Les menaces contre l’Iran : un formidable aveu de faiblesse

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Considérée objectivement, la situation de la confrontation entre les USA et l’Iran est extrêmement favorable à l’Iran… C’est in fine l’opinion de Fred Hill, du Baltimore Sun, qui vient de se retirer du département d’Etat. Son article au titre significatif — «How Tehran got the upper hand» — est publié dans l’International Herald Tribune de ce jour.

Hill décrit l’étrange aventure des occasions sans nombre perdues par l’administration GW Bush, qui savait dès l’origine que l’Iran était son principal concurrent pour l’hégémonie du Moyen-Orient. En gardant la réduction de ce rôle de l’Iran pour objectif seulement final, l’administration GW n’a cessé d’agir d’une façon telle que tous les effets de son action ont contribué à renforcer la position de l’Iran. Ironie, et même “ironie des ironies”, écrit Hill…

«The Bush/Cheney build-up against Iran is taking shape. The terrible irony is that there are much more persuasive grounds for a full- scale confrontation, if not necessarily full- fledged war, with Iran than there were against Saddam Hussein's regime in Iraq. And irony of ironies: the ability of the United States to lead a serious campaign against Iran's newly emboldened regime has been undermined significantly by the Bush administration's own failings and lack of strategic vision.

»Briefly, five critical mistakes by the White House placed political and ideological aims ahead of the national interest, and left the United States in a weaker position to deal with Iran's growing assertiveness and lack of respect for U.S. power.»

Suit la litanie des erreurs de l’administration GW, un catalogue, un florilège, un manuel d’instruction pour le parfait échec d’une grande politique internationale. Aujourd’hui, les USA sont embourbés face à l’Iran dans une stratégie mêlant la dialectique agressive et mensongère et une politique de provocation dénoncée de façon presque ouverte un peu partout, pour espérer aboutir au privilège de pouvoir attaquer l’Iran, — et se retrouver, éventuellement, dans une situation pire que l’Irak ? «Gary Sick, a leading American expert, recently noted: “From Iran's perspective, (the U.S. war in Iraq) is a gift of unparalleled proportions.”»

Dans tous les cas, il est hors de question de parler avec l’Iran, disent les Américains avec hauteur. Hauteur? Voire.

«Robert Gates, the new Secretary of Defense, was candid enough to admit that the U.S. would be “the supplicant” if U.S.-Iran discussions were held now. What a result for the Bush/Cheney team as leaders of the sole superpower in the world!»

Pourtant, note encore Hill, insinuant que, de toutes les façons, rien d’autre n’est en vérité possible, — pourtant, il faudrait bien finir par parler avec les Iraniens, parce qu’il ne reste plus rien à perdre…

«Not having exhausted diplomatic and economic means to deal with Iraq before invading in 2003, it is hard to believe that Bush and Cheney would resort to force without exploring all nonmilitary options.

»“What do you have to lose?” former Congressman Lee Hamilton asked recently. “Can the situation get any worse? Are we so fearful that by sitting down with Iran and Syria we will give away the store? That shows a total lack of confidence in our diplomatic ability.”»

Cet article intéressant reflète l’opinion d’une part très importante de la communauté des experts à Washington. Est-ce bien suffisant ? Face à ces évidences de raison, l’argument principal n’est-il pas que la raison n’a plus sa place à la Maison-Blanche ? C’est dans de tels termes qu’il nous faut raisonner aujourd’hui. Il nous faut analyser avec le plus de raison possible une situation caractérisée par l’absence de raison.


Mis en ligne le 3 février 2007 à 16H21