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1225L’emploi abusif par les autorités politiques et médiatiques du qualificatif « terroriste » lui a conféré une puissance magique. Or, comme c’est souvent le cas avec les concepts fourre-tout, son utilisation ne se rapporte pas à son étymologie, mais à un sens perverti par les propagandes. Ainsi, il est plus à même de provoquer une réaction ou un impact psychologique chez l’auditeur/lecteur (c’est-à-dire le propagandé).
Littéralement, « terrorisme » signifie « action provoquant chez l’Autre une peur irrépressible », donc sans commune mesure avec son impact concret. Les auteurs et commanditaires d’attentats spectaculaires recherchent le relais des media, car l’impact réel d’un attentat, même non ciblé, est bien faible par rapport à la peur engendrée. Les attentats (c’est-à-dire une entreprise criminelle selon la loi) deviennent terroristes, uniquement lorsque cette pratique est quasiment quotidienne et peu relayée. Le danger est alors plus réel que fantasmé. Mais cette situation est rare, surtout dans des sociétés spectacles, où les pouvoirs utilisent la peur comme facteur de légitimation.
Pour traiter de l’actuelle campagne de bourrage de crâne, on s’aperçoit que l’attaque de Charlie Hebdo est ciblée, donc sans but terroriste affiché. Par contre, celle de l’Hyper Cacher avait pour objectif de terroriser une population : les clients de kascher. Oubliant que ceux-ci peuvent être de toute confession (y compris musulmane, car la viande kascher est considérée comme hallal). Cet attentat semble même être le fruit du terrorisme médiatique, car le balbutiement d’un serment d’allégeance rétroactif vis-à-vis de la créature médiatique qu’est l’État islamique suivait les croyances du jour, alors que ce groupe est ennemi de l’AQAP dont se sont réclamés les auteurs du premier attentat. On est en droit de penser que cet individu croyait au chaos annoncé dans la presse et a agi pour l’étendre, suivant son psyché perverti…
Comme dans toute campagne de propagande, des mythes collectifs (ou concepts acceptés par une population, utilisés sans égard pour leur substance) ont été employés à foison, dont le fameux : « liberté d’expression ». Cette dernière est ancrée dans notre culture, malgré sa toute relativité en France, suite à ces nombreuses restrictions. D’où le grand écart entre le concept et son application. En revanche, bien qu’elle ne fasse pas partie de la mythologie des takfiri, son emploi dans un but propagandiste visant un public occidental laisse songeur... Selon un article de the Intercept , l’attaque de Charlie Hebdo serait une réponse à l’atteinte à la liberté d’expression faite par l’assassinat de al-Awlaki, le rédacteur en chef d’Inspire (surnommé Al-Qaeda magazine par la presse anglo-saxonne) par un drone US !
L’appellation « terroriste », employée par ces derniers pour désigner les attaques otaniennes, est réfutable car au vu des moyens à disposition de leurs ennemis, cette peur est rationnelle. On peut faire des remarques similaires, lorsque ce terme est retourné contre l’État pour sa répression, voire pour son oppression selon les milieux anarchisants ! Quant au qualificatif « État terroriste » dont un pays parfois oppresseur affuble un autre pays, il s’inscrit dans un rapport de force qui n’a peu de lien avec la crainte. Ce n’est pas l’irrationalité d’une politique étrangère, mais la redondance de reportages traitant d’une hypothétique menace qui crée cette peur.
En résumé, on peut considérer que les mass media sont les véritables « terroristes », par l’irrationalité créée dans le traitement de l’information. Le publicitaire de la terreur l’a créé à grande échelle, tandis que son complice criminel en est incapable !
Ismaël Malamati
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