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362En Irak, les Américains accélèrent à un très grand rythme l’utilisation des UAV et UCAV (véhicules aériens sans pilotes et véhicules aériens armés sans pilotes). L’Irak est aujourd’hui un lieu de prédilection pour leur emploi, ce qui n'était pas le cas à l'origine. Associated Press a recueilli des précisions chiffrées, publiées dans une dépêche du 1er janvier 2008.
En voici quelques extraits:
«The military's reliance on unmanned aircraft that can watch, hunt and sometimes kill insurgents has soared to more than 500,000 hours in the air, largely in Iraq, The Associated Press has learned.
»And new Defense Department figures obtained by The AP show that the Air Force more than doubled its monthly use of drones between January and October, forcing it to take pilots out of the air and shift them to remote flying duty to meet part of the demand.
»The dramatic increase in the development and use of drones across the armed services reflects what will be an even more aggressive effort over the next 25 years, according to the new report.
(…)
» For some Air Force pilots, that means climbing out of the cockpit and heading to places such as Nellis Air Force Base in Nevada, where they can remotely fly the Predators, one of the larger and more sophisticated unmanned aircraft.
»About 120 Air Force pilots were recently transferred to staff the drones to keep pace with demands, the Air Force said.
(…)
»Air Force officials said that Predator flights steadily increased last year, from about 2,000 hours in January to more than 4,300 hours in October. They are expected to continue to escalate when hours are calculated for November and December, because the number of combat air patrols had increased from about 14 per day to 18.
(…)
»The bulk of the unmanned flight hours belong to the Army's workhorse drone, the Raven, which weighs just four pounds and is used by smaller units, such as companies and battalions, in Iraq and Afghanistan.
»The Ravens, which soldiers fling into the air and use for surveillance, will rack up about 300,000 hours this year — double the time they were used last year, said Quackenbush.
»The Army has a total of 361 unmanned aircraft in Iraq alone — including Shadows, Hunters and Ravens. And in the first 10 months of 2007, they flew more than 300,000 hours.
»Army officials have fought to maintain control of their unmanned vehicle usage, saying their unit commanders can quickly launch the smaller systems, and respond to the immediate needs of soldiers who may be pursuing insurgents or trying to avoid roadside bombs.
»When the Raven's massive numbers are not included, UAV usage across all the military services jumped from nearly 165,000 flight hours in the 2006 fiscal year, to more than 258,000 for the fiscal year that ended Sept. 30, 2007.»
Cette augmentation considérable de l’utilisation des “avions sans pilote” en Irak accompagne le “surge” et l’amélioration des conditions de sécurité enregistrée depuis le milieu de l’année dans ce pays. On sait à quoi correspond cette amélioration (voir notre F&C du 16 novembre 2007). L’évolution de la situation en Irak du fait des Américains ressemble à une sorte d’“afghanisation” de la guerre, avec l’utilisation de l’argent, “the ultimate weapon”, la corruption de divers chefs de clans ou de chefs tribaux, comme ce fut le cas en Afghanistan, le transfert du pouvoir à des “autorités” locales, l’exacerbation des concurrences inter-ethniques, etc. L’usage d’UAV et d’UCAV, qui a été important en Afghanistan dès l’origine, semble appuyer cette tendance. (A noter que, depuis l’arrivée de l’OTAN, la situation en Afghanistan a, elle, évolué un peu dans le sens inverse avec une part beaucoup plus grande faite à des opérations conventionnelles.) L’usage d’UAV et d’UCAV correspond mieux au type d’opérations possible comme à l’implication moindre des forces US dans les opérations en cours.
La question que pose cet emploi en très forte augmentation des UAV/UCAV est celle de l’effet sur la programmation des forces US, notamment de l’USAF. Les UAV/UCAV constituent un équipement particulièrement propice à la concurrence entre l’USAF et l’U.S. Army. L’USAF, qui connaît déjà d’énormes problèmes financiers, va se trouver devant un dilemme de choix. Si elle accentue son effort sur les UAV/UCAV, elle devra déforcer ses grands programmes d’armement conventionnel, notamment les avions de combat classique (F-22 et F-35) ; si elle n’accentue pas son effort, elle risque de perdre une partie de sa prépondérance au niveau des activités aériennes, au profit de l’U.S. Army.
Mis en ligne le 4 janvier 2008 à 05H40