l'opposition au racisme et à l'apartheid.

Le Mouvement des pays non alignés existe toujours, mais l'Union soviétique a disparu, l'une des deux puissances avec lesquelles le mouvement n'était pas aligné. Seuls les États-Unis restent. Lula n'a pas caché ses critiques à l'égard des États-Unis, ni même sa suspicion que des enquêteurs américains ont collaboré avec des procureurs brésiliens pour le mettre derrière les barreaux, une accusation bien documentée par le média ‘Brasilwire’.

Lula est en passe de devenir le leader de la marée progressiste qui a balayé l'Amérique latine, à commencer par la victoire d'Andrés Manuel Lopez Obrador au Mexique en 2018.

La véritable question est de savoir si Lula mettra son sens politique à l'épreuve en jouant un rôle de leader en faveur d'une marque progressiste de multipolarité dans un mouvement croissant dans le monde entier qui remet en question l'hégémonie américaine et qui traverse le spectre politique, – et comment Washington y réagira.

Steve Ellner