Les Irakiens n’ont pas suivi les instructions

Faits et commentaires

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 753

Les Irakiens n’ont pas suivi les instructions


27 mars 2003 — La candeur est au rendez-vous, ce qui prouve que nous n’avons affaire, ni à un complot, ni à une erreur. C’est en pleine conscience que le Pentagone a pris son temps pour préparer ses forces à une guerre complètement rêvée, complètement inventée, — disons, pour sacrifier à notre obsession, une guerre qui ressort du domaine virtuel, qui devait être complètement une guerre virtualiste.

Premier point, que tout le monde savait (comme les autres points d’ailleurs)  : l’objectif est de faire chuter Saddam, c’est-à-dire la décapitation ; deuxième point : tout se passera donc à Bagdad, puisque c’est là qu’est le pouvoir qu’on veut faire tomber ; troisième point : tout le monde, — y compris les Irakiens, pardi ! — se déploiera et assurera sa part du job selon cette règle générale de la stratégie du Pentagone. Notamment, les Irakiens auraient dû comprendre qu’on attendait d’eux qu’ils se massassent à Bagdad puisque c’est là que devait avoir lieu la “mère de toutes les batailles de rue pour faire tomber Saddam”.

Un article paru hier dans l’International Herald Tribune, nous explique effectivement pourquoi les Américains ne s’étaient pas préparés aux attaques des milices («  U.S. military unprepared for militias »), ce qui explique, à son tour, les difficultés sur le terrain. Pourquoi ? Comme on l’a vu, parce que ce n’était pas programmé ni planifié par le Pentagone. Comme exemple pour susciter et alimenter les remarques que nous offrons ici, ce passage :


« Officers said that American military strategy had wrongly assumed that paramilitary forces would mostly remain in Baghdad — to fight the U.S. — and would stay underground in defensive positions in and near southern cities like Basra, An Nasiriyah and An Najaf. The U.S. military is seeking to seize those cities on the march to Baghdad. »


Tout stratège bien né devrait avoir les cheveux qui se dressent sur la tête : on a “assumé” que les milices s’enterreraient et n’attaqueraient pas, cela revient à dire : on a décidé que cela se passerait comme cela et on n’a à aucun moment envisagé qu’il pouvait en être autrement, et l’on n’a donc pas préparé les troupes pour cette occurrence. Tant d’arrogance intellectuelle est psychologiquement insoutenable (ces gens seraient déjà en traitement psychiatrique) ; c’est pourquoi nous préférons l’hypothèse du virtualisme, qui évite le traitement psychiatrique par la ruse et temporairement. Ces gens vivent, de bonne foi, dans un univers immense qui n’est pas le nôtre.

(On peut traiter tout le reste avec cette appréciation : les Irakiens qui devaient accueillir les G.I.’s en libérateurs, les tempêtes de sable qui ne devaient pas être si tempétueuses, ni aussi sableuses, etc, toutes choses décidées depuis de longs mois par le Pentagone.)

L’intérêt ( !) de cette guerre est qu’elle confronte l’univers totalement virtualiste de l’Amérique (de Washington, du Pentagone) avec le réel. Nous aurons encore bien des surprises dans la guerre en cours. Il faut s’y préparer.