Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.
4974• Retour sur un avatar particulièrement révélateur de la narrative structurant le simulacre de l’Occident-addictif : la conférence de Djeddah et les ambitions wilsoniennes de Jack Sullivan. • Le conseiller de Joe Biden n’espérait rien de moins qu’obtenir la justification d’un tribunal de Nuremberg 2.0 pour Poutine, ou plutôt contre lui. • Une fois encore, une fois de plus, les “stratèges” américanistes-occidentalistes se trompent en toutes choses et aini ressemblent-ils aux dirigeants nazis de la fin de la guerre, ivres et camés au simulacre.
_________________________
Il faut reconnaître à la narrative d’“Ukrisis” une considérable alacrité dans la survie à tout prix, malgré les plaies et les bosses, et coups et blessures qu’entraîne la guerre en Ukraine. Malgré un formidable dispositif censureur dont l’abondance et le poids n’ont d’égal que la bêtise hypersoniques, les terribles déboires des Ukrainiens et de leurs parrains nous sont reviennent, traduits en langue anglo-saxonne (et française), et en chevauchées victorieuses.
Régulièrement apparaît une séquence “Je donne ma langue au chat” pour une explication d’une affaire suspecte, qui met en évidence l’existence de la narrative, c’est-à-dire l’existence de la non-réalité comme représentation exclusive de la réalité. Une fois ou l’autre, il est bon de rappeler la complète séquence de mise à jour, c’est-à-dire de mise à nu de la narrative ; comme une version postmoderne de communication de l’exclamation fameuse du petit garçon du conte d’Andersen : « la roi est nu ! ».
Avant d’en venir à d’autres nouvelles un peu plus fraîches, on va rappeler, à l’aide de révélations de Seymour Hersh, la mésaventure de la réunion de Djeddah où l’on devait examiner, le plus sérieusement du monde et sans la Russie, le “plan de paix” de Mister Z, président de l’Ukraine.
Il s’agit donc de la fameuse “contre-offensive” ukrainienne annoncée depuis le début de l’année, déclenchée alors que notre répétition d’annonce était à bout de souffle le 4 juin, conduite avec des pertes énormes et quasiment aucune avancée pendant des semaines. Cette affaire catastrophique qui marche finalement très bien, comme on le dit toutes les 2 ou 3 semaines, devait pourtant connaître une étape de cette sorte allant cette fois jusqu’à un rétablissement complet (“Non, non, contrairement à ce qu’on dit, voit et décompte, tout va très-très bien pour les Ukrainiens”, – et affreusement mal pour les Russes).
Cela était prévu lors du sommet de Djeddah (Arabie saoudite) du 9-10 août, sur la paix en Ukraine. Plus de 40 pays y participaient, mais pas les Russes qui n’ont pas voix au chapitre pour élaborer un plan de paix dans la guerre qu’ils conduisent, – étonnant choix des arranhements américanistes.
Le sommet fut un échec considérable, aucun communiqué commun ne fut publié, et nombre de participants qui avaient eu la main forcée par les USA (outre l’Arabie, l’Inde, le Brésil, voire la Chine) confièrent publiquement : “Plus jamais ça” (plus jamais de sommet sur la paix en Ukraine sans la Russie). Mais l’essentiel n ‘était pas là, il se trouvait dans la narrative.
Alex Christoforou, du duo ‘TheDuran’, avait émis sa petite idée là-dessus, et le 10 août 2023, sur un programme ‘TheDuran’ réunissant les deux Christoforou-Mercouris, le second dit au premier :
« Ce point [l’absence de communiqué commun] confirme ce que vous avez dit dans un précédent programme, qui était que ce sommet à Djeddah devait avoir lieu après que les Ukrainiens auraient réussi une percée décisive sur le front, et ainsi les organisateurs US et les Ukrainiens seraient venus à cette rencontre avec le plan ukrainien [qui prévoyait une quasi-capitulation sans conditions des Russes] comme la seule formule autour de laquelle tout le monde devrait se rallier... »
Cette hypothèse de Christoforou a été confirmée trois semaines plus tard par des révélations extrêmement détaillées de Seymour Hersh. Le 31 août, le vétéran d’UPI Martin Sieff, écrivant pour ‘Antiwar.com’, rapportait les révélations de Hersh sur son site. (Sieff était relayé en français par Bruno Bertez [‘brunobertez.com’], repris par ‘RéseauInternational’.)
« Hersh cite un responsable du renseignement américain qui lui aurait déclaré que le récent sommet de paix international [Djeddah] [...] avait été planifié par le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, comme une humiliation écrasante et un anéantissement diplomatique pour la Russie.
» [Le sommet] devait intervenir après que la dernière “contre-offensive” ukrainienne ait détruit ce qui restait de l’armée russe. Dans les faits, Djeddah s’est en réalité révélé être une humiliation mortelle pour les Etats-Unis.
» “Djeddah était le bébé de Sullivan”, a déclaré le responsable à Hersh. “Il avait prévu que ce soit l’équivalent pour Biden du Versailles du président Woodrow Wilson. La grande alliance du monde libre devait se réunir pour célébrer la victoire après la défaite humiliante de l’ennemi détesté afin de déterminer la forme de la coopération des nations pour la prochaine génération. Renommée et gloire. Promotion et réélection”.
» Comme si tout cela n’était pas assez bizarre, le responsable a déclaré à Hersh : “Le joyau de la couronne devait être la capitulation inconditionnelle de Poutine. Ils prévoyaient même un procès de type Nuremberg devant le tribunal mondial, avec Jake comme notre représentant. Encore une connerie, mais qui compte encore combien de conneries il y a ?” »
On gardera à l’esprit, pour cet épisode et en considérant que la rencontre des sources semble établir la véracité de l’explication de cette réunion qui ne répond à aucune logique politique raisonnable, l’extraordinaire capacité de croyance des responsables, notamment américanistes dans ce cas, dans la narrative qu’ils inspirent eux-mêmes. Ils sont les créateurs du simulacre qu’ils ont eux-mêmes édifié et semblent parfaitement satisfaits d’y croire, et même d’y revenir avec un enthousiasme intact, après avoir admis un certain temps certaines réalités (les échecs ukrainiens) qu’on ne peut tenir constamment écartées.
Outre cela, on remarque sur la photo que publie ‘RéseauInternational’ un visage particulièrement marqué et erratique de Jack Sullivan, qui pourrait rappeler à certains la remarque de l’ambassadeur John Kenneth Galbraith dans ‘Names Droping’. Elle répond à l’analogie que certains (Mercouris) ont fait de la croyance actuelle dans le simulacre de la victoire ukrainienne, avec les jugements des dirigeants allemands à la fin de la guerre sur les simulacres complets de la situation de la guerre.
Galbraith avait fait partie de la délégation US chargée d’évaluer les conditions des derniers mois du régime nazi en interrogeant les dirigeants faits prisonniers. Seul Albert Speer échappait à ce que Galbraith décrivit comme l’uniformité de l’incompétence et des croyances des autres dirigeants nazis, accentuant la stupidité et la cruauté des décisions prises en instituant la bêtise comme référence essentielle.
« Ils étaient sans aucun doute, – je n’exagère pas, – une invraisemblable collection d’incompétents souvent psychologiquement désaxés. Speer savait ce que serait le jugement de l’histoire et se comporta de façon à mettre en évidence sa position très différente. Cela le conduisit au point où il mit en évidence le rôle extraordinaire de l’alcool et des drogues au sein de la direction nazie, alors que le régime arrivait à son terme. [...] Cela fut mis largement détaillé par Speer à Fensburg : “Lorsque l’histoire du Troisième Reich sera connue, on verra qu’elle baigne dans un océan d’alcool.. Durant ces derniers mois, j’avais constamment affaire à des dirigeants complètement ivres.”
» C’est tout à fait remarquable. Dans l’histoire, bien peu de décisions excentriques et extrêmes ont été prises par des politiciens et des soldats qui étaient tout sauf sobres. Les historiens mentionnent rarement ce fait, l’alcool et les décisions qu’il affecte, il y a un conformisme de silence à cet égard. »
... Il est vrai que l’alcool, la drogue, et d’une façon générale la bêtise qui s’en trouve confortée et alimentée, ne sont pas des arguments très intéressants pur renforcer les croyances idéologiques. Aujourd’hui où les substances illicites et porteuses de simulacre voyagent vite, où la communication fait le ‘speed’ extrême de l’accélération du temps, toutes ces sortes d’avatars ont toutes les malchances du monde d’être bien pires.
L’un des tout derniers exemples en date de l’ensemble simulacre-narrative concerne la “contre-offensive” ukrainiens que tout le monde était conduit par les simples faits à enterrer alors qu’elle arrive à son terme, et qui soudain se trouve ressuscitée au moins pour quelques jours autour du petit village de Rabotino. Soudain, toute la guerre, et bien entendu l’effondrement enfin acquis de l’armée russe et la fuite de Poutine à moins que ce ne soit un Nuremberg 2.0 présidé par Sullivan qui l’attende, dépend du sort du petit village de Rabotino. Ce petit village de 450 habitant avant la guerre, que les Ukrainiens ne cessent de prendre aux Russes si l’on suit les méandres de la communication-simulacre et qu’on retrouve pourtant aux mains des Russes, semble recéler dans ses ruines la clef stratégique du conflit..
Les compères Christoforou-Mercouris consacrent en gloussant un programme complet sur cette affaire, comme pur exemple d’un cas de la réalité minutieusement dépecée par le simulacre selon les nécessités de la politique-bouffe en cours à Washington et à l’OTAN. Cette fois, précise Mercouris, nous sommes partis d’informations sciemment fausses (“L’imprenable première ligne de défense russe est enfoncée”) directement lancées par le président du comité des chefs d’état-major des forces armées américanistes, le général Milley d’une part, et par le porte-parole et conseiller stratégique de la Maison-Blanche, l’amiral Kirby venu du Pentagone. Il s’agit du segment « Rabotino media narrative », de Christoforou-Mercouris et du 2 septembre 2023.
Nous vous conseillons vivement de regarder et d’écouter cette vidéo. Elle ne changera rien de la vérité-de-situation, ni son orientation et son sort final, ni votre jugement qui est déjà fait. Elle n’est pas lç pour ça, mais pour vous permettra de mieux comprendre les ressorts de cette aventure extraordinaire où s’est lancé l’Occident-addictif, selon un état d’esprit et une vision idéologisée du monde qui ne diffère pas de l’état d’esprit des dirigeants nazis de la fin du Reich. La différence est peut-être que la communication qui les terrorise tous, l’obligation terroriste du conformisme à des consignes venues d’on ne sait où, sont à placer en importance de leurs effets au moins au même niveau que la drogue et l’alcool, pour enivrer tous ces esprits comme dans une fumerie d’opium (toujours les Chinois). Mais partout, sur la fin du Reich comme sur la fin de l’Occident-addictif, en maîtresse règne la bêtise.
« Je suis bien plus sérieux qu’il ne paraît, et bien moins fou que l’on voudrait faire croire. Je crois que ce simple fait, ce trait que l’on croit banal et que l’on traiter par le mépris très souvent, constitue le moteur cosmique du drame que nous connaissons ; ce temps des effets énormément catastrophiques des causes vertueuses que nous chérissions tant... La bêtise en marche, avec son spectacle où les vessies jouent le rôle des lanternes, avec la surpuissance du Système pour la pousser, voilà l’explication suprême. C’est par là, je crois, que passe la pente affolante de l’effondrement du Système. »
Mis en ligne le 3 septembre 2023 à 18H10
Forum — Charger les commentaires