Les pensées secrètes (à peine) de la Chine

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Lors d’un “petit déjeuner” parisien, quelques réflexions ont été échangées entre quelques délégués des institutions européennes et diverses personnalités de type “décideur” français, et des experts français du domaine, sur les véritables conceptions et motifs de la Chine, à la lumière de la crise nord-coréenne. Il s’agissait essentiellement de recueillir les analyses des experts, dans un contexte de confidentialité, qu’une source bien intentionnée nous a permis de transgresser.

Nous allons donner ci-dessous les points principaux de ces conversations.

@PAYANT Le premier point est une confirmation du rôle central et fondamental de la Chine, non seulement dans la crise, mais plus encore tel qu’il se révéler à l’occasion de cette crise. (Cela confirme ce que nous observons par ailleurs, ce 26 novembre 2010.) Parallèlement aux USA, comme nous le signalons, la Corée du Sud elle-même estime que «la clef du conflit est à Pékin».

Pour ces experts, la position générale de la Chine prend fortement en compte l’attitude des Occidentaux, sur la durée, dans cette affaire nord-coréenne, et ne s’en tient sûrement pas aux faits apparents. Ainsi est-il dit que «les critiques chinoises contre la Corée du Sud, faites du bout des lèvres, portent en réalité une forte implication de critique contre les Occidentaux, qui sont jugés responsables de la dégradation de la situation entre les deux Corées, et sur l’isoilement et le durcissement de la Corée du Nord ces quinze dernières années…» Même sur la question de la prolifération nucléaire, estime-t-on encore, les Chinois ont une position très spécifique ; ils ne sont pas vraiment adversaire de cette prolifération, comme sont les Occidentaux et comme les Occidentaux eux-mêmes tendraient souvent à croire de la part de la Chine, parce que «la prolifération rétablit certaines situations trop influencées par la politique et l’hypocrisie occidentales, et installe le désordre chez les Occidentaux». De toutes les façons, la prolifération, tout comme la crise nord-coréenne, sont considérées par les Chinois comme des «leçons bienvenues pour les Occidentaux».

D’une façon plus générale, les conceptions de la Chine peuvent être résumées en quelques points.

• Selon les Chinois, il y a une “européanisation des USA”, c’est-à-dire une réduction accélérée de la puissance et de l’influence politique des USA, à l’image de l’influence et de la puissance politiques réduites de l’Europe en tant que telle, – opinion des Chinois, également, sur l’extrême faiblesse et l’importance négligeable de la “politique européenne” en tant que telle. Les Chinois attendent donc avec patience la poursuite de l’effondrement de l’administration Obama, et de la réduction d’influence des USA qui va avec. Ils n’accordent plus une très grande importance aux conceptions américanistes, ni à la politique US.

• Les Chinois accepteraient ce qu’ils nommeraient une “finlandisation du Japon”, c’est-à-dire le statut de sécurité du Japon réduit à son accord de sécurité avec les USA, et rien de plus, et notamment rien de plus en faveur des USA. Il semblerait même que, d’une certaine façon, cette situation les arrangerait, en impliquant effectivement cette neutralisation du Japon contenue dans le terme “finlandisation”.

• Le désir des Chinois au niveau commercial et monétaire serait un retour à une situation pré-Bretton Woods (1944), qui marqua l’installation de la prépondérance du dollar et du système de conception américaniste, basé sur les valeurs américanistes. Notamment, les Chinois sont des adversaires farouches et intraitables de toute ingérence, de toute référence à des principes moraux dépassant la dimension nationale.

Nos appréciations de ces données confiées confidentiellement à un auditoire très restreint, hors de toute contrainte “diplomatique”, sont de nous conforter absolument dans l’orientation chinoise, qui va provoquer des effets grandissants en raison de l’importance et du poids de cette puissance, surtout relativement au déclin accéléré de la puissance US. La Chine a une vision générale très éloignée du système occidentaliste-américaniste tel qu’il fonctionne actuellement, et très proches des formes et des conceptions de la politique gaullienne originale, – dont on voit bien que cette politique n’est nullement liée à une nation spécifique mais à des principes fondamentaux, quoi sont ceux qu’épouse la Chine. Nous pouvons donc ici renouveler, en l’accentuant encore, la prévision selon laquelle la Chine sacrée “superpuissance” par des puissances occidentalistes-américanistes épuisées, avec le secret espoir que la Chine poursuivra pour leur compte la formule occidentaliste-américaniste qui a si brillamment démontré sa complète nullité catastrophique, tiendra son nouveau rôle comme “le dragon dans la bergerie” (voir le 15 novembre 2010), c’est-à-dire complètement contre l’attente occidentalo-américaniste. Le “vous aurez des surprises” mentionné par un intervenant chinois dans une récente conférence, à propos de la politique chinois, dans le texte référencé ci-dessus, est complètement justifié.


Mis en ligne le 27 novembre 2010 à 04H57