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793Un excellent article de Patrick Cockburn, dans The Independent du 15 mai, donne une analyse très convaincante des principales faiblesses américaines en Irak, et l’explication d’une situation de plus en plus chaotique.
Cockburn introduit un élément très intéressant, déjà signalé (en passant) chez l’analyste William S. Lind : la puissance excessive des Américains. (Lind écrivait le 15 septembre 2004: « We already have vast advantages over our Fourth Generation opponents in both lethality and protection, yet we're losing. That suggests there is rather more to Fourth Generation war than lethality and protection. Indeed, we have so much of both of those qualities that they may work against us more than for us. »)
Cockburn mentionne à plusieurs reprises cette particularité. Notons deux remarques sur ce thème: « [The Americans] could not adapt themselves to Iraq. Their massive firepower meant they won any set-piece battle, but it also meant that they accidentally killed so many Iraqi civilians that they were the recruiting sergeants of the resistance. » Plus loin: « Because of poor intelligence and excessive firepower, American operations all became exercises in collective punishment. »
Cette puissance considérable a conduit les Américains à intervenir à volonté, avec une efficacité écrasante mais avec des conséquences à terme extrêmement négatives, d’autant que leur crainte obsessionnelle des pertes et leur refus de s’intégrer à la situation générale les poussent à partir aussi vite qu’ils interviennent : « The army acts as a sort of fire brigade, briefly effective in dousing the flames, but always moving on before they are fully extinguished. »
Enfin, Cockburn met en évidence l’incapacité du système à s’adapter à la situation, et cela va jusqu’à l’incapacité de décider des sanctions et mesures de punition qui s’imposent dans ses propres rangs. Mais, on le comprend, il s’agit de la particularité d’un système fait de l’équilibre de forces diverses, de centres d’influence, de pressions, etc., où les mesures nécessaires selon l’efficacité et le mérite des gens en fonction sont impossibles puisque leur présence ne dépend pas de ces particularités mais des degrés d’influence. « The greatest failure of the US in Iraq is not that mistakes were made but that its political system has proved incapable of redressing them. Neither Mr Rumsfeld nor his lieutenants have been sacked. Paul Wolfowitz, under-secretary of defence and architect of the war, has been promoted to the World Bank. [...] In Iraq, American generals and their political masters of demonstrable incompetence are not fired. »
Conclusion inévitable: « The US is turning out to be much less of a military and political superpower than the rest of the world had supposed. »
Mis en ligne le 16 mai 2004 à 0945