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1760Il y a eu, ces dernières semaines, des déplacements inattendus d’officiers généraux US, parfois décidés pour des raisons disciplinaires, parfois entourés de rumeurs préoccupantes. Tout cela conduit à des interrogations sur l’état d’esprit des chefs militaires par rapport au pouvoir civil aux USA, essentiellement sur des sites alternatifs. Fondées ou pas, ces rumeurs dénotent un état d’esprit et confirment la situation de tension où se trouve actuellement le pouvoir, c’est-à-dire le Système, aux USA.
Il y a, d’autre part, une très forte polémique autour du rôle personnel du président Obama, et du rôle de l’administration elle-même, dans l’affaire de Benghazi (l’assassinat de l’ambassadeur Stevens, le 11 septembre dernier). La “version” officielle est d’un extrême confusion, d’ailleurs exprimée à plusieurs reprises avec des changements fondamentaux, et Obama lui-même, malgré son brio coutumier, se montre très embarrassé lorsqu’il est question de Benghazi (voir notamment son interview avec un journaliste d’une station de Denver, le 26 octobre 2012). Enfin, vient se greffer l’alerte générale concernant l’ouragan Frankenstorm, à propos duquel certains critiques accusent l’administration Obama et le président d’utiliser cette affaire comme bouclier, paratonnerre ou repoussoir, c’est selon, pour faire passer l’affaire de Benghazi au second plan.
• Parmi les déplacements ou mises à la retraite d’officiers généraux, c’est certainement celui du général Carter Ham qui est le plus notable. Cet officier général, à la tête du commandement pour l’Afrique des forces armées US (AFRICOM) , a quitté son commandement le 18 octobre, d’une façon en apparence normale, remplacé par son second, le général Rodriguez et salué par Panetta pour ces bons services. Mais des précisions sont venues le 27 octobre 2012, notamment du site TheGatewayPundit.com. Ces précisions disent que Ham a été relevé de ses fonctions pour avoir averti qu’il allait intervenir pour venir à l’aide de l’ambassade attaquée le 11 septembre dernier, malgré des ordres qui lui enjoignaient de ne pas réagir. Les informations sont venues initialement d’un blog nommé Tiger Droppings, du 26 octobre 2012. (Il faut noter que le général Ham a été nommé à la tête d’AFRICOM le 9 mars 2011, ce qui implique, avec son départ le 18 octobre, une durée de commandement inhabituellement brève et alimente d’autant la controverse, et la version d’un départ en forme de limogeage.) Depuis, divers articles ont repris les données de la controverse, dont le Washington Times du 29 octobre 2012. (Le Pentagone a démenti, dans le chef d’une intervention personnelle du général Dempsey, que le départ de Ham ait un lien avec l’affaire de Benghazi, ce qui implique au moins que la polémique inquiète ce même Pentagone, sans rien nous dire pour autant de la vérité de la chose.)
«’Tiger Droppings’ reported: “The information I heard today was that General [Carter] Ham as head of Africom received the same e-mails the White House received requesting help/support as the attack was taking place. General Ham immediately had a rapid response unit ready and communicated to the Pentagon that he had a unit ready. General Ham then received the order to stand down. His response was to screw it, he was going to help anyhow. Within 30 seconds to a minute after making the move to respond, his second in command apprehended General Ham and told him that he was now relieved of his command…»
• Un autre déplacement très inattendu, et celui-là présenté comme tel, est celui du contre-amiral Gaouette, commandant le Carrier Strike Group 3 (CSG-3) de l’U.S. Navy, avec comme navire-amiral le porte-avions USS John C. Stennis, croisant actuellement au sein de la Vème Flotte et du dispositif de l’U.S. Navy rassemblé dans l’Océan Indien et la Mer d’Oman, dans la zone de l’Iran et du Golfe. Plusieurs médias donnent l’information, dont ABC.News le 27 octobre 2012.
«In an unusual move, the Navy has replaced an admiral commanding an aircraft carrier strike group while it is deployed to the Middle East. The replacement was prompted by an Inspector General’s investigation of allegations of inappropriate leadership judgment. Rear Adm. Charles M. Gaouette, the commander of the USS John C. Stennis strike group, is being returned to the United States for temporary reassignment. In a statement the Navy said it had approved a request made by Vice Adm. John W. Miller, the Commander of U.S. Naval Forces Central Command, to temporarily reassign Gaouette “pending the results of an investigation by the Navy Inspector General.” […] A Navy official familiar with the circumstances of the investigation said it involved allegations of “inappropriate leadership judgment” and stressed it was not related to personal conduct…»
• En poursuivant notre trajet, mais cette fois en nous éloignant de plus en plus de Benghazi sans encore rejoindre Frankenstorm, on trouve dans le Washington Post du 28 octobre 2012 un article reprenant divers cas de mises en cause d’officiers généraux, tous au sein de l’U.S. Army, qui ternissent grandement, considère l’article, la réputation de cette arme. La seule remarque objective qu’on peut développer est que ces informations montrent une réelle extension de comportements insatisfaisant ou de conduite inadéquate parmi les officiers généraux US, ce qui implique pour le moins un climat général d'une discipline relâchée. (Le général, cité dans l’article, qui est lié au commandement AFRICOM, n’est bien entendu pas le général Ham, dont il est question plus haut, mais son prédécesseur à la tête d’AFRICOM. Il s’agit du général William E. Ward.)
«The accusations leveled against three Army generals over the past six months are as varied as they are striking, the highest-profile of a growing number of allegations of wrongdoing by senior military officials. A one-star general was flown home from Afghanistan this spring to face criminal charges, including sexual assault. A four-star general formerly in charge of the increasingly vital Africa command was accused of financial mismanagement, accepting inappropriate gifts and assigning staff personal tasks. And a three-star general who oversees the U.S. Missile Defense Agency was described in an inspector general report as an abrasive and verbally abusive boss. […]
»The Defense Department’s inspector general reviewed 38 cases of alleged wrongdoing by senior officials in 2011, and substantiated the accusations in nearly 40 percent of the them, up from 21 percent in 2007. The total caseload this year is on track to exceed last year’s. “It’s always concerning when senior leaders have issues, because we have very specific faith in senior leaders,” Gen. Ray Odierno, Army chief of staff, said in a recent interview. Odierno said all such cases are taken seriously, but argued that “we can’t allow a few to detract from the honorable service of many.”»
• Du côté des sceptiques critiques, qui prennent un complet contrepied des appréciations lénifiantes et apaisantes venues du côté officiel, il y a le site WhatDoesItMean, que l’on connaît bien et qui s’est fait, ces derniers mois, une spécialité de détailler les préparatifs d’un coup d’État des militaires US contre le président Obama. Après les divers mouvements d’officiers généraux détaillés plus haut, particulièrement ceux du général Ham et du contre-amiral Gaouette, le site publie le 28 octobre 2012 un texte sur le “coup” qui se prépare contre Obama («Obama Fires Top Admiral As Coup Plot Fears Grows»). Auparavant, trois textes successifs nous ont entretenu de cette possibilité d’un “coup” des militaires, le 20 juillet 2012, le 2 septembre 2012 et le 17 septembre 2012. Bien que les analyses de WhatDoesItMeans sont très souvent bien incertaines, nous les citons ici en raison de leur proximité avec les évènements récents. Il faut noter que ce domaine d’un coup de force militaire est désormais exploré par Gordon Duff, sur PressTV.com, le 29 octobre 2012, qui fait du déplacement punitif du contre-amiral Gaouette, une partie d’une riposte des autorités civiles contre un complot pro-israélien à l’intérieur des forces armées US.
• Une autre thèse est alors en train de se développer, qui est chronologiquement la dernière en date, qui fait entrer dans le jeu un nouvel élément, – le monstrueux ouragan Frankenstorm. Cette thèse récupère essentiellement l’affaire Carter Ham, la superpose à l’affaire de Benghazi, pour remarquer combien Obama est mal à l’aise face à cette affaire alors que la probabilité est très forte que le départ du général Carter Ham ait pour cause sa volonté d’intervenir pour aller au secours de l’ambassade US à Benghazi. D’autres informations s’ajoutent d’ailleurs à ce propos, avec celle-ci que la CIA a communiqué depuis un an des avertissements sur la possibilité d’une attaque à Benghazi, qui n’ont été suivis d’aucun effet ni d’aucune demande d’aide. La thèse développée est alors que l’accent maximum est mis, par l’administration Obama, sur Frankenstorm pour éviter que l’on s’intéresse de trop près à cette affaire de Benghazi, au départ du général Ham, etc. C’est notamment le thème d’un article de Melissa Melton, le 29 octobre 2012, sur Infowars.com…
«For the majority of last week, Hurricane Sandy and the coming “Frankenstorm” dominated the mainstream media. If no one knew any better, it’d appear nothing else even remotely newsworthy happened. But something else did happen. News broke the attacks in Benghazi that led to the death of U.S. Ambassador to Libya Christopher Stephens and three of his staff members on September 11, 2012 were anything but a random, out-of-control protest over some YouTube video.
»Fox News was the only mainstream media outlet to report last week that CIA operators were denied help during the Benghazi attack. Urgent requests for military back-up were ignored. In addition, a Navy Seal team stationed at the annex a mile from the attacks reported they were twice told to “stand down” when shots were heard that night. Fox reported some soldiers ignored the orders and went to evacuate the consulate anyway. Although the building was found on fire and shots were exchanged, requests for backup were again denied. In the aftermath, unclassified cables between the Obama Administration and Benghazi paint a picture that, at a minimum, proves the Obama camp is lying through their teeth about what they knew about the situation brewing in Benghazi and what they did about it. […]
»Central Intelligence Agency Director David Petraeus has gone on record to deny the CIA gave orders to refuse aid or stand down; such a thing would have been a presidential decision and thus, in responding, Petraeus effectively implicated President Obama. Retired Army Lt. Col. Tony Shaffer claims his sources say Obama was watching the Benghazi attacks in real time as they happened, so any claims that decisions could not be made based on a lack of intel would be completely untrue. In the wake of the attacks, rumors arose that U.S. AFRICOM Commander General Carter Ham ignored orders to stand down in sending aid to Benghazi and was subsequently fired. Interestingly, during a Department of Defense briefing held October 18, Secretary of Defense Leon Panetta suddenly announced General Ham’s successor with no mention as to why Ham would no longer be commanding U.S. Africa Command.»
• …Pour autant, Frankenstorm n’est pas exempt de rumeurs de complots et de manipulations, pour son propre compte. On reparle notamment du fameux programme HAARP, qui pourrait produire et utiliser des impulsions électromagnétiques pour susciter des interférences dans des phénomènes naturels permettant leur manipulation. C’est le même texte de Melton (Infowars.com) qui reprend une documentation diverse sur cet axe d’observation de la situation fort agitée de Washington. Cela conduit à de nouvelles spéculations sur la possibilité que Frankenstorm soit utilisé, ou mène, de manière naturelle, à un report des élections.
«In addition, HAARP Status.com, a site that follows the High Frequency Active Auroral Research Program which sends electromagnetic frequency waves into the ionosphere that have, among other things, been known to affect the weather, is reporting that waves have been hitting the east coast where Sandy is expected to make landfall for eight straight days in the lead up to this storm, peaking out at the highest levels the project has ever recorded. Dutchsinse, a YouTuber who reports on weather phenomenon including HAARP radar anomalies, is also reporting a “microwave anomaly” interfering with the middle of Hurricane Sandy… […]
»Some experts are now claiming “Team Obama Should Root for Hurricane Sandy” to interrupt the election. Wall Street and the NYC transit system have both been shut down ahead of the storm. Indeed, if power is lost across the Northeast as many are predicting, the election could be postponed. Perhaps the Obama Administration would be thankful if it were, for more reason than one. »
…Ouf ! Les choses ne sont pas simples et l’on voit comme l’on est baladé de African Command à Frankenstorm, de l’affaire de Benghazi aux soupçons de manipulation de grandes catastrophes naturelles, de l’hypothèse d’un coup d’État des militaires US aux manœuvres de l’équipe Obama autour de Benghazi et de Frankenstorm pour (peut-être) repousser les élections. Il est bien difficile de trancher et d’orienter son commentaire dans le sens d’une construction qui tiendrait mieux qu’une autre.
Pour autant, rien ne peut être repoussé avec quelque certitude que ce soit. Toutes les indications données ont plus ou moins de crédit mais elles ne sont pas bâties sur de simples spéculations et les hypothèses emportées des seules imaginations échauffées. Il est vrai qu’un vice-amiral commandant une unité d’une telle importance opérationnelle qu’un Carrier Strike Group, brusquement rappelé à Washington, en plein déploiement de première ligne, dans la zone stratégique la plus tendue, ce n’est pas courant et cela représente même un certain risque opérationnel, – lequel ne peut être justifié que par une sérieuse circonstance. Il est vrai que cette affaire de l’assassinat de l’ambassadeur Stevens à Benghazi est, près de deux mois après qu’elle ait eu lieu, marquée par nombre de mystères et d’interrogations sans réponse, en même temps qu’un comportement changeant et dissimulé pour le moins étrange, sinon suspect, de l’administration. Il est vrai que la campagne électorale est elle-même parcourue de manœuvres et de manigances diverses, que “Frankenstorm” souffle avec une allègre alacrité et qu’il est utilisé par le camp Obama pour imposer une stature présidentielle au candidat.
Alors, que conclure, sinon que cette campagne présidentielle sans enjeu politique ouvert puisqu’opposant les candidats des deux ailes du “parti unique” du Système, jusque là distillant un ennui extraordinaire, semble devoir exprimer, à quelques jours du scrutin, l’extraordinaire tension sous-jacente qui la marque par des évènements mystérieux alimentant des dynamiques insaisissables et porteuses de grands potentiels de déstabilisation. Finalement, cette October Surprise que tout le monde attend et à laquelle tout le monde se réfère, n’est-ce pas, plutôt qu’un événement bien précis, une manœuvre cachée mais réussie, un événement spectaculaire, n’est-ce plutôt le constat qui est fait de l’extraordinaire fragilité du tissu institutionnel US qui semble favoriser, voir solliciter par sa faiblesse et sa vulnérabilité toutes les hypothèses, toutes les poussées potentielles, complotistes ou pas, toutes les dynamiques de déstabilisation ?… Ce climat d’une exceptionnelle déstabilisation concerne moins un projet particulier, – et il est certes bien difficile de s’attacher à l’un plus qu’à tel autre, ou de repousser celui-ci plus que celui-là, – qu’une psychologie générale. Cela, sans repousser que tel ou tel événement prenne une soudaine ampleur. (On a déjà noté combien les militaires avaient une position spécifique sur certains problèmes qui pourrait les amener à des actions proches de la mise en cause du pouvoir civil [voir le 11 septembre 2012]. Le moins qu’on puisse dire est que les remous décrits ici le confirment. Même si rien ne se produit d’important d’ici l’élection, et même si l’élection se déroule comme prévu, on peut avancer que les relations entre civils et militaires deviendront extrêmement tendus dans les mois qui viennent.)
On savait plus ou moins, selon que les commentateurs fussent très ouverts sur les réalités américanistes ou dans une mesure modérée, la fragilité de la psychologie américaniste, dans sa situation d’une psychologie-Système renvoyant à un Système en pleine crise. On avait pourtant assez de mal à envisager que ce phénomène pût s’exprimer dans une campagne électorale si complètement aseptisée après que l’élimination de Ron Paul ait réussi l’opération de récupération à cet égard, c’est-à-dire une campagne électorale semblant complètement sous contrôle… Ainsi se passe-t-il une chose remarquable et finalement inattendue : le désordre américaniste que le Système tente d’exporter systématiquement vers des zones comme les Moyen-Orient, des pays comme la Libye et la Syrie, se retrouve soudain aux USA eux-mêmes ; certes, il y a déjà eu des occurrences de cette sorte mais celle-ci est remarquable en tous points, par sa soudaineté et sa puissance, et peut-être avec des possibilités très rapidement de prolongement inédites.
Mis en ligne le 30 octobre 2012 à 17H42
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