Les chrétiens de Syrie à l’ombre de notre conscience démocratique

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Les chrétiens de Syrie à l’ombre de notre conscience démocratique

Tony Cartalucci, de LandDestroyed, nous signale, le 6 juin 2012, un texte de d’agence Fides, proche du Vatican, sur le témoignage d’un ecclésiastique qui s’est rendu en mission d’information sur le sort de la communauté chrétienne de Syrie, notamment dans la région de Homs. Le texte est publié le même 6 juin 2012 (version française) et mérite citation complète.

Il est vrai que les évêques n’ont pax nécessairement bonne presse aujourd’hui, ni l’église militante. Cette mise au point bien dans le sens du vent n’empêchera nullement qu’il nous semble que, considéré d’une façon objective, le récit de la visite d’un évêque à Homs, sur place, en Syrie, vaut bien un an d’“informations exclusives” et par téléphone de monsieur SOHR, dans son bureau de Coventry, Royaume-Uni. On pourra alors mieux apprécier l’étrange logique de cet Occident qui se targue plus qu’à son tour d’être chrétien lorsqu'il s'agit de s'assurer le soutien de son électorat, avec un président US armé de la Bible dans sa poche, un (ex-)président français maître d’œuvre de la “politique” française en Syrie, qui s’opposait, comme Charles Martel à Poitiers, à l’entrée de la Turquie dans l’UE, et ainsi de suite ; l’étrange logique que voilà, qui pousse cet Occident-là à soutenir à hue et à dia les divers islamistes des tendances plus ou moins radicales, lesquels agissent comme on les voit faire par rapport aux diverses religions et nuances de religion qui ne sont pas de leur goût, et par rapport aux chrétiens de Syrie. Il n’y a pas nécessairement lieu d’être partisan de la référence religieuse comme argument d’un acte politique, mais encore moins d'un acte politique débouchant sur la référence religieuse comme guide de la barbarie quotidienne, où l’on soutient et où l’on équipe, et où l’on acclame ceux qui oppriment des communautés religieuses, dont l’une qui se trouve être celle de l’ensemble occidental. La violence du télescopage entre la vertu démocratique et l’effet sur le terrain de cette vertu favorisant l’intolérance religieuse s’exercée notamment contre la religion principale de nos régions démocratiques, est un phénomène qui mérite de faire date… Par conséquent, prenons date, avec le témoignage de l’Evêque français et Archimandrite Philippe Tournyol Clos.

«La paix en Syrie pourrait être sauvée si tous disaient la vérité. – “Après un an de conflit, la réalité sur le terrain est loin du cadre qu’impose la désinformation des moyens de communication de masse occidentaux” : c’est ce qu’affirme, dans un témoignage envoyé à Fides, l’Evêque français Philippe Tournyol Clos, Archimandrite gréco catholique melkite qui a visité ces jours derniers la Syrie, se rendant dans différentes villes, telles que Damas, Alep et Homs.

»A Homs, qualifiée de “ville martyr”, les forces d’opposition ont occupé deux quartiers, Diwan Al Bustan et Hamidieh, où se trouvent toutes les églises et les Evêchés raconte à Fides l’Archimandrite. “Le spectacle qui s’offre maintenant à nos yeux – continue-t-il – est celui de la plus absolue désolation : l’église de Mar Élian est à demi détruite et Notre-Dame de la Paix saccagée (près de laquelle on a trouvé plusieurs personnes égorgées) est encore occupée par les rebelles. Les maisons, très endommagées par les combats de rue sont entièrement vidées de leurs habitants qui ont fui sans rien emporter ; le quartier d’Hamidieh constitue encore aujourd’hui le refuge inexpugnable de bandes armées indépendantes les unes des autres, fournies en armes lourdes et en subsides par le Qatar et l’Arabie Saoudite. Tous les chrétiens (138.000) ont pris la fuite jusqu’à Damas ou au Liban ; ceux qui n’y avaient pas de parents se sont réfugiés dans les campagnes avoisinantes, chez des amis, dans des couvents, jusqu’au Krak des Chevaliers. Un prêtre y a été tué ; un autre, blessé de trois balles dans l’abdomen, y vit encore ainsi qu’un ou deux autres, mais ses cinq évêques se sont prudemment réfugiés à Damas ou au Liban”.

»Le Prélat continue: “Dans la capitale, ce que l’on appréhende le plus sont les voitures piégées et les attentats à la bombe, la plupart du temps, le fait de kamikazes alléchés par l’appât du gain, le désir du paradis d’Allah, ou bercés du rêve sunnite de la fin des alaouites au terme de 40 ans de règne. Actuellement, on tente une déstabilisation sanguinaire et systématique du pays par des aventuriers qui ne sont pas syriens. Cette information, qui va à l’encontre des journaux et des reportages télévisés, l’ex-ambassadeur de France, Éric Chevallier, n’avait eu de cesse de la faire entendre alors que de nombreuses informations continuent à être falsifiées afin d’alimenter la guerre contre la Syrie” dénonce l’Evêque à Fides. A Damas, au cours de ces dernières semaines, ont été enregistrés de terribles attentats ayant fait 130 morts (dont 34 chrétiens), 400 blessés et ayant endommagé de nombreuses maisons. “La consternation est générale, le chagrin indescriptible et les nombreuses funérailles déchirantes” note l’Archimandrite, rappelant que le peuple syrien est un peuple simple et joyeux. A propos des chrétiens, l’Evêque déclare : “Les chrétiens vivent en paix, partageant les souffrances de tous mais ils sont prêts à admettre de ne s’être jamais senti aussi libres par le passé et à rappeler la plaine reconnaissance de leurs droits de la part de l’actuel gouvernement”.

»Mgr Philippe Tournyol Clos raconte la clef de lecture de responsables chrétiens et musulmans syriens, qui affirment : « Les ennemis de la Syrie ont enrôlés les Frères Musulmans dans le but de détruire les relations fraternelles qui existaient depuis toujours entre les musulmans et les chrétiens. Pourtant, à ce jour, ils n’y sont pas parvenus : ils ont même provoqué une réaction contraire et rapproché comme jamais auparavant tant les communautés que les individus ». Les militaires syriens continuent à se trouver face à des combattants étrangers, mercenaires libyens, libanais, militants des Etats du Golfe, afghans, turcs. “Les militants sunnites salafistes – déclare l’Evêque – continuent à perpétrer des crimes sur les civils ou à recruter des combattants de force. Les extrémistes fanatiques sunnites combattent avec orgueil une guerre sainte contre les alaouites. Lorsque des terroristes veulent vérifier l’identité religieuse d’un suspect, s’il se dit chrétien, ils lui font réciter le Je crois en Dieu et le laissent partir. S’il se dit ismaélite, il lui est demandé de donner les généalogies qui remontent à Moïse. S’il se dit sunnite, ils exigent qu’il récite une prière dont les alaouites, eux, ont retiré un passage. Les alaouites n’ont aucune chance de s’en tirer vivant.”»

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