Les pressions US augmentent pour des engagements alliés dans le JSF

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La question du financement du programme JSF apparaît de plus en plus cruciale, avec la confirmation que les coopérants internationaux du programme sont appelés à y participer. Mais “participer” sous quelle forme? Amy Butler, de Aerospace Daily & Defense Report, signale le 24 août, qu’une réunion est prévue le mois prochain , à l’initiative de Lockheed Martin (LM) avec les coopérants internationaux. Le rapport qui est fait des intentions de LM est assez vague, ou obscur, et ce n’est pas un hasard. Cela reflète sans aucun doute la nécessité où se trouve LM de ne pas effrayer les coopérants (en leur demandant de l’argent), — alors qu’il apparaît par ailleurs que cet argent est extrêmement nécessaire.

• Le but de la réunion semble être : «[to] explore the particulars of a collective international buy», — ce qui signifierait : payer (par avance et plus vite que prévu, alors que le programme n’est garanti en rien, ni en délai ni en coût)? Mais aussitôt après, la précision de cette première déclaration d’intention est beaucoup moins… précise, — où l’on voit qu’il s’agirait seulement de demander des engagements précis de commandes parcellaires pour mieux “structurer” (?) la production:

«Through that effort, called Lightning Strike, Lockheed Martin hopes to secure commitments for 100 aircraft through 2011 and an additional 1,300 (including 800 for the U.S. and another 500 from partner nations) thereafter.

»The goal is to solidify quantities needed by partner nations to stabilize production early in the program. Crowley says participating nations needn't sign formal orders, but simply collaborate on how many airframes of which type — conventional takeoff and landing; short takeoff and landing or carrier variant — and agree to stabilize the topline projections.»

• Les expressions «to secure commitments», « to solidify quantities needed» et «participating nations needn't sign formal orders» sont particulièrement vagues, en regard des effets recherchés (« to stabilize production early in the program» et « to stabilize the topline projections»). Ces dernières indications offrent le constat implicite que le programme n’est plus sous le contrôle de LM.

• Cette perte de contrôle se marque notamment par l’absence de réserves financières, pour le plus urgent. Des détails budgétaires donnés dans l’article et d’autres indications extérieures montrent que des $9 milliards (sur 24) restants consacrés en principe au développement, les pratiques de sécurité du financement voudraient que LM disposât d’une caisse de réserve de financement de $900 millions et qu’il manquerait $600 milions à cette caisse. Cela signifie la possibilité que des décisions brutales soient prises par le Pentagone devant ce manque d’argent, et il s’avère que l’on envisage d’interrompre la production de deux avions de démonstration. Des décisions devraient être prises puisque le Pentagone est en train de passer en revue le programme. Plus que jamais, la question du prix de l’avion est en cause et des remarques de Butler indiquent que ce prix est précisément l’un des éléments principaux dont LM a perdu le contrôle : «Program officials hope this strategy will allow them to stabilize the per-unit cost of the stealthy strike aircraft. Addressing cost is a key issue as the Pentagon…»

Le commentaire que l’on peut proposer de ce rapport particulièrement ambiguë, à l’image de la présentation de la situation par LM, est le suivant. LM et désespérément à la recherche de fonds supplémentares que le Pentagone ne veut ou ne peut fournir. Il s’adresse aux coopérateurs mais en affirmant qu’il ne leur demandera que des engagements de commande, sans préciser si ces engagements devront être concrétisés par le versement d’argent; tout cela est dit sous une forme rassurante qui laisserait entendre que ce ne serait pas le cas. Cette précision implicite et volontairement… imprécise répond sans aucun doute à des réaction défavorables des partenaires pour une participation qui se résumerait à des versements anticipées de commandes d’un programme dont on sait de moins en moins où il va mener, notamment quant aux prix de l’avion. Mais comme c’est d’argent qu’a besoin LM pour tenter de reprendre en main, comment ne pourrait-il être question d’argent à un moment ou l’autre? (Et plutôt rapidement, vu l’urgence de la situation.)

La stratégie de LM est claire: forcer les pays coopérants à un engagement formel. Cela permettrait de leur dire ensuite: vous êtes engagés dans un programme qui va mal, vous ne pouvez refuser d’y partciper d’un point de vue financier puisque ce serait aller contre os intérêts. Piège classique en l’occurrence, c'est-à-dire installation de conditions qui permettent ensuite de développer une logique de chantage. Dans tous les cas, un signe de plus de l’état extrêmement inquiétant du programme JSF.


Mis en ligne le 26 août 2007 à 07H08