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340La France “meilleure alliée” des USA? La possible Grande Nouvelle a encore été évoquée dans une interview de GW Bush par le Times de Londres, dans un article publié aujourd’hui. La chose était évoquée en même temps que la question de savoir si l’Angleterre est encore ou n’est plus l’alliée au traitement “privilégié” qu’elle avait coutume d’être. Grande interrogation à ce propos. Le débat, grotesque comme tout ce qu’il y a autour de cette question d’image de communication sans la moindre substance (sinon les liens de servilité automatiques des Britanniques vis-à-vis des USA établis du temps de la Deuxième Guerre mondiale et de la Guerre froide), nous a permis de nous rappeler que GW est toujours président des USA en même temps que des habiles ambitions sarkozystes.
L’intervention sur les exclamations de satisfaction de GW Bush à propos du comportement de l’élève Sarkozy intervient à propos des intentions françaises d’envoyer 1.000 soldats de plus en Afghanistan. La chose semble susciter une satisfaction intense de Washington. Il est possible qu’on avertisse les talibans qu’ils n’ont plus aucune chance et qu’ils feraient mieux d’abandonner la partie illico presto.
«His comments came before a visit next week to Eastern Europe and the final Nato summit of his presidency, being held in Bucharest. Despite being hobbled by unpopularity abroad and at home — where attention is focused on the race to succeed him — Mr Bush appears determined to shape his legacy in Iraq and Afghanistan.
»The President gave a glimpse of some of the resentment felt by Washington towards other Nato allies whom he said needed to be “encouraged” to take obligations in Afghanistan seriously. The definition of the summit’s success, he added, would be to ensure Nato stayed relevant.
»But he heaped praise on President Sarkozy of France, who has announced his intention to send another 1,000 troops to the Afghan battlefields. It was notable, perhaps, that he avoided expressing similar sentiments about Gordon Brown after a period, since Tony Blair’s departure from Downing Street, in which differences of tone, if not substance, have emerged between Britain and the US.
»Asked if Mr Sarkozy now represented America’s most important bilateral partner, Mr Bush replied that the relationship with Britain was “never as special” as during times of war, before citing the alliance between Winston Churchill and Franklin D. Roosevelt, as well as “the current relationship — the more modern relationship — between Tony Blair and myself”.
»He added: “It’s going to be hard for any nation to trump the United Kingdom as our greatest ally. Having said that, no question that the relationship is changing for the better.” President Sarkozy — whom he described as a “highly energetic and decisive” leader — deserved credit, he said, for not being “interested in creating divisions in the transatlantic relationship”.
»France’s offer of an additional 1,000 troops “pretty much ensured” next week’s summit would be a success, he said, adding that the British, French and Canadian troops who “will be in harm’s way” represented a strong statement that Nato was ready to rise to the challenge in Afghanistan.»
On est toujours surpris par le caractère sommaire, aussi bien des sentiments américanistes en la matière, que des espérances françaises par conséquent. Le profit diplomatique principal offert à la France est effectivement d’être éventuellement nommée “meilleure alliée des USA”, – et pas beaucoup d’autre chose en plus, lorsqu’on voit les “récempenses” dont sont gratifiés les Britanniques depuis cinquante ans. Pour arriver à ce résultat séduisant, il faudra tout de même encore beaucoup, beaucoup d’efforts («It’s going to be hard for any nation to trump the United Kingdom as our greatest ally. Having said that, no question that the relationship is changing for the better»). Il est manifeste que 1.000 soldats de plus en Afghanistan, c'est un pas ferme et entreprenant dans la bonne direction, mais que ce n’est pas vraiment suffisant (à combien d'hommes en plus gagnera-t-on le badge du “meilleur allié”? 2.500? 5.000?).
Dans la perception US, il semble que Sarkozy a déjà montré qu’il semblait comprendre ce qu’on attend d’un bon allié: « not being interested in creating divisions in the transatlantic relationship.» Cela revient à recommander sans discussion d’occuper la position standard de respecter l’alignement dans les rangs puisque l’absence de division transatlantique signifie effectivement l’alignement sur on sait fort bien quoi. Cela rejoint les avantages à attendre pour la France dans ce cas, résdumés par Hubert Védrine dans son rapport de septembre dernier: «Sur les États-Unis cela donnerait à la France une influence comparable à celle des autres alliés, c'est-à-dire quasi nulle.»
Pour l’instant, avec l’intention française d’envoyer ce renfort dans le guépier afghan dont nul ne sait où il mène, sinon à des déboires grotesques et éventuellement sanglants, l’approche US est particulièrement aimable pour la France, ce qui conduit à mesurer paradoxalement, – psychologie sommaire US oblige, – quel degré de servilité on attend des Français. En toute logique, l’incompréhension franco-américaniste dans ce domaine de l'exercice de la servilité étant une constante historique qui dépasse de cent coudées les idées originales des réformistes qui passent régulièrement dans le paysage, cette bonne entente devrait se dissoudre en acrimonie au premier accrochage à venir. En attendant, on peut apprécier le goût saumâtre qui attend, pour la France, la voie transatlantique tant qu'elle sera affirmée. Avec un peu d’à-propos, cette manoeuvre sarkozyste en eaux évidemment troubles serait bienvenue si elle occasionnait une nouvelle chute dans les sondages en France.
Mis en place le 27 mars 2008 à 15H41
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