Les F-15 interdits de vol: semi-montage… mais dans quel sens?

Bloc-Notes

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 875

L’information doit aujourd’hui se déplacer à égale distance entre la probable réalité et les possibles nécessités du lobbying et des relations publiques, surtout à Washington, surtout au Pentagone. Ces constats nous ramènent à l’affaire des F-15 suspendus de vol et à la crise de l’USAF. Un article d’Aviation Week & Space Technology du 12 novembre, donne un éclairage ambigu sur cette affaire.

D’abord, on note que les conséquences de cette mesure ont été considérables.

• Près de 700 F-15 de l’USAF ont été interdits de vol.

• La même mesure a été prise dans divers pays qui utilisent le F-15, notamment le Japon et Israël.

• Des F-15 étant interdits de vol en Afghanistan, le Vème Flotte (Golfe Persique) a été obligée de déplacer le seul porte-avions (USS Enterprise) qu’elle a dans la zone vers l’Océan Indien, au large de l’Afghanistan, pour assurer une couverture aérienne avec ses F-18E/F. (Au passage, on découvre combien le dispositif US est tendu puisque cette nécessité conduit à dégarnir complètement la zone iranienne, alors qu’on continue à bavarder d’une attaque possible, du seul porte-avions présent actuellement au sein de la Vème Flotte.)

Dans les présentations qu’AW&ST fait de l’incident, on observe à la fois une appréciation sérieuse de l’incident mais aussi l’évocation de la possibilité que l’incident serve surtout à faire une promotion en faveur de plus de F-22, voire même la possibilité que l’USAF ait dramatisé le cas en insistant sur la mesure d’interdiction de vol et sur la vieillesse du F-15 pour mieux plaider pour plus de F-22.

Le passage ci-après de l’article va effectivement dans ce sens en précisant que cette interdiction de vol “est utilisée” par l’USAF pour justifier sa demande de plus de F-22, sans affirmer explicitement que cette mesure précisément a été dramatisée pour ce cas. D’autre part, il est affirmé que les F-15 devraient durer jusqu’en 2020-2035 selon les versions, ce qui obscurcit complètement l’argument de l’âge ; mais il s’agit également d’un argument de relations publiques pour rassurer les acheteurs non-US de F-15 et ne pas torpiller d’éventuelles futures ventes du chasseur à d’autres pays. (Le F-15 est présenté, lors des campagnes de vente à des pays tiers, avec une durée de vie remarquablement considérable de 40-50 ans. C'est beaucoup. Cette sorte d'affirmation fait s'interroger pour savoir où est le montage: une éventuelle sur-“dramatisation” de la décision d'interdiction ou l'affirmation que ces avions de combat vont si bien malgré tout qu'ils dureront encore entre 15 et 25 ans?)

«USAF and industry officials say fleet groundings sometimes occur every few months for various safety issues. They say senior USAF leadership is using this grounding to push for a larger F-22 force. And while USAF was grounding its F-15s, military officials briefing an international fighter conference in London said that the F-15Cs wouldn’t be retired until 2025-30, and that the F-15E will serve beyond 2035.

»“The accident in Missouri could be unique to that [one] aircraft,” a veteran F-15 squadron commander says. “And if it’s not, there are lots of fixes you can make to keep them flying. The pitch for more F-22s is what’s going on.”»

Elément également intéressant, la précision donnée en fin d’article sur l’intervention de l’ancien général de l’USAF McCaffrey, qui apparaît comme nouveau lobbyist en faveur d’un renforcement immédiat de l’USAF. McCaffrey a été chargé d’une mission d’évaluation des besoins de l’USAF, par l’USAF, et a communiqué ses résultats. Il s’agit d’une opération classique de lobbying (de l’USAF) par consultant interposé. Elle permet néanmoins d’avoir une idée précise des besoins et des priorités de l’USAF, – et permet de constater, notamment, que le JSF n’est pas sur cette liste, tandis que le F-22 y figure à hauteur de plus de 350 exemplaires alors qu’il est prévu pour l’instant à 183 exemplaires.

«Retired Army Gen. Barry McCaffrey has joined the chorus, saying that USAF looks operationally anemic. The $12 billion per month being spent in Iraq is unbalancing war-fighting missions, McCaffrey says. In 15 years, China will be able to threaten U.S. power in the Pacific.

»More specifically, McCaffrey calls USAF “badly underfunded,” with its manpower falling, modernization programs lagging and aging aircraft. There’s a need for defense capability that can “guarantee a... punitive air, sea and cyber-strike using conventional weapons capable of devastating the offensive power of a foreign state—and which can hold at risk their vital national leadership and economic targets,” he says. The general then notes that such airpower capabilities are not possible with the current defense allocation of 4% of GNP.

»McCaffrey listed imperatives for U.S. airpower: Maintain a fleet of more than 350 F-22s; operate more than 600 C‑17s; let a centralized Joint Air Component control unmanned aircraft; better fund and defend space capabilities; develop a follow-on bomber because the B-2 is inadequate and too vulnerable; and continue investments, research and development in ballistic missile defenses.

»The visits to military bases that prompted McCaffrey’s memo were organized by USAF Secretary Michael Wynne and Chief of Staff T. Michael Moseley.»


Mis en ligne le 20 novembre 2007 à 12H48