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1111On connaît le sénateur républicain du Nebraska Chuck Hagel. Personnalité de qualité, modéré, qui ne craint pas d’avoir la dent dure vis-à-vis de l’administration Bush, anti-guerre sans timidité. Le discours de Hagel devant le Center for American Progress, le 8 mai (video disponible), est considéré comme important. Hagel, se posant en “sage” de la politique US, fait ses recommandations pour le futur président. (Certains songeront que cela pourrait aussi bien être le discours d’un futur secrétaire d’Etat d’un futur président Obama...)
Un texte du Center for American Progress du 9 mai donne quelques extraits marquants du discours de Hagel.
«“The world does not want an America that imposes, that dictates, that lectures, that preaches, that invades, nor occupies. I think the world does want a clear-thinking America that will lead with a consensus of purpose. That’s what we’ve done most of the time since World War II … and we can do that again,” Senator Chuck Hagel (R-NE) told a packed crowd at the Center for American Progress this morning. Hagel, who will retire from the Senate next year at the end of his second term, discussed his new book, America: Our Next Chapter, and the tough choices that America will have to make in the coming years as it defines and redefines its place in the world.
»“Reintroducing America to the world will be as important as any one thing this next president has to do,” Hagel asserted. In order to do this, he said, “we need to reverse the optics,” concentrating less on how we see the world, and more on how the world sees us.
»Hagel described the current moment as “one of the most transformational times in the history of man,” citing the fall of the Berlin Wall and the attacks of September 11 as two events that have redefined the way we see the world. The great challenges that we face today such as energy, security, and the economy, are interconnected, Hagel argued, adding that “each year we become more dependent; we’re dependent on the world.” The United States must therefore begin to address these issues by “developing a consensus of governance of this country, in the world.”
»Hagel called on the United States to renew international institutions and diplomacy, returning to a model built after World War II, when “we defined our relationships not by our differences, but by our common interests.” The United Nations, in particular, Hagel said, “will be more relevant today, in the next 25 years, than it has ever been,” because it is the one full “world institution where people can bring issues.”»
Le discours de Hagel est un “classique” d’une politique extérieure modérée US, comme on en a vu des exemples durant certaines périodes de la Guerre froide. Hagel présente un programme optimiste, qui implique la capacité des USA de se relever de la plus catastrophique période politique de son histoire, – à la condition que les USA adoptent une attitude fondamentalement différente, ouverte sur la coopération, la concertation, l’abandon de l’attitude arrogante et suprématiste qui a caractérisé jusqu’ici leur politique. Pourtant, il ne dissimule pas une certaine inquiétude lorsqu’il fixe l’importance de cette ambition de “réintroduire” l’Amérique dans le concert mondial, lorsqu’il en fait la première priorité du futur président et qu’il évoque la situation qui se créerait si cette démarche n’était pas faite ou ne réussissait pas: «[R]eintroducing America to the world will be as important as any one thing this next President has to do, because if we lose the next generation of the world, the problems will then be so immense that we will never be able to get out from under them.»
Le discours de Hagel a le mérite de bien situer l’enjeu, d’en mesurer l’importance et les perspectives. Sur ces points, on ne peut être que d’accord avec lui, jusqu’à toutes les implications: s’ils veulent sauver ce qu’il leur reste de puissance, les USA doivent impérativement “se réintroduire” dans le concert mondial... La seule réserve qu’on fera, et elle est de taille, est de savoir si les USA furent jamais dans le concert mondial, s’ils furent jamais “dans le monde”, s’ils furent jamais capables de l’être. Hagel l’affirme mais on peut raisonnablement avoir certains doutes. La politique modérée et réussie que Hagel rappelle et qu’il voudrait voir à nouveau appliquée («That’s what we’ve done most of the time since World War II … and we can do that again») représente une politique où les USA dominaient le monde d’une façon écrasante; mais alors ils avaient décidé d’exercer cette domination d’une façon moins brutale, aidés en cela par une situation générale où leur domination était acceptée plus aisément parce qu’elle avait une sorte de caractère objectif dans le camp du “monde libre”, où les USA étaient naturellement (à cause du problème de la subversion communiste) à la tête de tous ces pays qu’ils dominaient. Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui, où les USA sont perçus comme brutaux, agressifs, parfois insupportables, et avec leur puissance en déclin accélérée. La formule du docteur Hagel, c’est la raison même; il n’est pas sûr que la raison suffise, dans un système si complètement décadent, où le pouvoir est si complètement victime de tous les tares des puissances en déclin par ses concurrences internes, son éclatement, la force déstructurante des intérêts particuliers. Enfin, il y a le problème essentiel de savoir si les USA sont capables de comprendre le monde, de comprendre tout ce qui est extérieur à eux, ce qui est la condition sine qua non de la formule Hagel. On se permettra de douter grandement qure cela soit le cas.
Mis en lmigne le 10 mai 2008 à 12H52
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