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164929 janvier 2003 — On peut avancer que l’offensive américaine en cours est, de loin, la plus formidable de l’histoire de la communication. Il s’agit, bien entendu, de l’offensive de relations publiques et de lobbying, qui dépasse largement le cadre de la propagande pour s’inscrire dans un “concept”, comme on dit dans le showbiz, complètement virtualiste.
(Il est significatif que cette offensive de communication dépasse largement l’offensive sur le terrain, c’est-à-dire l’offensive militaire. Il est manifeste que les USA sont largement supérieur dans le domaine de la communication. Cela crée parfois de fâcheux décalages, le domaine de la communication, très en avance, créant des exigences virtualistes que la réalité a du mal à rencontrer, quand elle les rencontre.)
Précisément, pour alimenter cette offensive RP et virtualiste, voici des nouvelles du fameux Committe for the Liberation of Iraq (CLI). Une extension étrangère du CLI, extérieure aux USA, est annoncée, par diverses voies dont un article du Washington Times du 24 janvier. Voici l’extrait de l’article qui concerne cet aspect des choses :
« Prominent backers of a tough line against Saddam yesterday announced a ''Committee for the Liberation of Iraq,'' whose board includes former Swedish Prime Minister Carl Bildt, former Bulgarian President Petar Stoyanov, and Klaus Naumann, the German general who once headed NATO's Military Committee.
» ''One of our missions is to remind people here and in Europe that there are a lot of prominent Europeans who understand the threat posed by Saddam Hussein and of the need to do something, whether the United Nations acts or not,'' said Gary J. Schmitt, a member of the committee's board and head of the Foreign Intelligence Advisory Board under President Reagan.
» Mr. Schmitt said the depth of support for the United States in an Iraq war will pose problems for the United Nations as an organization and for countries such as Germany that have prominently opposed the campaign.
» ''There was always that danger that when we took this issue to the U.N., the U.N. would behave like the U.N. always does,'' he said. ''It's increasingly apparent that France and Germany are digging themselves into a big hole.'' »
Le site du CLI (http://www.liberationiraq.org), actuellement en construction, a repris à son compte l’article du Washington Times. Gary J. Schmitt, autre agent d’influence des milieux du renseignement rassemblés à l’époque de Reagan et de l’Irangate, et qui semble l’organisateur du CLI-outremer, est largement présenté sur le site ; il est, en tant que secrétaire du conseil de direction, une des chevilles ouvrières du CLI avec Bruce P. Jackson, quasi-délégué de Lockheed Martin dans l’entreprise, et Randy Scheuneman, executive Director.
(Autant Jackson et Randy Scheunemann, que Schmitt lui-même, signalent l’arrivée aux postes de direction de la machiner d’influence washingtonienne d’une nouvelle catégorie d’“experts” formée du temps de Reagan : les intellectuels des question de défense directement connectés aux forces d’influence actives, telles que le renseignement [Schmitt, Scheunemann] et l’industrie d’armement [Jackson]. Auparavant, des barrières, évidemment fictives pour l’essentiel mais néanmoins apparentes, existaient entre ces catégories. Aujourd’hui, c’est fini. Le corporate power et les forces adjointes du domaine de la sécurité nationale tiennent leur place, qui est essentielle, à visage découvert. En d’autres termes, le CLI dépend de ces forces, directement et sans intermédiaire, sans “blanchiment vertueux” avec telle ou telle couverture.)
Une dépèche de U.S. Newswire, une agence semi-officielle de l’administration en place (site : http://www.usnewswire.com), détaille les caractéristiques de l’opération et les noms des participants au CLI, sous le titre de « International Leaders Unite On Iraq; Prominent Voices Support Liberation. »
Ces points principaux peuvent être notés :
• Les Américains reproduisent la tactique dite “frontiste” (les organisations frontistes) utilisée pendant la Guerre froide, autant par le KGB que par la CIA. La différence est dans la qualité du dispositif, donc dans sa crédibilité. Au temps de la Guerre froide, les organisations étaient à caractère culturel, elle s’appuyait évidemment sur un argument universellement reconnu (la défense de la liberté face à l’impérialisme soviétique) et était constitué souvent d’intellectuels prestigieux (Arthur Koestler, Bertrand de Jouvenel, Raymond Aron, etc, voir notamment la recension du livre “Who Paid the Piper ?”). Autre différence importante : bien qu’elles fussent subventionnées par la CIA, ces organisations paraissaient, dans leur manifestation publique, être sous seul contrôle de leurs membres européens. Ce n’est pas le cas de la CLI, qui est directement chapeautée par la “maison-mère” US.
• Les membres européens de l’organisation CLI traduisent exactement les tendances des analyses politiques américaines du jour. L’idée actuellement très en vogue que l’Europe de l’est est la vraie amie de l’Amérique se traduit par le fait que, sur les 17 personnalités formant l’Advisory Board, on trouve 9 personnalités des pays de l’est (les 13 pays qui ont été ou vont être admis dans l’OTAN et dans l’UE), tandis que les 18 pays non-US OTAN-UE n’en comptent que 8. (Les deux nationalités les mieux représentées sont le Royaume-Uni et la Bulgarie, chacun avec 3 personnalités.) Pour l’essentiel, il s’agit d’hommes ayant appartenu ou appartenant au complexe occidental de la sécurité nationale (gouvernement, militaires, experts). Là aussi, on distingue une réelle différence de valeur et d’orientation avec les organisation frontistes de la guerre froide.
Voici, ci-dessous, le texte U.S. Newswire annonçant la formation du groupe.
« Former Swedish Prime Minister Carl Bildt and Polish newspaper editor and freedom fighter Adam Michnik will co-chair a distinguished group of 15 international political leaders, journalists and academics who will serve on the International Advisory Board of the Committee for the Liberation of Iraq (CLI).
» Retired German General Klaus Naumann and Vice President of the European Parliament's Committee on Foreign Affairs, Human Rights, Common Defense and Security Policy, Baroness Nicholson of Winterbourne, are joined on the board by renowned British authors Misha Glenny and Christopher Hitchens, former Lithuanian President Vytautas Landsbergis, former Bulgarian President Petar Stoyanov, and Deputy Foreign Minister of the Czech Republic Alexandr Vondra.
» A complete list of members is attached.
» Formed to support CLI, the International Advisory Board is an ideologically diverse group, but its members share a common commitment to peace, freedom and security and agree on the importance of ending the threat posed by Saddam Hussein through the liberation of Iraq. ''This distinguished group illustrates the breadth and depth of support for the liberation of Iraq that exists in Europe and beyond,'' said CLI President Randy Scheunemann. ''Many of these leaders played key roles in the transformation of Europe in the aftermath of the Cold War and opposed the wars of aggression in the Balkans. It is no surprise that they have made common cause in support of the liberation of Iraq.'' CLI Chairman Bruce Jackson added, ''We are pleased to be joined by these leaders in the common cause of bringing freedom to the people of Iraq. From Sweden to Turkey, from Spain to Estonia, the commitment of these leaders illustrates that there are many important voices in Europe supporting the liberation of Iraq.''
» CLI was formed to promote regional peace, political freedom and international security by replacing the Saddam Hussein regime with a democratic government which respects the rights of the Iraqi people and ceases to threaten the community of nations. International Advisory Board Co-Chairman (Affiliations are for identification purposes only):
» Adam Michnik, editor-in-chief, Gazeta Wyborcza, Republic of Poland; Carl Bildt, Prime Minister, 1991-1994, Kingdom of Sweden; Gustavo De Aristegui y San Roman, Member of Parliament, Kingdom of Spain; Asla Aydintasbas, Western Policy Center, Republic of Turkey; Bronislaw Geremek, Minister of Foreign Affairs, 1997-2000, Republic of Poland; Misha Glenny, Author, United Kingdom; Christopher Hitchens, Author, United Kingdom; Toomas Hendrik Ilves, Foreign Minister, 1999-2002, Republic of Estonia; Omar Karsou, Democracy in Palestine; Ivan Krastev, Center for Liberal Strategies, Republic of Bulgaria; Vytautas Landsbergis, President, 1990-1993, Republic of Lithuania; Nadezhda Mihaylova, Minister of Foreign Affairs, 1997-2001, Republic of Bulgaria; Klaus Naumann, General, ret., Bundeswehr, Federal Republic of Germany; Baroness Nicholson of Winterbourne, Member, European Parliament; Martin M. Simecka, SME Daily, Slovak Republic; Petar Stoyanov, President, 1997-2002, Republic of Bulgaria; Alexandr Vondra, Deputy Foreign Minister, Czech Republic. »
[Notre recommandation est que ce texte doit être lu avec la mention classique à l'esprit, — “Disclaimer: In accordance with 17 U.S.C. 107, this material is distributed without profit or payment to those who have expressed a prior interest in receiving this information for non-profit research and educational purposes only.”.]