Les malheurs de Sophisme

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Les malheurs de Sophisme

22 janvier 2022 (06H30) – Connaissez-vous Dame Berit Jernberg ? Vous avez tort (de ne pas la connaître). Elle nous en apprend de belles, des superbes et des inattendues. Dame Berit Jernberg est “chef[fe] du département de la stratégie nationale pour la prévention et la lutte contre la violence des hommes à l’égard des femmes”, – quelque chose comme ça, selon la traduction qui nous a été rapportée, – et en Suède pour ne rien vous cacher, organisme officiel suédois, – pays où la “cause des femmes” est notablement en-marche façon-panzer, comme vous devriez le savoir. Nous évoluons dans le cadre de l’Autorité pour l’Égalité entre les Hommes et les Femmes, respectable et puissant département du gouvernement suédois, – Suède, je le répète, si notablement en avance dans ce domaine sociétal...

(Savez-vous, une fois, deux fois, plus encore ? ... Que la Suède est tout cela, alors qu’elle est plutôt maligne en fait de Covid ? Nul ne peut être sûr de rien. Poursuivons.)

Ainsi un texte, de ‘Sputnik.news’ encore des Russes, nous conte-t-il les actes fondamentaux posés par Dame Berit Jernberg. (Tout cela venu de la publication ‘Kvartal’, à laquelle elle s’est confiée comme il est dit dans le texte, où l’on voit bien la photo de cette Philaminte nordique et bien conservée par le froid, et toute aussi rigide que le froid, Dame Berit Jernberg.)

« Dans son manuel “Rien à attendre”, la “violence des hommes à l’égard des femmes” est décrite comme un terme générique qui inclut également des éléments tels que “l’exploitation du corps féminin dans la publicité, les médias et la pornographie”.

» Son interprétation est si large qu'elle inclut sans aucun doute la violence dans les relations entre lesbiennes de même sexe, où aucun homme n’est présent, ou dans des situations où les hommes sont en fait des victimes.

» “En incluant le concept de violence dans les relations proches dans le concept global de violence des hommes à l’égard des femmes, la violence dans les relations homosexuelles-lesbiennes est également prise en compte, tout comme la violence des femmes à l’égard des hommes dans les relations proches”, indique le manuel.

»  [...] Berit Jernberg, cheffe du département de la stratégie nationale pour la prévention et la lutte contre la violence des hommes à l'égard des femmes, a déclaré être satisfaite de cette formulation. “Je suis très heureuse, parce que c’est bon et extrêmement bien formulé”, a déclaré Berit Jernberg à ‘Kvartal’.

» Berit Jernberg a ajouté que c'est le gouvernement qui a décidé que la violence des femmes à l'égard des hommes devait être classée dans la violence des hommes à l'égard des femmes, et que cela est indiqué dans les sous-objectifs de la politique d'égalité des sexes.

» Dans le même temps, Mme Jernberg a admis que la violence des femmes à l'égard des hommes est un phénomène réel.

» “Tous ceux d'entre nous qui travaillent professionnellement sur ces questions sont pleinement conscients qu'il y a eu de la violence de la part des femmes envers les hommes. Mais, pour moi, et pour le reste d'entre nous, ce concept de ‘violence des hommes à l'égard des femmes’ est tout à fait vrai, car c'est le problème structurel”, a déclaré Mme Jernberg. 

» Jernberg est allé jusqu'à suggérer que les hommes exposés à la violence des femmes ont du mal à être pris au sérieux, car on s'attend par défaut à ce que la femme soit la victime. »

On sait, mais le sait-on vraiment ?, que le gouvernement suédois s’est proclamé unilatéralement et souverainement, d’un point de vue régalien dirait-on, “féministe”. Il lui faut l’égalité, c’est-à-dire, développée selon la fascination de l’idée-idéologique et selon la logique de la mécanique-morale, l’inégalité dynamique et transformationnelle aux dépens des hommes, une politique étrangère féministe qui favorise tous les pays de sexe féminin sauf la Russie et la Chine parce que c’est la Russie et la Chine, et une “pleine jouissance” des droits de l’homme accordée aux femmes et aux filles, sans doute avec une intransigeance telle et vertueuse qu’il ne reste heureusement plus rien pour les hommes.

Il s’agit de la grandeur et de la beauté grandiose de l’Égalité portée à son terme d’ébullition et à son point final ; rien de plus beau et de plus haut, instant de silence et de recueillement, tant et tant d’êtres du sexe frustrée reposant au champ d’honneur où ils trépassèrent pour la cause... Ainsi va la haute définition du principe soutenant la Suède et sa camerilla sociétale, comme grenouille féministe dans un bénitier qui l’est autant : même si le femme est l’agresseuse, elle est plus que jamais la victime

C’est donc une chose bien étrange que de soutenir un tel projet, avec tout le sérieux d’une papesse décrétant l’interdiction du mariage pour les femmes-prêtres parce que cela serait introduire le loup dans les couloirs des ministères du gouvernement suédois. Celui qui a une si miraculeusement bonne politique sanitaire, – méditez, ô lecteurs, que rien n’est jamais tout à fait mauvais, – est l’incontestable porte-drapeau multicolore des LGTBQ+ de la révolution en-marche.

« La Suède est connue pour sa promotion des droits de la femme, au point que son gouvernement social-démocrate se déclare “féministe”. L'égalité des sexes est établie comme un objectif fondamental de la politique intérieure et même étrangère de la Suède, qui prétend être le premier pays au monde à formuler et à poursuivre une politique étrangère féministe. Elle a même publié un manuel spécial pour renforcer l'action en faveur de “la pleine jouissance des droits de l'homme par toutes les femmes et les filles”. »

Il est donc dit que « Même si la femme est le partenaire violent dans une relation proche, il s’agit toujours d'une “violence des hommes à l'égard des femmes” », si nous nous comprenons comme il faut et nous comprenons bien. Alors, il y a cette bévue où je la coince, Dame Berit Jernberg, c’est de n’avoir pas prévu les “violences des hommes contre des hommes” homos-masc., car nous restons dans un domaine où des hommes sont non seulement coupables de violence mais tentent de ravir aux femmes rien de moins que la gloire d’être victimes et le manteau d’hermine de la justice victimaire.

Alors, là, absolument ! Absolument, je décrète absolument qu’il est et serait impossible qu’ils échappassent au couperet de Dame Berit Jernberg. Par conséquent, je décrète que l’on en arrive à une sorte de syllogisme que l’on nomme sophisme (d’où « Les malheurs de Sophisme », – titre enfin bien-compris, – qui montre bien qu’il est question de violence contre les femmes [on a compris, a-t-on ?, que ‘Sophisme’ est le prolongement transgenré & transgenré plusieurs fois, masc.-fémen on hésite, du prénom Sophie ?]) ; syllogisme devenu sophisme, donc, et qui, porté “à son terme d’ébullition et à son point final”, serait celui-ci (italique ajoutés et retrait pour montrer que je me cite moi-même, ce qui n’est pas cher payé) :

« Dans les violences dans toutes les “relations proches”, institutionnelles ou non, domestiques et intimes, sexuelles et profondes, les femmes sont toujours les victimes ;

» Il existe dans le même domaine des violences des femmes contre des hommes et des violences des hommes contre des hommes ;

» Donc dans les violences des femmes contre des hommes ou des hommes contre des hommes, les femmes sont toujours les victimes. »

Je m’arrête, épuisé de ces efforts à tenter d’habiller de dérision ces folies pauvres et ridicules, complètement bouffe-absurdes, qui menacent pourtant l’équilibre lui-même d’un monde entier. Le terrible sérieux, la rage froide avec lesquelles ces inquisitrice disent ce qu’elles disent, s’ils n’ôtent rien au dérisoire, nous disent bien qu’il y a là l’œuvre du Malin dont elles sont les jouets, n’étant en vérité ni sorcières ni diablesses elles-mêmes, mais tout juste Trissotin-femelle et de rencontre. Il est inutile de chercher dans la prêtresse de l’esprit ni une âme terrible, mais la puissance de ses propos qui lui sont soufflés, abjects de nullité, de vide et de rien, de néantissement enfin, est bien la marque de cette provenance qui suscite une sorte de sublime bêtise chez sa proie.

Je crois que nous sommes obligés d’en passer par là. Pour être quitte du Tout du Rien, il faut aller au fin-fond de l’abîme. Là se niche la surprise que, de l’Au-Delà, ne cesse, encore et encore, de nous répéter René Guénon :

« L’on dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s’empêcher de laisser échapper toujours quelque [bêtise], qui est comme sa signature... »