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489Le ministre des affaires étrangères polonais Sikorski avait rapporté de bons échos de sa visite aux USA le 31 janvier. Il avait expliqsué qu’il avait trouvé de la compréhension chez ses interlocuteurs washingtoniens, pour un ensemble d’aide US à la Pologne dans le domaine de la défense, pouvant (“devant”, pour les Poplonais) accompagner un accord entre les deux pays sur l’installation d’une base BMDE (défense antimissile US en Europe). Sikorski voyait dans les résultats de sa visite «un accord de principe», tout en précisant avec prudence que les négociations seraient longues.
Le fait est qu’outre d’être longues, ces négciations semblent bien mal débuter. Selon le journal quotidien de Varsovie Gazeta Wyborcza, les négociations sont au point mort et la réunion bilatérale USA-Pologne qui devait avoir lieu hier a été annulée par la partie polonaise. Aucune autre rencontre n’est prévue avant la visite du Premier ministre Tusk aux USA le 10 mars. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères n’a pas voulu faire de commentaire sur l’article de Gazeta Wyborcza, dont il n’a certainement pas démenti les termes.
Que dit Gazeta Wyborcza? «Le gouvernement est déçu par des propositions américaines des dernières semaines», écrit-il en se référant à des sources anonymes du gouvernement. Pour qualifier et résumer les propositions US, le journal écrit que «ces propositions sont arrogantes» et traitent la Pologne comme un pays de seconde zone. Le titre de l’article, repris en première page, en restitue la tonalité, volontairement dramatique: «Le bouclier existera-t-il?»
La position des Polonais est qu’un agrément de leur part signifierait une aide réelle apportée aux USA, puisque ces mêmes Polonais considèrent qu’il n’existe pas de menace iranienne contre eux. Cette aide doit donc recevoir une rétribution significative. Ils veulent un accord de sécurité bilatéral avec les USA, une aide militaire «de longue haleine» de $20 milliards, des systèèmes de défense antiaériens Patriot 3 et THAAD pour protéger le pays de possible représailles contre la base BMDE lorsque celle-ci sera installée. La durée que devrait couvrir la considérable aide militaire que demande la Pologne pourrait être comprise entre 10 et 20 ans.
Il semble que Polonais et Américains soient à des années-lumière, entre les exigences des premiers et les propositions des seconds. Les deux partis conduisent ces étranges négociations en s’appuyant principalement sur leurs arrière-pensées. Il est probable que les Polonais ont considérablement haussé leurs exigences pour tenir une position de négociation à long terme, au moins pour attendre la prochaine administration US et apprécier son orientatiion sur cette question des antimissiles en Europe. (On sait que les démocrates y sont plutôt défavorables.) La tactique US qui est celle du Pentagone est, comme d’habitude grossière, massive et à courte vue. Le Pentagone, relayé par le département d’Etat, a acquiescé sur le principe d’une aide militaire qu’il a décrit comme substantielle, voire massive. Il l’accompagne de pressions diverses pour accélérer un accord de principe sur la base, qu’il juge comme devant verrouiller, et l’engagement polonais, et le programme US en Europe menacé par les démocrates. Lorsqu’on arrive au concret, les Polonais semblent effarés de la pauvreté du contenu des propositions US. Le Pentagone traite la Pologne comme il a l’habitude de faire dans cette sorte d'affaire: un Etat-vassal de seconde ou troisième catégorie, qui ne nécessite pas qu’on prenne des gants respectueux comme on fait avec Israël et qui doit se sentir justement rétribué pour l'essentiel par le seul fait que les USA acceptent de coopérer avec lui.
Mis en ligne le 23 février 2008 à 06H41