Les conceptions de Rumsfeld, un mois plus tard

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Nous extrayons un autre passage de l’interview de Rumsfeld du 12 octobre 2001, — interview déjà signalée ce même jour, dans cette même rubrique. (La nouvelle et la première citation de Rumsfeld suscitent des réactions. Tout ce qui concerne la question de la réalité de l’attaque du 11 septembre suscite des réactions passionnées. On verra, et nous-mêmes reviendrons dans peu de temps sur la question soulevée par cette citation, mais selon un point de vue bien particulier qui est le personnage de Rumsfeld, sa psychologie surtout… D’où l’intérêt de cette seconde citation que nous rapportons de l’interview donnée à Parade Magazine.)

La citation est la suivante (Rumsfeld parle des dépenses de défense des Etats-Unis) :

« We are perfectly capable of spending whatever we need to spend. The world economy depends on the United States [contributing] to peace and stability. That is what underpins the economic health of the world, including the United States.

» To think that we want to skim on our national security and put in jeopardy the world economy, put in jeopardy our economic circumstance in this country it's so short sighted and so immature and reflects a lack of a capability to understand history. »

Ce qui est remarquable dans cette citation, c’est le lien qui est fait par Rumsfeld entre l’économie du monde et l’action des USA “pour la paix et la stabilité”. La conception est que la puissance militaire américaine est nécessaire (“et suffisante” ajouterait-on), non pour les seules sécurité et stabilité, mais pour le fonctionnement et l’intégrité de l’économie du monde. C’est un raccourci saisissant et significatif, un lien direct de cause à effet entre l’activisme militaire américain et le bien-être et l’avenir de l’univers entier. C’est une confiscation radicale du sort du monde, voire de la propriété du monde, pour les confier à la responsabilité du Pentagone, dans une mesure qui atteint une dimension philosophique impérative et qui est le produit d’une psychologie insensible (encore plus que rétive) à toute contestation. Il s’agit moins d’impérialisme que de métaphysique.

Il y a là l’explication du comportement américain et l’éclairage révélateur de la politique américaine ; il y a aussi l’explication des erreurs et des fautes qui les accompagnent et qui en sont la conséquence. Une vision si spécifique du monde, si elle ne correspond pas à la réalité, ne peut effectivement qu’enfanter erreurs et fautes. Plus la politique militaire développée selon la psychologie rumsfeldienne (parfaitement américaniste, au reste) est active, plus nombreuses sont les erreurs et les fautes. C’est une explication suffisante de la fatalité de l’échec de l’entreprise américaniste. Pas besoin d’Ennemi pour cela.


Mis en ligne le 30 septembre 2005 à 12H25