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26 mars 2003 — Jim Lobe, excellent analyste du Foreign Policy In Focus (FPIF), a publié deux articles où il analyse les perspectives de la situation politique à Washington, au sein de cette “droite dure” qui tient les pouvoirs d’influence et qui est à la base de l’attaque contre l’Irak.
• Le premier article, sur atimes.com le 22 mars, analyse les divergences très grandes qui devraient apparaître après la guerre d’Irak entre les néo-conservateurs regroupés autour de Perle, de Wolfowitz et du Weekly Standard ; et d’autre part, les ultra-nationalistes, essentiellement la droite du parti républicain, regroupés autour de Rumsfeld et de Cheney. Les premiers veulent des engagements prolongés et de nouvelles avancées bellicistes, les seconds seraient plutôt partisans d’un repli.
• Le second article, en date du 24 mars sur le site Foreign Policy In Focus, observe qu’une lettre commune vient d’être diffusée par une organisation-courroie de transmission des néo-conservateurs, le Project for a New American Century (PNAC), où des démocrates de l’ancienne administration Clinton figurent à côté de néo-conservateurs patentés. (Cette lettre demande une implication maximale des USA en Irak et au Moyen-Orient après la guerre, pour veiller à l’extension du modèle démocratique américaniste.)
Le second article de Jim Lobe élargit le champ de l’analyse en y incluant les démocrates et les libéraux bellicistes, ces milieux qui, en 1999, soutinrent l’attaque contre la Serbie, tout comme l’intervention en Bosnie ou l’intervention en Haïti. L’idée qu’on retrouve est que l’attaque contre l’Irak peut parfaitement retrouver cette logique internationaliste clintonienne, si on la poursuit par une mission à la fois humanitaire et d’interventionnisme américaniste, appuyée sur l’extension de la démocratie et du modèle américain. On retrouve alors les grandes lignes de la politique d’expansion néo-wilsonienne de l’administration Clinton, principalement dans son deuxième terme, à partir de l’accord de Dayton (automne 1995).
Cette évolution est essentielle, car elle porte des troubles fondamentaux dans la vie politique de l’administration, en conduisant à la possibilité d’une opposition des deux grands courants extrémistes qui influencent GW. Cela signifierait que les ultra-nationalistes comme Rumsfeld seraient tentés de se replier après l’Irak, de retrouver comme néo-isolationnistes, tandis que les néo-conservateurs seraient plus que jamais interventionnistes, en se tournant vers les démocrates néo-wilsoniens. Dans tous les cas, on aurait la mise en évidence que l’actuelle politique, loin d’être accidentelle, répond au contraire à une évolution logique du monde washingtonien. C’est ainsi que les Européens retrouveraient leurs interlocuteurs américains favoris, les clintoniens des années 1990, aux côtés des bellicistes néo-conservateurs, sans bouleversement politique notable.
Ci-dessous, un passage de l’article du 24 mars de Jim Lobe permettant de mieux saisir ce tournant potentiel. On notera, pour mieux comprendre ces tendances, que Jim Lobe ne manque pas de préciser combien on trouve, chez les néo-conservateurs, d’anciens démocrates et, surtout, d’anciens trotskistes.
« Wile Rumsfeld, Cheney, and Bolton are traditional right-wing Republicans, most of PNAC's backers are neoconservatives--mostly former Democrats, or even Trotskyites, who moved to the right in reaction to the anti-Vietnam War movement and the UN's denunciations of Israel in the late 1960s and 1970s. While they share the unilateralism of Republican right-wingers, they tend to be much more committed to the idea that the United States has a global mission to fulfill, and that the U.S. political and economic ''model'' should be exported to the rest of the world, by force if necessary.
» During the 1990s, for example, they excoriated right-wing Republican lawmakers who opposed Clinton's interventions in the Balkans and even in Haiti for neo-isolationism and for betraying Washington's mission to export democracy and protect vulnerable minorities. And, despite their influence within the Bush administration, they have loudly criticized it for failing to devote more resources--particularly in security and reconstruction aid--to Afghanistan after ousting the Taliban regime in late 2001.
» Those same criticisms have been voiced by Democrats in Congress who continue to complain that the administration's reliance on military power in the conduct of foreign affairs has been far too narrow. The failure to provide more economic or security support, according to this view, could result in Afghanistan returning to its previous status as a ''failed state'' in which terrorists could flourish. Within the administration, however, Cheney, Rumsfeld, and National Security Adviser Condoleezza Rice have rejected these arguments, insisting that the United States should not be in the business of ''nation-building'' or ''social work.''
» Split appears to be developing over Iraq. ''For the hard (Republican) right, this is really about getting Saddam Hussein and these weapons of mass destruction and taking out what they see as a threat to American security, and then they're really going to want to come home,'' says Charles Kupchan of the Council on Foreign Relations. ''I think Rumsfeld just doesn't want to re-make the Middle East; he probably approaches that task with revulsion.'' Liberals, on the other hand, ''might back a kind of Good Samaritan, let's-occupy-and-change-or-pacify-Islam (project),'' Kupchan says. »