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389Une source à la Commission européenne nous expose le processus extraordinaire de dégradation du climat de travail au sein de la Commission. La tendance est pour l’abandon systématique de toute vision politique de la moindre ampleur et l’ignorance systématique des analyses extérieures. L’impulsion est donnée par une équipe de direction et un encadrement qui sont de plus en plus obnubilés par des impératifs opérationnels et économiques, accompagnés du catéchisme moralisant qui va avec lorsqu’il s’agit des discours de Barroso.
«Le premier point dans cette évolution, nous dit cette source, est la consigne qui se répercute par les méthodes de travail et les impulsions données de s’en tenir strictement aux impératifs immédiats de terrain, sans aucune considération des effets et des perspectives politiques. Il s’agit de coller aux seuls impératifs bureaucratiques, d’organiser les missions, les interventions, etc., d’un point de vue matériel, budgétaire, de personnel, sans s’interroger sur le sens et l’opportunité politiques de ces missions.»
Par exemple, depuis que Washington s’est mis à envisager de travailler sur les options offertes par la Commission Baker qui envisage un retrait d’Irak d’une façon ou d’une autre, même dans les circonstances les plus abracadabrantesques, les propositions et les évaluations fleurissent au sein de la Commission pour envisager l’installation d’une présence de la Commission en Irak, selon les “finalités” habituelles (aide économique, aide à la reconstruction, etc.)
«A aucun moment, poursuit notre source, on n’envisage les conditions politiques et militaires dans le pays, le chaos qui y règne, la guerre civile qui s’y développe, etc. La consigne non écrite est l’extension des interventions sans autre souci que cette logique d’accroissement.»
Un autre aspect de la vie courante en pleine évolution de la Commission, dit encore notre source, c’est la rupture complète avec le monde extérieur.
«Les fonctionnaires de la Commission s’informent de plus en plus exclusivement à leurs sources internes. On en vient à percevoir comme une vertu et une marque de l’excellence du travail de lire le moins possible d’articles de journaux, d’analyses extérieures, voire de n’en lire pas du tout. On le dit, on l’affiche presque au plus haut niveau, comme s’il s’agissait de la marque ultime du travail efficace et conforme aux intérêts de la Commission.»
La Commission européenne vit de plus en plus en circuit fermé, dans sa propre bulle, protégée par un cordon sanitaire de toute influence extérieure. Elle ne trouve plus ses références qu’en elle-même. Elle est de plus en plus incapable d’appréhender les événements, les crises, les évolutions tactiques et les orientations stratégiques.
Mis en ligne le 26 octobre 2006 à 14H49