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698Il existe désormais certaines indications précises selon lesquelles les forces armées US, et notamment l’U.S. Army, s’intéressent à la crise climatique d’un point de vue professionnel, c’est-à-dire dans ses conséquences géostratégiques et autres. C’est Le Monde qui s’en fait l’écho, dans ses éditions du 4 avril, dans un rapport sur un séminaire du Triangle Institute for Security Studies (TISS), à Chapel Hill (Caroline du Nord).
Un intervenant, John Ackerman, de l'Air Command and Staff College de l'US Air Force, a résumé l’objectif des forces armées. «Nous devrons glisser de la guerre contre le terrorisme vers le nouveau concept de sécurité soutenable» (”sustainable security”, sans doute ; nous lui préférerions le terme de “sécurité de survie”). Différents scénarios sont envisagés, sans originalité aujourd’hui tant ils rejoignent tout ce qui est désormais répété de façon régulière. On en avait d’ailleurs un aperçu complet dans le rapport qu’avait commandé le Pentagone en 2003 à un groupe de consultants et dont le contenu fut divulgué en février 2004. (Le rapport fut prestement étouffé.)
Les manières dont les forces armées US, et notamment l’U.S. Army, peuvent se préparer à cette perspective de la crise climatique sont également évoquées. L’un des aspects très pratiques est une refonte des structures de l’alimentation en énergie, qui n’est pas indifférente pour les militaires US. L’U.S. Army dépense $11 milliards en carburant chaque année et 70% du tonnage convoyé vers le champ de bataille sont faits de ce même carburant.
Dans le dernier paragraphe de l’article est évoqué un point particulier intéressant : l’adéquation entre cet intérêt des armées pour la crise climatique tenue pour un fait acquis, et l’attitude de l’administration GW qui tient pour l’essentiel la rhétorique de la crise pour un complot idéologique. La chose est expédiée d’une phrase impérative qui dissimule plus de problèmes qu’elle n’en résout.
«Les enjeux sont si importants qu'il faut imaginer un nouveau cadre stratégique. C'est ce que proposera, dans les prochains jours, un rapport du Center for Naval Analysis, une institution indépendante créée en 1942 aux marges de l'Armée et animée par des officiers à la retraite : “Le changement climatique est une réalité et le pays comme l'armée doivent s'y préparer”, indique un de ses auteurs, requérant l'anonymat. Cela n'est-il pas en contradiction avec la politique actuelle de l'administration Bush? “L'armée n'est pas au service d'une administration particulière, répond-il, mais au service du pays.”»
Mis en ligne le 5 avril 2007 à 14H56