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1126La chose nous avait échappé mais elle est trop précieuse pour que nous ne la signalions pas. Il s’agit d’une interview donnée par Barney Frank, le puissant président de la commission des affaires financières de la Chambre, l’homme qui a soutenu (avec la Speaker Pelosi et Obama) le plan Paulson au Congrès, avec les difficultés qu’on sait. Frank occupe une position très forte au sein du parti démocrate et sera sans aucun doute un des hommes qui compteront dans l’éventuelle très probable présidence Obama. Dans cette interview du 24 octobre donnée au Standard Times, journal du Massachusetts dont il est l’élu, Frank parle de l’intervention d’une administration Obama pour tenter de relancer l’économie US. Il s'agirait d'un nouveau plan de sauvetage, économique cette fois, d’un montant de $250 milliards, avec $150 milliards à dégager dès 2009. Cette nouvelle dépense imposerait au budget fédéral une pression supplémentaire, et l’idée de Frank semble bien qu’il faudrait aller chercher cet argent… au Pentagone.
«After the November election, Democrats will push for a second economic stimulus package that includes money for the states' stalled infrastructure projects, along with help paying for healthcare expenses, food stamps and extended unemployment benefits, U.S. Rep. Barney Frank said Thursday.
»In a meeting with the editorial board of The Standard-Times, Rep. Frank, D-Mass., also called for a 25 percent cut in military spending, saying the Pentagon has to start choosing from its many weapons programs, and that upper-income taxpayers are going to see an increase in what they are asked to pay.
»The military cuts also mean getting out of Iraq sooner, he said. “The people of Iraq want us out, and we want to stay over their objection,” he said. “It's extraordinary.” The Maliki government in Iraq “can't sell (the withdrawal deal with the U.S.) because it sounds like we're going to stay too long.” “I was teasing (U.S. Rep.) Jack Murtha (a key supporter of military budgets) and I said to him, ‘For the first time, somebody else has got a bill that's almost as big as yours.’ We don't need all these fancy new weapons. I think there needs to be additional review.”»
On comprend le rapport que l’on fait entre ce plan, qui prévoit $150 milliards en fonds fédéraux, et la réduction que demande Barney Frank. Réduire un quart du budget de la défense (près de $520 milliards de budget “hors-guerres”) revient à dégager effectivement une somme proche de ces $150 milliards.
Ce contexte permet de comprendre pourquoi le Pentagone commence à considérer le maintien de son propre budget comme une priorité aussi grande que les engagements en Irak et en Afghanistan. Ces diverses évolutions concourent à renforcer l’idée que l’administration Obama (tenons-là pour élue) va se trouver effectivement devant une perspective de très grand bouleversement. Barney Frank annonce également qu’il demande au futur président Obama de nommer dès son élection un coordinateur pour faire avancer une action législative pour tenter de voter sur ce plan de sauvetage de l’économie. (Sinon, le vote sera renvoyé au futur Congrès, qui devrait avoir une majorité démocrate plus forte, voire décisive.) Ces nouvelles nous conduisent à observer que nous évoluons vers la confirmation de plusieurs possibilités:
• Si le résultat de l’élection est ce que les sondages nous prédisent, avec notamment un très fort renforcement des démocrates en plus de la victoire d’Obama, le rôle du Congrès va être déterminant. Les démocrates, devenus très puissants au Congrès, voudront imposer certaines de leurs idées dans la politique de l’administration.
• La transition entre les deux présidences va se présenter d’une façon très particulière, en raison de l’urgence de l’action selon les démocrates. On va assister à un véritable chevauchement de la nouvelle administration sur l’administration Bush, les démocrates cherchant à imposer leur action législative dès cet intermède.
• Les intentions de réforme et d’action intérieures se précisant dans un sens assez radical, il semble que l’on devrait effectivement envisager la possibilité d’affrontements très vifs entre cette branche démocrate représentée par Frank, qui privilégie l’action intérieure, et la fraction de l’establishment qui soutient la politique extérieure expansionniste et belliciste. Le budget du Pentagone sera évidemment un des terrains favoris de cet affrontement.
Mis en ligne le 30 octobre 2008 à 11H34