Les démocrates craignent déjà la défaite en 2010

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Le vice-président Joe Biden, qui s’est largement recyclé dans la politique intérieure pour venir à l’aide d’une administration Obama qui peine terriblement pour faire accepter ses programmes intérieurs, a fait une déclaration que nous jugeons tonitruante, bien dans sa manière, le 21 septembre 2009, telle que la rapporte ABC.News. Biden parlait des élections mid-term, qui sont pour novembre 2010 et portent sur le renouvellement de la Chambre et d’une partie du Sénat.

«Vice President Joe Biden said today that if Democrats were to lose 35 House seats they currently hold in traditionally Republican districts, it would mean doomsday for President Obama’s agenda.», indique le rapport d’ABC.News. Biden a notamment remarqué, selon une formule qui sera sans doute retenue, pour la chose elle-même autant que le rôle prépondérant qu'il s'attribue lui-même dans l’inspiration, l’orientation et la direction de l’administration Obama – on aurait plutôt l’impression, à le lire, d’une administration Obama-Biden, ou Biden-Obama par ordre alphabétique… (dans la citation, GOP désigne bien sûr les républicains): «If GOP succeeds, it’s the end of the road for what Barack and I are trying to do»

@PAYANT Laissons les certitudes de “hey Joe”, décidément intarissable sur les déclarations à sensation, et observons ce fait extraordinaire qu’à peine lancée dans l’arène politique et confrontée à des paralysies diverses, l’administration Obama commence déjà à songer à mettre en place un dispositif électoral pour tenter d’éviter au parti démocrate une défaite retentissante en novembre 2010. Il est vrai que les experts commencent, eux, à calculer dans ce sens, et notamment l’un des plus fameux d’entre eux, Charles Crook, qui est justement l’auteur de cette projection selon laquelle les démocrates pourraient perdre la Chambre des Représentants en 2010. Dans ce cas, effectivement, on peut annoncer d'une façon plus directe et plus simple que les USA ne seront plus gouvernés à partir de novembre 2010, au moins jusqu’en novembre 2012, avec tous les événements déstabilisants qui pourraient être suscités par une telle situation. Ce jugement s’appuie notamment sur le fait que les USA sont aujourd’hui à peine gouvernés, l’administration paralysée dans beaucoup de domaines, alors qu’elle a une majorité absolue dans les deux Chambres, y compris le fameux seuil des 60 sénateurs au Sénat. (Une défaite démocrate en 2010 serait bien plus paralysante encore – ce n'est pas peu dire – que celle que les mêmes démocrates subirent en 1994, après la victoire de Clinton en 1992.)

Or, le mal est profond. On veut dire par là que les remarques de Biden (qui promet par contre, évidemment, des lendemains qui chantent merveilleusement juste si les démocrates gagnent en novembre 2010) impliquent un climat psychologique extrêmement dépressionnaire dans l’administration et chez les élus démocrates. L’on se trouve partout sur la défensive, face à un parti républicain pourtant pulvérisé entre les élections de 2006 et 2008 et qui est partout minoritaire. Aussi bien, cet état d’esprit caractérise-t-il plutôt la situation aux USA que la situation mathématique au Congrès, y compris celle qui naîtra des élections de novembre 2010; et, de ce point de vue, l'hystérie quasi-pathologique de nombre de républicains ne vaut guère mieux que l'humeur dépressive des démocrates.

Le malaise formidable qui secoue les USA n’est pas un malaise partisan ou idéologique, c’est notre conviction, comme on le lit ce jour dans la rubrique F&C. Répudier une aile du “parti unique” en 2010 après avoir fait l’opération inverse en 2006 (répudier l’aile du “parti unique” qu’on s’apprêterait à remettre en selle en 2010) est évidemment une formule dérisoire et grotesque pour avancer une prospective de résolution du malaise actuel. La chute des démocrates dans les enquêtes et sondages se fait au profit des républicains parce que les règles du jeu limitent le jeu aux deux ailes du “parti unique”. En réalité, c’est la dégradation de la perception du système as a whole qui se poursuit à une vitesse accélérée. Aussi la prospective d’ici 2010 se résume-t-elle au contraire à trois questions qui s’écartent du catalogue habituel des sondeurs et enquêteurs.

• Obama va-t-il conserver cette position de recherche du compromis, de refus de prendre parti contre le système, alors que la dynamique naturelle de son destin politique le pousse évidemment vers cette politique radicale?

• Le malaise général de la société US va-t-il réussir à trouver une expression parlementaire, d’une façon ou l’autre, qui soit assez convaincante pour convaincre les citoyens de voter dans ce sens?

• D’ici 2010, des événements intérieurs majeurs, et cela au niveau intérieur plus ou moins relayé par quelques exceptions déstabilisantes au cœur du système (type-Ron Paul), peuvent-ils intervenir pour modifier la situation intérieure à un point tel que les élections de 2010 deviennent un événement secondaire, sinon dans la recherche de la façon de bloquer, sans beaucoup d’espoir de réussite, ou d’entériner en termes parlementaires ces événements?

Dans tous les cas, notre conviction ne cesse de se renforcer. D’ici novembre 2010, avec les événements courants et le climat préélectoral qui s’établit déjà, des événements déstabilisants importants sont de plus en plus possibles aux USA.


Mis en ligne le 23 septembre 2009 à 11H22