Les caractéristiques radicales de la candidature Obama

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La candidature Obama (pour le parti démocrate) est désormais bien installée et l’on peut commencer à en mesurer les caractéristiques. Sans aucun doute, il s’agit de caractéristiques extrêmes, qui en font une candidature à la fois exceptionnelle, imprévisible et sujette à des pressions importantes après son installation, si Obama l’emporte. Parmi divers articles sur le sujet, suite à des sondages ces derniers jours, voyez notamment celui du Guardian aujourd’hui.

• Le facteur “race” joue un rôle important, voire très important, mais d’une façon assez confuse. D’une part, il conduit un nombre plus important de Noirs à envisager de voter, et à envisager de voter Obama, d’autre part il amène de nombreux Blancs à juger le facteur racial important sans pour autant qu’on détermine ce que ces électeurs feront eux-mêmes par rapport à ce facteur.

«But the poll, conducted by the Washington Post and ABC television, found that the state of race relations in the US is polarising voters. Almost half of African-American voters described race relations as “poor” or “not so good”, while a similar number of white voters said that they were “excellent” or “good”.

(…)

»Obama's support among African-Americans has the potential to edge Florida, Virginia and North Carolina to the Democrats in November, assuming he maintains his strong polling numbers among independents and Hispanic voters. A Democratic presidential candidate has not taken Virginia since 1964. Obama also polls well in the key swing states of Florida, Ohio and Pennsylvania, where his 90% support among African-American voters has opened an 8-point lead over McCain.

»The latest polling follows earlier surveys which showed white voters happy to elect an African-American to the presidency. Nine out of 10 white voters surveyed in last month's Washington Post-ABC poll said they would be comfortable with a black president.

»However the latest poll shows that more than half of white voters surveyed agreed that Obama would be a “risky” choice, with 60% saying that McCain would be a “safe” choice.

• Obama distance nettement McCain dans les divers sondages, après avoir été à égalité avec lui, ou légèrement distancé, sur la fin des primaires. C’est manifestement l’effet de sa “victoire” sur Clinton, dont les conséquences s’avèrent effectivement importantes: «The [ABC/Washington Post] poll found that Obama has a six-point lead over McCain nationwide. Another poll, released by Newsweek magazine, showed Obama with a much wider margin across the nation. Attributing his strong showing to the ending of his tussle with Hillary Clinton for the Democratic nomination, Newsweek reported Obama with a 15-point lead over McCain.»

• Cette impressionnante position d’Obama tient moins à sa personne en tant qu’homme politique qu’à l’orientation de sa campagne, basée sur le “changement” et sur la perception d’une candidature sortant de l’ordinaire, et éventuellement distanciée des orientations classiques washingtoniennes. Il y a une attente presque “révolutionnaire” de la candidature d’Obama : «The magazine also attributed what it dubbed the “Barack bounce” to voter dissatisfaction with the current state of the nation. Just 14% of those polled said they were satisfied with the direction of the country.»

Ces résultats des sondages montrent d’une façon très significative que le caractère énigmatique de la candidature d’Obama se retrouve dans le soutien qu’il recueille dans la population. L’élan en faveur d’Obama est beaucoup plus un élan en faveur d’un symbole, d’une perception, d’un climat que représente Obama, beaucoup plus que pour l’homme lui-même, pour son programme, etc. C’est ce qui fait de cette candidature, qui démarre très puissamment, une candidature à la fois fragile et insaisissable, qui pourrait brutalement s’écrouler ou, au contraire, s’affirmer d’une façon triomphale qui serait sans précédent. Même dans ce dernier cas, on ne serait encore assuré de rien, car l’on retrouverait dans l’élection d’Obama, puis dans son installation, les mêmes caractères énigmatiques qu’on a relevés.

Plus encore, une élection puissante, voire triomphale d’Obama le rendrait comptable d’attentes extrêmement affirmées de ses électeurs, Blancs et Noirs, notamment au niveau de l’économie. Ce point semblerait conforter l’idée que la présidence d’Obama devrait, dans tous les cas à ses débuts, être fortement marquée par le domaine intérieur, avec une recherche rapide et affirmée de la résolution de la crise, éventuellement avec des mesures importantes et, peut-être, révolutionnaires. C’est l’avis de certains commentateurs économiques, par exemple celui de Michael Hudson, ancien analyste de wall Street et conseiller économique de Dennis Kucinich durant sa campagne électorale, sur CounterPunch les 21-22 juin, qui considère qu’Obama devra agir comme Roosevelt après son élection de 1933.

«I think that at some point Obama will have to tell the public the bad news that restoring vitality will take radical measures – probably ones that Congress will try to water down so much that things are going to get worse – much worse – before the needed reforms will be made. He can say this before taking office, blaming the Republicans for their regressive tax policies and at the same time bringing pressure on the new Democratic Congress to back a return to progressive taxation and serious financial restructuring. As president, he will have to do what FDR did, and challenge the financial oligarchy with new government regulatory agencies staffed with real regulators, not deregulators as under the Bush-Clinton-Bush regime.»


Mis en ligne le 23 juin 2008 à 12H48