Les Français sous hypnose (depuis quand ?)

Les Carnets de Nicolas Bonnal

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Les Français sous hypnose (depuis quand ?)

Donc on y revient. Pour protéger le clan notable-affairiste-mondialiste-écologiste-antiraciste qui s’est mis en place avec Giscard et Mitterrand, il faut pester contre la peste brune et diaboliser la gauche encore rebelle. Avec ce peuple cela marche toujours comme sur des roulettes. J’en ai parlé avec Cochin maintes fois de cette reprogrammation des Français depuis 1789. Mais après tout elle vient de plus loin cette reprogrammation, et peut-être que McLuhan a raison : elle vient de l’imprimerie elle-même liée au mythe de Faust : un siècle après déjà on a Tartufe, on a Orgon, Don Juan (un vrai DJ celui-là), on a les femmes savantes (on y reviendra à celles-là), on a les précieux, on a les experts et les sots savants, on a les médecins bidon et les malades imaginaires : donc Taine (ami de Nietzsche, un des plus grands français de l’histoire) et l’excellent et négligé Francis Fukuyama (on n’a pas plus lu son livre que celui sur le choc des civilisations) ont raison et on a créé l’électeur de Macron, de Mélenchon et du Figaro au dix-septième siècle. Et cet électeur lutte aussi sur télécommande (plus que sur commande maintenant) contre la peste brune. On se doute que je me fous du reniement national et de son évangile sioniste : ce n’est vraiment plus le problème ici. Le problème c’est ce bourgeois qui avale tout, même la merde (dixit Léon Bloy, quelque part dans son Exégèse).

Peut-être que le plus fort (le style de McLuhan est si attristant…) c’est encore Guénon sur cette histoire. Dans Orient et Occident il comprit qu’en occident on est hypnotisé et fanatisé et dominé par les mots : revoyez un excellent épisode de Columbo qui traite brillamment du sujet, où le méchant est joué par le Merlin d’Excalibur, qui programme ses dobermans comme des soldats pour tuer au verbe de Rosebud…

Guénon entre les deux guerres mondiales européennes (c’est un continent de fous, on le voit encore, et sans doute plus fou et plus dégénéré que les USA maintenant) constate que l’on entre en guerre comme les dobermans – sur mot d’ordre (combien de croisades pour un Djihad ?) :

 « …si l’on veut prendre les mêmes mots dans un sens absolu, ils ne correspondent plus à aucune réalité, et c’est justement alors qu’ils représentent ces idées nouvelles qui n’ont cours que moins de deux siècles, et dans le seul Occident. Certes, « le Progrès » et « la Civilisation », avec des majuscules, cela peut faire un excellent effet dans certaines phrases aussi creuses que déclamatoires, très propres à impressionner la foule pour qui la parole sert moins à exprimer la pensée qu’à suppléer à son absence ; à ce titre, cela joue un rôle des plus importants dans l’arsenal de formules dont les « dirigeants » contemporains se servent pour accomplir la singulière œuvre de suggestion collective sans laquelle la mentalité spécifiquement moderne ne saurait subsister bien longtemps. »

Il a évoqué la suggestion comme Gustave Le Bon. Parlons d’hypnose :

«  À cet égard, nous ne croyons pas qu’on ait jamais remarqué suffisamment l’analogie, pourtant frappante, que l’action de l’orateur, notamment, présente avec celle de l’hypnotiseur (et celle du dompteur est également du même ordre) ; nous signalons en passant ce sujet d’études à l’attention des psychologues. Sans doute, le pouvoir des mots s’est déjà exercé plus ou moins en d’autres temps que le nôtre ; mais ce dont on n’a pas d’exemple, c’est cette gigantesque hallucination collective par laquelle toute une partie de l’humanité en est arrivée à prendre les plus vaines chimères pour d’incontestables réalités ; et, parmi ces idoles de l’esprit moderne, celles que nous dénonçons présentement sont peut-être les plus pernicieuses de toutes. »

La science ne nous sauve en rien, bien au contraire. Elle a déliré brillamment au moment de notre si immortelle épidémie (masques, tests, gestes-barrière, position assise, etc.) et, autre nom à majuscule, elle sert aussi la mise sous hypnose :

« La civilisation occidentale moderne a, entre autres prétentions, celle d’être éminemment «scientifique» ; il serait bon de préciser un peu comment on entend ce mot, mais c’est ce qu’on ne fait pas d’ordinaire, car il est du nombre de ceux auxquels nos contemporains semblent attacher une sorte de pouvoir mystérieux, indépendamment de leur sens. La « Science », avec une majuscule, comme le « Progrès » et la « Civilisation », comme le « Droit », la « Justice » et la « Liberté », est encore une de ces entités qu’il faut mieux ne pas chercher à définir, et qui risquent de perdre tout leur prestige dès qu’on les examine d’un peu trop près. »

C’est que le mot est une suggestion (repensez à la psychologie des foules) :

« Toutes les soi-disant « conquêtes » dont le monde moderne est si fier se réduisent ainsi à de grands mots derrière lesquels il n’y a rien ou pas grand-chose : suggestion collective, avons-nous dit, illusion qui, pour être partagée par tant d’individus et pour se maintenir comme elle le fait, ne saurait être spontanée ; peut-être essaierons-nous quelque jour d’éclaircir un peu ce côté de la question. »

Certes cela change un peu. La population vieillit et elle a des émotions moins fortes. «On» n’est plus cent-vingt millions dans les rues à défiler contre le RN (souvenez-vous de 2002 – je vivais déjà en Espagne…) et on n’est pas parti comme jadis exterminer du russe ou du prussien, malgré la presse et les généraux de plateaux.

Suite à de prudentes conversations avec des Français je me suis rendu compte qu’il se fout de tout le Français, sauf de son pot et de son rot comme Chrysale. Sa retraite (revoyez le texte effrayant du martyr Péguy), sa bagnole, sa santé, son hosto, ses écrevisses, voilà ce qui lui importe. Et comme disait Thierry Meyssan à Eric Verhaeghe, il ne se préoccupe plus du tout de politique. Le minimum syndical pour garder son député modéré, serait-il le Grippeminaud de la fable, contre les extrêmes… C’est que notre énergumène a été conditionné pour n’avoir jamais peur des vrais prédateurs (Ursula-Fink-Bourla-Gates-Lagarde-etc.).

J’oubliais : Molière a aussi inventé le cocu qui en redemande : il se nomme Dandin. Georges Dandin.  Tu l’as voulu, Georges Dandin !

 

Sources

https://strategika.fr/2024/02/01/charles-peguy-et-le-systeme-de-la-retraite-nicolas-bonnal/

https://xn--lerveildesmoutons-dtb.fr/femmes-savantes-harpagons-malades-imaginaires-sur-la-prodigieuse-actualite-de-moliere/

http://classiques.uqac.ca/classiques/guenon_rene/orient_et_occident/orient_et_occident.pdf

https://www.dedefensa.org/article/comment-fukuyama-explique-le-mystere-athos