Les candidats et la politique extérieure

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Interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur BFM-TV-RMC hier 26 février, Nicolas Sarkozy a estimé qu’on ne parlait pas assez de politique extérieure dans cette campagne présidentielle. Puisqu’on y était et pour répondre à son attente, quelques questions du domaine lui ont été posées, auxquelles il a répondu. La recension rapide qu’en fait Le Monde montre un candidat sans grande originalité, — surtout pas celle d’être pro-américain, — et surtout attaché à ne pas trop s’éloigner de la ligne classique de la position française.

«Dans le reste de l'entretien, Nicolas Sarkozy s'est dit opposé à une éventuelle intervention militaire contre l'Iran. “Quand on voit ce qui se passe avec l'Irak, qui peut croire que c'est une perspective crédible ?”, a-t-il répondu. Les Américains sont dans “l'impasse” en Irak et doivent envisager les “conditions d'un retrait”, a-t-il ajouté. “Il y a un traité international qui prévoit la possibilité pour l'Iran comme pour tous les autres pays d'accéder au nucléaire civil”, a poursuivi le président de l'UMP, qualifiant le nucléaire d'“énergie de demain”.»

Sur TF1 hier soir, François Bayrou a dit qu’il était très fier de l’attitude de la France durant la crise irakienne de 2002-2003 et a rendu hommage à Jacques Chirac. Interrogé sur ses références politiques (ses modèles ou “ce qu’il voudrait être” en tant qu’homme politique), il a cité Pierre Mendès-France et Charles de Gaulle. Références de la grande ligne de la tradition française, et références qui permettent d’écarter le clivage gauche-droite (selon le vœu de Bayrou) puisque leurs étiquettes sont en principe opposées (Mendès de gauche, de Gaulle de droite).

Par conséquent, on notera que tout cela est extrêmement classique, dans la continuité de la diplomatie française. On ne trouve guère d’écart par rapport à une “ligne française” dont on sent qu’elle est fortement ancrée dans l’opinion populaire. Il reste à faire démarrer un éventuel débat sur la politique extérieure et, surtout, sur le comportement politique des USA (et la cohérence et le fondement de la politique française à cet égard). Il reste à s’expliquer de la justesse et de la nécessité de “la grande ligne de la tradition française” (que nous ne contestons pas une seconde mais qu’il serait si intéressant d’éclairer). Nous n’y sommes pas encore. Pour l’instant, les candidats s’abritent derrière la référence unanime (“la grande ligne de la tradition française”), en y dérogeant le moins possible. Pour certains d’entre eux (Sarkozy), on pourrait juger que c’est un changement (un progrès) par rapport aux intentions qu’on leur prêtait. Peut-être. (Pour le même Sarko, on en saura plus demain puisqu’il donne une conférence de presse sur le sujet de la politique extérieure.)

Pour tous, c’est une position d’attente, la tête rentrée dans les épaules, en espérant qu’on ne s’aventure pas trop dans ce domaine de la vraie crise mondiale (la crise US). Sujet brûlant.


Mis en ligne le 27 février 2007 à 08H20