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53774 septembre 2020 – Le bien-connu ‘b’ de MoonofAlabama (MoA) commença son texte du 2 septembre (3 septembre 2020 sur le Sakerfrancophone) par cette exclamation suivie de quelques considérations à la volée toutes marquées du sceau de la dérision stupéfaite et de l’ironie fatiguée :
« Waouh ! a été ma première réaction quand j’ai lu ceci. Ils n’auraient pas pu inventer une histoire plus crédible ?
» “Le gouvernement allemand affirme que les tests effectués sur des échantillons prélevés sur le dirigeant de l'opposition russe, Alexei Navalny, ont montré la présence de l'agent neurotoxique de l'ère soviétique, le Novichok. [...]
» “Le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, a déclaré mercredi que les tests effectués par un laboratoire militaire allemand spécial avaient montré la présence d'un ‘agent chimique neurotoxique du groupe Novichok’.
» “Le Novichok, un agent neurotoxique de l'ère soviétique, a été utilisé pour empoisonner un ancien espion russe, Sergei Skripal, et sa fille en Grande-Bretagne. Il s'agit d'un inhibiteur de la cholinestérase, qui fait partie de la classe de substances que les médecins de l’hôpital de la Charité ont initialement identifiées sur Navalny.”
» C’est marrant comme le Novichok, “le plus mortel” des poisons, de “nature militaire”, ne tue jamais personne.
» Au fait, où sont les Skripals ? Navalny va-t-il maintenant disparaître, comme eux ?
» D’autres questions pourraient être posées – mais personne n’y répondra... »
Il est vrai qu’on reste, – c’est mon cas je l’avoue avec une certaine lassitude presque languissante, – quelque peu stupéfait devant la suite ininterrompue de montages réalisés par les principaux SR occidentaux (CIA, MI6, BND allemand) et leurs relais des ONG manipulatrices et des “oppositions” sur place, pour impliquer la Russie et entretenir l’excellente mauvaise réputation de Poutine. Ce qui caractérise ces interventions est l’espèce d’indifférence, d’abord pour les ‘éventuelles preuves’ qui semblent devoir éternellement rester ‘éventuelles’, ensuite pour la logique et l’intérêt pour la Russie des faits qui lui sont incriminés, cela rendant les narrative concoctées pour accompagner les forfaits-qui-n’ont-pas-besoin-d’être-prouvés largement abracadabrantesques pour les esprits exerçant un peu de leur bon sens.
(Quel intérêt pour les Russes d’abattre le vol MH-17 au-dessus de l’Ukraine en juillet 2014 ? Que vaut le Russiagate après trois ans d’enquête fort coûteuse débouchant sur une complète absence de preuve ? Et les Skripal presque-assassinés par le même insaisissable poison dit-Novichock, pour quoi, pour qui et pourtant ? Même chose pour les montages anti-Assad en Syrie, et notamment les ‘attaques chimiques’ grossièrement agencées avec l’aide des ‘Casques Blancs’, remarquables ‘créateurs d’événements’ selon les canons du marketing.)
Il devient difficile, à chaque fois que surgit un tel événement, de s’atteler à en parler sérieusement, tant la mécanique du montage, archi-connue, apparaît à ciel ouvert. Il est encore plus difficile d’en faire le commentaire, d’autant qu’existe non pas un complot, non pas une offensive, mais une mécanique quasiment autonome et si monotone, et sous nos yeux parfaitement identifiable, et que rien n’arrête dans sa route de bulldozer, et elle-même complètement indifférente à toute appréciation critique, pour débiter encore et encore la même narrative dispensée en aveugle, sans même goûter le sel de la moquerie de la vérité qu’elle prétend contenir ; tous, justiciers-zombie à la morne moraline, menteurs comme des arracheurs de prothèses dentaires, doublement simulacres par conséquent avec leur indignation fabriquée en matière bling-bling.
Cette ‘mécanique’, celle qu’est la presseSystème, ou mainstream outre-Atlantique, fonctionne à cet égard effectivement comme une entité absolument fiable et superbement apprêtée, démarrant au quart de tour, sans demander son reste ni se préoccuper des restes. Pour elle, pour la presseSystème et ses bataillons obéissants, la culpabilité russe est l’existence qui précède l’essence, et au-delà, pour le prochain ‘crime d’État’ de Poutine & Cie, l’essence qui précède l’existence. La culpabilité russe existe avant même que ne soit connu et encore moins commis le crime, tout comme est déjà écrit le communiqué de dénonciation du bloc-BAO.
Tout juste mais tout de même, pourra-t-on noter qu’il existe cette fois un peu moins de place faite à la dernière monstruosité poutinesque, cette narrative Navalny-Novichok, dans le cours de la communicationSystème, essentiellement pour cause de crises diverses en cours qui doivent être régulièrement alimentées et mises en scène avec une durabilité sans faille, et qui prennent leurs aises dans la susdite communication. (Je veux parler des stars de la GCES : Covid19 et dépression à suivre, Grande Émeute2020, etc.) Au reste, cette place déjà-prise qui empêche de faire la mise en scène qu’elle mériterait à la narrative Navalny-Novichok est prise par certains éléments engendrant eux-mêmes des narrative, sorte de sous-crises ou narrative collatérales, qui présentent certainement de l’intérêt pour les chercheurs du domaine, pour ceux de ces chercheurs qu’on devrait appeler pour plus tard, et habiller du néologisme charmeur de narrativologues (spécialistes de l’examen historique, du classement et du rangement archivés des narrative)
Ainsi, ‘b’, de MoA, expose-t-il parallèlement aux secousses convenues de la crise Navalny-Novichok l’habileté des voies et moyens du DHS (ministère US chargé de la surveillance et de la sécurité intérieure) pour d’ores et déjà avoir déterminé que les Russes interfèrent sûrement et interfèreront évidemment dans les élections présidentielles USA2020 (« Les médias russes et d’autres groupes “amplifient” intentionnellement les inquiétudes autour du vote par correspondance afin de saper les élections américaines de 2020, a révélé un rapport publié jeudi par le Département de la sécurité intérieure »).
Et ‘b’ de se demander : « Ces gens du DHS se regardent-ils parfois dans le miroir ? » ;
pour aussitôt s’exclamer, plus loin, après une revue de détails des scénarios de crises à venir dont on découvrira, sans aucun doute et avec horreur, plus tard mais assez rapidement et sans hésiter, la part prise par le Kremlin sans vergogne : « Il est étonnant de voir comment tout cela [les montages, les bidouillages du bloc-BAO] se déroule en pleine lumière. »
En vérité, et j’en viens à une hypothèse d’apaisement ou presque, il est possible que le temps de la diabolisation intensive de la Russie, qui connut sa pleine activité au long des années 2012 (Syrie), 2014 (Ukraine), 2016 (Russiagate), etc., que ce temps soit désormais compté depuis que nous sommes entrés dans l’année 2020 et sa GCES. La crise totale que connaît le bloc-BAO tend effectivement à devenir totalitaire et à accaparer l’essentiel du temps dont dispose la communication-narrativiste du Système. Enfin, disons que l’une des rares originalités de Navalny-Novichok est que l’affaire a été complètement lancée au niveau de la publicité par les Allemands, Merkel en tête. (Cela donne au général Delawarde l’occasion de rappeler, dans sa correspondance, que les Allemands du post-Guerre froide ont un palmarès éblouissant pour ce qui concerne les coups fourrés et les narrative de leurs ‘services’, en l’occurrence le BND, et notamment durant les crises de l’ex-Yougoslavie. Il est vrai que, selon mon souvenir, les Allemands se sont distingués.)
Selon le point de vue, Navalny n’est pas un mauvais type ni nécessairement un homme absolument stipendié. Je ne me plains pas nécessairement de ses entourloupettes, ni ne l’accable lui qui est après tout victime de si affreuses circonstances. Ce qui est très difficilement supportable et l’objet de mon ire, c’est le poids qui s’écrase sur l’observateur dès qu’apparaît une de ces narrative avec ses incroyables gros sabots.
On sait depuis longtemps, depuis les trouvailles fameuses de la CIA ridiculisant le secrétaire d’État Powell devant l’ONU en 2003, que les officiers des ‘services’ ont véritablement adopté les godillots des Dupont-Dupond lorsqu’il s’agit de fabriquer des bidouilleries faussaires. Mais on ne s’habitue pas à cet amateurisme crétin, d’autant que l’amateur l’est de plus en plus, et qu’il semble laisser libre cours à sa crétinerie depuis qu’il porte un masque, comme si le masque Covid19 le protégeait d’avoir si complètement l’air du crétin cosmique qu’il est.
J’ignore ce qu’il faut penser de la très faible réaction des Russes, ou de leur absence de réaction. Faut-il y voir, comme Karine Bechet-Golovko, une très grande faiblesse de la direction russe, et donc de Poutine qui serait obligé de faire des concessions aux libéraux-occidentalistes de Moscou (« Sauf à tomber dans la propagande primaire, il est difficile de ne pas voir que la stratégie mise en œuvre par les groupes néolibéraux, devenus dominants dans la politique russe, fragilisent le pays et ouvrent la voie à des attaques de plus en plus frontales. Mais ce ne sont pas eux qui sont aptes à mener le combat »).
Ou bien, est-ce la lassitude, comme on en fait régulièrement l’hypothèse ? En septembre 2017, lors du sommet des BRICS, Poutine se lamentait sur le « bas niveau culturel » des dirigeants des USA. « Il est difficile de dialoguer avec des gens pareils. On n’arrive à rien du tout... Il est ridicule de nous mettre sur la même liste des sanctions que la Corée du Nord et ensuite de nous demander notre aide pour imposer des sanctions à la Corée du Nord. » Il ne s’est rien passé depuis pour dissiper son humeur morose et son complet découragement.
Grosse fatigue des narrativologues...