Les destins de l’Ukraine et des USA sont-ils similaires ?

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Les destins de l’Ukraine et des USA sont-ils similaires ?

Le site The Vineyard of the Saker est parmi les “sources” qui se sont imposées par la valeur de ses informations, notamment depuis que la crise ukrainienne a éclaté. La qualité de son information, en regard de la pathétique noyade de la presse-Système réduite au silence comme forme ultime de censure pour ce qui concerne l’Ukraine tant le ridicule des narrative du bloc BAO finit par peser, a constitué le paramètre essentiel de l’appréciation qu’on doit en avoir (voir le 22 octobre 2014 : [Q]ue m’importe au départ qui se cache derrière le Saker ou ZeroHedge.com dès lors que les informations qu’ils publient me satisfont d’une façon ou l’autre, – après enquête sur la valeur et la validité des informations, certes..») Il importe donc de prêter attention à ce que répète le Saker depuis quelques semaines, – savoir, que l’accalmie en cours de la “guerre civile” entre Kiev et la Novorussia dissimule mal une détérioration de la situation ukrainienne intérieure et de nombreux signes qui permettent d'envisager une perspective rapprochée “très dangereuse” pour cette même “guerre civile” pour l'instant maintenue dans une situation de ni-paux ni-guerre. (Cette analyse est corroborée par d’autres sources également très crédibles, mais en général russes et pour cela comptables dans notre chef de l’obstacle de la langue.)

On citera donc un “mini SITREP” (Situation Report) du Saker, du 22 octobre 2014. Il s’agit d’une analyse essentiellement politique qui, à quatre jours des élections et en présence d’une situation intérieure décrite comme en dégradation accélérée, décrit effectivement une situation “extrêmement dangereuse” en Ukraine et selon les manigances des USA manipulant Porochenko dans le sens de provocations antirusses

«Following the use of a tactical ballistic missile against Donetsk by the Ukies, Zakharchenko has declared that the ceasefire was basically over. Strelkov has made an official appeal warning that according to this information the Ukies were massing troops in preparation for an attack. According to Strelkov, the Ukie plan is for a very short and very rapid “push” towards Donestk and the Russian border to make any Novorussian state non-viable and thus to negotiate from a position of force. True, Strelkov does have a record of exaggerating threats in order to minimize them, but this time there are some strong signs that his analysis is shared by the Russian military, and these signs are the most ominous signs of all.

»Russian sources – including the excellent Colonel Cassad blog – report that the voentorg aid-spigot has been fully re-opened including for some major deliveries. While, of course, I am very happy that the Novorussian resistance is getting much needed equipment (and specialists), this kind of full reopening of the voentorg also indicates to me that the Russian intelligence services have concluded that an attack is very likely, possibly very soon.

»I have been following the situation in Banderastan pretty closely and I can only say that the cracks in the regime are visible all over the place. Whether Poroshenko and his US master's really believe that an attack can succeed (I doubt it) or whether they really want to force Russia into openly intervening (which I see as almost inevitable), the fact is that starting a major war might well be the only way to save the Poroshenko regime which currently is in free fall.

»It is quite possible that Strelkov's blunt warning and, even more so, the reopening of the voentorg will convince the Ukies that Russia is ready to intervene and that their attack will not be allowed to succeed. What concerns me is that the Poroshenko regime (and his CIA patrons) might decide that even a defeat at the hand of the Russian military is preferable to the current death spiral: not only can a war save the regime, a Russian intervention would finally make the AngloZionist dream come true. Putin will try his utmost to avoid falling into this trap, and that means that Russia will have to provide massive covert support and aid to Novorussia. As for the Novorussians, they have to be strong enough to stop the initial assault. If they succeed, then the offensive will be effectively dead. But Strelkov is right, if the Ukie break throug the Novorussian lines, then Russia will have to intervene...»

On voit donc une évaluation extrêmement pessimiste, d’où nous extrairons cette citation qui est la plus intéressante pour l’orientation de notre commentaire : «What concerns me is that the Poroshenko regime (and his CIA patrons) might decide that even a defeat at the hand of the Russian military is preferable to the current death spiral...» Cette remarque est complétée de ce qui apparaît être, selon le Saker, le motif d’une telle option extrême de Porochenko (de Porochenko-CIA), – “non seulement une guerre pourrait sauver le régime, mais une intervention russe pourrait finalement réaliser le rêve des ‘AngloSionistes’...”

Bien que nous épousions sans guère d’hésitation ces analyses opérationnelles comme une possibilité très sérieuse d’évolution de la situation ukrainienne (ou russo-uktrainiennne), nous serions tentés de les pousser plus loin ou bien sur une voie un peu différente, notamment en faisant du “rêve des ‘AngloSionistes’” rien de moins que leur cauchemar dissimulé derrière ce qui a l’apparence d’un rêve, et en étendant cette “évolution de la situation ukrainienne (ou russo-ukrainienne)” à l’évolution de la situation de la politique-Système (politique US principalement). Notre appréciation est que nous sommes en train d’assister à un phénomène considérable dans l’évolution de la perception que les forces du Système, principalement US, ont elles-mêmes de leur propre efficacité, de leurs orientation, de leur utilité et même de leur raison d’être. La mascarade grotesque de communication autour de la nième “Guerre contre la Terreur” (voir le 11 octobre 2014) se dégonfle comme une baudruche gonflée à la narrative dans l’indescriptible hyper-désordre accompagnant ce soi-disant conflit. Aucune mobilisation cohérente ne s’organise et c’est au contraire l’hyper-désordre qui règle toutes les affaires  ; à quoi l’on peut ajouter des épisodes comme celui d’Ottawa, où la direction-Système canadienne mobilise un marteau-pilon dans une parodie d’état de siège pour écraser une mouche qui prend des proportions de dinosaure évidemment manipulé par des forces d’une puissance extraordinaire. Il ne manquait que cela aux Canadiens pour mettre en évidence combien le suivisme qui fait de leur direction-Système une machinerie plus américaniste que la direction-Système washingtonienne elle-même produit des incidents où il semble bien qu’on puisse apprécier que le pathétique le dispute au ridicule. Ce genre de circonstance contribue notablement à une fragilisation des régimes-Système en action, par la simple démonstration de l'imposture de leurs évaluations.

Pour nous et dans ces conditions, l’hypothèse nous paraît acceptable que le fait majeur de l’éventuelle relance d’une guerre en Ukraine serait la façon dont elle concernerait d’abord les USA et la politique-Système que cette puissance opérationnalise dans le chef de sa politique de sécurité nationale, et dont elle sent à la fois les limites, les faiblesses, et les possibilités d’effondrement. D’une certaine façon, notre hypothèse consisterait à prendre en compte l’observation du Saker concernant Porochenko («...the fact is that starting a major war might well be the only way to save the Poroshenko regime which currently is in free fall»), et à la transposer pour la politique suivie par les USA. Pour nous, les circonstances pressantes de tous côtés, la situation intérieure aux USA (financière et économique) appuyée sur des narrative qui s’effritent, les menaces contre le dollar, la dissolution permanente de toutes les initiatives de politique étrangère en des situations d’hyper-désordre, conduisent la psychologie des dirigeants américanistes à une fatigue intense qui approche la pathologie et peut amener à des analyses catastrophiques et des décisions à mesure.

C’est dans un tel cas qu’on peut imaginer que cette direction-Système américaniste en arrive à considérer que rien d’autres que “la fuite en avant” n’est concevable pour tenter de sauver l’ensemble, et cette “fuite en avant” étant alors la perspective d’un conflit ... Et, aujourd’hui, il n’y a de réelle possibilité de conflit qu’en Ukraine face à la Russie, tout le reste étant embourbé dans l’incohérence et l’hyper-désordre qu’on sait. Nous ne disons pas une seconde qu’un conflit avec la Russie est probable, encore moins inévitable ; nous disons que l’hypothèse qu’un tel état d’esprit de la direction de sécurité nationale américaniste existe est à considérer avec sérieux, avec des conséquences impossibles à prévoir, qui peuvent impliquer un conflit, mais qui peuvent aussi et surtout provoquer nombre d’autres effets, notamment sur la stabilité interne de cette direction avant toute chose.


Mis en ligne le 23 octobre 2014 à 11H59